31/05/2021

La dernière minute


Vanessa Bell - The last minutes posters, 1935 

Huile sur toile
 

30/05/2021

Le greffe : humour (de film) noir (et un peu de disney-punk)


Alexander Mackendrick - Sweet smell of success, 1957

Tony Curtis dans le rôle de Sidney Falco (qui ne se doute pas encore que c'est lui qui sera dans le sac)

 

 

 
 

automatic 253 - Cat's In The Bag (And The Bag's In The River) 
de l'album I'm Just Happy to Be Here , 2015
 
 
 

29/05/2021

L'art de la fenêtre : Wyspiański


Stanisław Wyspiański -  Dziewczynka za oknem / La jeune fille à la fenêtre

Lithographie couleurs
 

28/05/2021

Kollwitz/Soyer


Raphael Soyer - Autoportrait, 1933
Eau-forte 
 
 
 
Käthe Kollwitz - Weiblicher Rückenakt auf grünem Tuch / Femme vue de dos sur un tissu vert, 1903 
Crayon et lithographie
 


 

27/05/2021

Alphabet : R


Paul Nash - View R, 1940

Rugby Art Gallery and Museum
 

26/05/2021

L'art de la rue : au Gréco


René Rimbert - Paysage au Gréco (Opus 221), 1967

 

Ou encore, au Vermeer.
 

25/05/2021

L'art de la fenêtre : cœur de touriste


Jesper Christiansen - Udsigt fra Rue de la Bucherie 37 over Dalkey / Vue sur Dalkey, depuis le 37 rue de la Bûcherie, 2012 

Acrylique et gesso sur toile

 

Jesper Christiansen est danois.  Dalkey est un petit port irlandais au sud de Dublin, plus connu pour la hype que pour le poisson. Et le 37 rue de la Bûcherie, comme chacun sait, c'est là. Ok, c'est pour les touristes, mais j'aime bien l'idée, là. 

Je dois avoir un cœur de touriste. Quelque part. .

 

24/05/2021

Panthères aux Oscars


Shaka King - Judas and the black Messiah, 2020

 

On peut certes avoir une distance critique quant à la bonne couche de mélo et aux quelques erreurs historiques (1) dont Shaka King a assaisonné son biopic sur Fred Hampton, le leader charismatique du chapter chicagoan des Black Panthers. On peut penser que le verticalisme partidaire et le militarisme mimétique n'étaient pas les meilleures stratégies quand on s'affrontait à J. Edgar Hoover - et ses troupes, à Richard Daley - et ses électeurs. Il n'en reste pas moins que c'est une date, de voir décerner deux Academy Awards (2) à un film à la mémoire du BPP.

Vous ne le verrez pas sur des écrans français, il faudra aller payer la dîme aux plateformes de streaming. Et quand vous lisez les critiques de cinéma français traitant ce film de "manichéen" rappelez-vous qu'ils eurent la même réaction quand La Bataille d'Alger reçut le Lion d'Or au festival de Venise, et que le film attendit trente-sept ans avant de passer à la télévision de notre cher et vieux pays.

Fred Hampton fut assassiné le 4 décembre 1969 dans son sommeil, de deux balles dans la tête à bout portant, lors d'un raid du FBI contre l'appartement où il vivait. Il était à la veille d'être emprisonné pour une peine de cinq ans. Son crime était d'avoir volé pour 71$ de crèmes glacées pour les distribuer à des enfants.

Et les deux points forts du film sont des rappels historiques, la description exacte de cet assassinat et l'évocation des efforts de Hampton pour former la Rainbow Coalition, une union des forces politiques et clans divers de Chicago, Black Panthers, Young Lords hispaniques et Young Patriots (pauvres blancs).

 

 

Et, à propos de panthères, déjà.


(1) Pour des détails, lire la critique du film par Louis Proyect (en anglais).

(2) Pour la chanson de H.E.R. (Fight for you) et pour Daniel Kaluuya, meilleur acteur dans un second rôle.

23/05/2021

L'art de la rue : Guttuso


Renato Guttuso - Passagio pedonale / Passage piéton, 1957

Huile et technique mixte sur papier

 

 

Et de Guttuso, déjà.
 

22/05/2021

Cuisine de siège (mais au moins les restaurants sont ouverts)


Narcisse Chaillou - Le dépeceur de rats, ca 1872

Huile sur toile

Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

 

 

Menu du 25 décembre 1870 au Café Voisin, Paris

 

 

En second choix des Rots : Le chat flanqué de rats.

21/05/2021

Les intérieurs sont habités : un point de vue sur le soutien aux forces de l'ordre


Cellule du seul et unique (1) gardé à vue lors de la manifestation de soutien aux forces de l'ordre du mercredi 19 mai à Paris, le journaliste Gaspard Glanz, retenu pendant 3 heures suite à son interpellation, pour vérification d'identité semble-t-il, par douze policiers en tenue, après avoir parcouru 12 mètres de trottoir parisien à la sortie du métro Invalides alors qu'il allait couvrir la manifestation.

Via @GaspardGlanz

 

 

De Gaspard Glanz (Taranis News), déjà


 

(1) Jusqu'à vérification de l'identité de l'éventuel second.
 

19/05/2021

Portrait craché : Barka


 Lucien-Hector Jonas - Un joyeux tatoué, 16 juillet 1915
 
 
 
Pour la signification du tatouage Barka ou Mon droit - Barka, voir l'article d'Espace contre Ciment d'où vient cette image.

17/05/2021

Sur le rapport entre les timbres-poste et l'hygiène de vie



Donato Giancola - Projet de timbre pour l'United States Postal Service, 2021


Le timbre Ursula le Guin devrait être émis cette année et sera le 33ème de la série littéraire (1). A l'arrière-plan, une scène de La main gauche de la nuit.

Bon, si vous voulez un jour avoir un timbre à votre effigie, vous pouvez commencer en suivant rigoureusement l'emploi du temps quotidien d'Ursula Le Guin : 


 

...en respectant surtout les instructions sur la période après 20h.


(1) Un de mes préférés étant le James Thurber de 1994.

16/05/2021

L'art de la fenêtre : Strøbek encore


Niels Strøbek - Citron, 1972

Huile et tempéra sur carton

Musée d'art moderne d'Aarhus

 

Mme Chat - Ah, là, c'est bien un citron...

M. Chat - En danois, on dit : Citron.
 

15/05/2021

L'art du petit déjeuner : Strøbek


Niels Strøbek - Frokost, 1966

Huile et tempéra sur panneau

Musée d'Art de Skive

 

 
Mme Chat - Oui, mais il y a contresens. Frokost c'est le déjeuner, pas le petit déjeuner...

M. Chat - Le danois, c'est difficile, tu sais.



14/05/2021

To the Lighthouse



 M. Chat - Je ne comprends pas. Quand j'étais petit, voire quand j'étais jeune, je veux dire plus jeune, je veux dire il y a soixante ans, approximativement, je veux dire...

Mme Chat - Quoi ?

M. Chat - Eh bien, là, il y avait une plage.

Mme Chat - Il y en a toujours une, enfin, une toute petite.

M. Chat - Quasiment plus, en fait.

Mme Chat - C'est la mer qui monte.

M. Chat - Et tout le monde regarde ailleurs.

Mme Chat - Non, tout le monde regarde la mer, mais très vite, le temps d'une semaine ou deux.

M. Chat - Et la mer monte lentement.

Mme Chat - Voilà, c'est juste un question de désynchronisation.

M. Chat - Comme quand il y a une pandémie à causes structurelles, élevage industriel, urbanisation galopante et transport aérien généralisé...

Mme Chat - Et qu'on discute réouverture des restaurants. La synchro, y a que ça de vrai.


12/05/2021

Hegel au Pickwick Club, et au-delà (le jeu de la famille Cole, #8 et fin)


George Cole - Harvest Rest, 1865

Huile sur toile

 

Récapitulons. 

Premièrement. George Cole, le fondateur, vient d'une famille ouvrière de Portsmouth, mère morte quand il avait neuf ans, père essentiellement soucieux de boire rapidement son salaire. Pas d'éducation, mais s'élève à la force du poignet - et du pinceau. Peint d'abord pour sa clientèle de Portsmouth - petits industriels, contractors pour les chantiers navals, négociants. S'affirme, première exposition à Londre en 1838 - il a vingt-huit ans. S'installe à Londres en 1846, devient vice-président de la Society of British Artists en 1867. Que disent ces quelques lignes ? Un talent indéniable rencontre au bon moment un marché en expansion : la bourgeoisie des villes, rêveuse à ses heures, idéalisant ses ancêtres paysans - qui n'étaient pas si loin - et se répétant, comme Hegel à propos des scènes campagnardes des maîtres hollandais :

"Le moment idéal réside justement dans cette licence exempte de soucis : c'est le dimanche de la vie, qui nivelle tout et éloigne tout ce qui est mauvais ; des hommes doués d'une aussi bonne humeur ne peuvent être foncièrement mauvais ou vils" (1). 

 

 

 George Vicat Cole - Scene in North Wales, 1863

 Huile sur toile

 

Deuxièmement. George Vicat Cole, le fils, apprend à dessiner et peindre aux côtés de son père, l'accompagne dans ses voyages... et se brouille avec lui en 1855, à vingt-deux ans, pour épouser une femme qui ne plaisait pas au chef de famille. Il prend alors pour prénom le nom de sa mère, et signe Vicat Cole. Quelques temps de vaches maigres, puis père et fils se réconcilient. Mais le marché reste le même, mieux, il s'élargit. Le fils se rapproche des préraphaélites - ce qui ne devait pas plaire au père - mais reste suffisamment académique pour gravir des échelons. La preuve  : il quitte la Society of British Artists pour candidater à la Royal Academy - la marche est assez haute, il la franchit en 1880. Huit ans plus tard il se met à peindre Londres, avec plus ou moins de succès - mais c'est un tournant, y compris pour la famille.



 Rex Vicat Cole - The Butler's Head


Troisièmement. Reginald Rex Vicat Cole, le petit-fils, bénéficie du capital acquis : études à Eton, puis enseignement au King's College de Londres, et il fonde avec un de ses amis une école d'art privée, la Byam Shaw, dont vous pouvez suivre par ici des aventures récentes. Bien sûr il continue à peindre églises et paysages mais aussi, de plus en plus, Londres, ses boutiques et ses rues, dans un style volontairement atone mais où la mélancolie se tapit, imperceptible, sous la surface. Ainsi de cet établissement...


Rex Vicat Cole - The George and Vulture, Castle Street (off Cornhill)


...dont il faut se souvenir qu'il abrita le Pickwick Club.


 Ill. pour Charles Dickens - The Posthumous Papers of the Pickwick Club, 1837


 

 

Quatrièmement, enfin. John Vicat Cole, l'arrière-petit-fils. Il sacrifie aussi, mais assez peu, sur l'autel du paysage. Surtout, il suit assez exactement les traces de son père dans les rues de Londres :


 

 
John Vicat Cole - In Church Street, Kensington 

Manchester Art Gallery

 

...dans Kensington, le terrain de chasse familial.

Mais remarquez qu'ici nous ne sommes plus du tout dans le dimanche de la vie. Qui achète ces tableaux dans les années 1960, celles, censément, du Swinging London ? Quelle nostalgie s'y investit ? Et ne voilà-t-il pas que petit à petit notre peintre est fasciné par...


John Vicat Cole - Shop window of  J. Marlow 21 Barrett Street

 

...des devantures en déshérence ? Qu'est-il arrivé à cette rêveuse bourgeoisie qu'émouvaient tant les meules de foin ? Que fait-elle, à traîner devant...

 

John Vicat Cole - Shop window of Jenny Lyne (London) Ltd Eastcastle Street

 

...des boutiques pour fantômes ? Hegel se serait-il trompé ? Cette licence exempte de soucis, chez des hommes doués d'une aussi bonne humeur - est-ce vraiment le moment idéal, qui éloigne tout ce qui est mauvais ?

 

 

(1) G. W. F. Hegel, Esthétique, trad. Jankélévitch. C'est la phrase qui figure en exergue du roman de Raymond Queneau.

11/05/2021

Toute lignée a son petit matin (le jeu de la famille Cole, #7)

George Cole - Early morning on the Tamar, 1872

Huile sur toile

Coll. privée

 

George Cole, l'ancêtre, l'arrière grand-père, le fondateur (1810-1883) semble avoir appris à peindre quasiment en autodidacte. Suivant les versions de sa biographie : soit en tant qu'apprenti aux chantiers navals de la Royal Navy à Portsmouth, où il aurait décoré des navires, soit dans une ménagerie ambulante où il aurait peint des animaux sauvages sur une grande toile "de vingt pieds carrés". Toujours est-il qu'il persévère et finit par gagner (de mieux en mieux) sa vie comme peintre animalier et de paysages. Il peint, entre autres, le chien du premier ministre Robert Peel...

 

 

George Cole - "Cato", Property of the Right Honourable Sir Robert Peel, 1845

 

 

...ainsi que ce joli perroquet (j'aime bien les perroquets, ils me font penser à Edward Lear) :

 

 

 George Cole - Study of a Parrot, 1858

 

 

Comme tous les fondateurs de dynastie, George avait le sang chaud, comm en témoigne cette histoire. Un Hollandais lui commande son portrait, ne le trouve pas ressemblant, le refuse. Cole lui rajoute deux petites ailes, le transforme en enseigne pour un pub : "Au Hollandais volant". Devenu la risée de tous, le client doit racheter le tableau pour le faire dépendre. Cole efface les ailes avant de le lui revendre.

Cole réussit si bien qu'il peut quitter son Portsmouth natal, s'installe à Londres à Kensington, dans un quartier que la famille Cole hantera pendant encore un siècle. Et il peint, il peint, des moutons, des meules de foin, des chevaux, des moulins, et des moutons encore...

 




10/05/2021

Grand-père vient en ville (le jeu de la famille Cole, #6)


George Vicat Cole - The Pool of London, 1888

Huile sur toile

National Gallery
 

 

Dans la famille Cole, je demande le grand-père : George Vicat Cole (1833-1893), paysagiste comme son père et son fils, vendant bien ses tableaux, mais infiniment moins intéressant qu'un Turner ou un Samuel Palmer, ses aînés, et même, toujours parmi ces derniers, moins remarquable qu'un Linnell, son rival en académisme.  Sans parler de son presque contemporain John Brett, dont ce tableau...

 

John Brett - Le glacier de Rosenlaui, 1856

Huile sur toile

Tate

 

...enthousiasma Ruskin.

C'est avec Brett (et Inchbold) que la peinture de paysage anglaise prend son tournant préraphaélite. Certes, George Vicat Cole fut un temps proche des préraphaélite, comme en témoignent Hayfield ou Scene in North Wales, mais pour le reste ses moutons paraissent bien fades, à côté de ceux de Holman Hunt...

Pourtant vers la fin des années 1880, peut-être las d'aligner des meules de foin sur ses toiles, George Vicat Cole décide de peindre la Ville, Londres, vue de la Tamise et produit ce Pool of London fuligineux, noir de mâts et de marchandises, avec un ciel brouillé et le dôme de St Paul en point de perspective.

1888 : Plus de la moitié des bateaux qui naviguent sur les eaux de la planète sont anglais et, pour ceux qui sont en construction, les quatre cinquièmes sortent des chantiers navals britanniques. La seconde révolution industrielle est en marche, le capital financier consolide son emprise (1), la reine Victoria vient de célébrer son Golden Jubilee et Arthur Conan Doyle de publier Etude en rouge. Joseph Conrad devient capitaine de navire, dans un an il naviguera sur le Haut Congo, il en reviendra avec Heart of darkness. Et 1888, c'est l'année de Jack l'éventreur.

Voyez, George Vicat Cole peint le centre nerveux du XIXème siècle. Ne pensez plus au bleu des glaciers, regardez sur la Tamise, ce ciel livide, c'est l'aube de la modernité.

 

(1) Et - serait-ce une coïncidence au moment où Cole se détourne du paysage campagnard - l'agriculture anglaise s'effondre pour longtemps.



09/05/2021

Le passage, le vent, l'oubli (le jeu de la famille Cole, #5)

Rex Vicat Cole - Rupert Court between Wardour Street and Rupert Street,  Soho (ca 1930 ?)

 

Et donc Vicat Cole (le père) ne se contentait pas de peindre des églises, il errait aussi dans les passages, à Soho, avec une préférence pour les enseignes qui annonçait déjà les obsessions de son fils - et un cadrage qui serait repris, plus tard, avec le même intérêt pour les enseignes, pour photographier...

 

Dezo Hoffman - Les Beatles, Rupert Court, 1963


 

...des garçons dans le vent selon l'expression désuète qui servait de titre francophone au film de


 

Richard Lester - A hard day's night / Quatre garçons dans le vent,  1964.
 
 
 
 
Désuet : c'est précisément cela qui fait le charme (discret) de ces représentations de lieux promis à disparaître - et même quand ils ne sont toujours pas disparus, la promesse tient encore, elle leur est attachée. Cet aller-retour temporel, la désuétude, c'est le moment où la scène de genre devient une promesse d'oubli, d'oubli sentimental et miséricordieux.
 

08/05/2021

Le véritable auteur de la maison de poupées (le jeu de la famille Cole, #4)


John Vicat Cole - The Dolls House, Kensington Church Street (ca 1940 ?)

 

La meilleure preuve qu'on a l'habitude de confondre Cole père et fils, c'est que ce tableau du fils est vendu, par certains, comme une oeuvre du père...

Reginald Rex Vicat Cole, le père (1870-1940), était paysagiste, spécialiste de la représentation des arbres, mais aussi un amoureux de la rue londonienne - et c'est donc cette dernière veine que suivit son fils, John Vicat Cole.
 

 

(1) il aurait dessiné ou peint presque toutes les églises de Londres, j'y reviendrai demain, d'ailleurs. 

07/05/2021

L'art de la rue : le fils de son père, et traverser Hyde Park (le jeu de la famille Cole, #3)

 

John Vicat Cole – Antiques No 3 Campden Street, London, ca 1960-70


John Vicat Cole (1904-1975) trouva sa voie en peignant des tableaux de petit format représentant des façades et devantures de boutiques du West End, spécialement de Kensington. Ici, le magasin de porcelaine de Diane Sewell (vous avez son numéro de téléphone, mais elle ne répondra pas). 

Vous avez probablement trouvé l'usurpateur qu'il fallait chercher dans le précédent Billet : il s'agissait de ce même John Vicat Cole, auquel était effectivement (et faussement) attribué le tableautin de l'homme au phonographe, mais qui n'était nullement l'auteur de Light o'London, du billet de mercredi. Il était le fils de l'auteur. Ne pas confondre John Vicat Cole, le fils, et Reginald Rex Vicat Cole, le père. J'y reviendrai. 

Évidemment, quand on vous dit Antique shop vous pensez à... 

 

Julian Amyes (d'après Charles Dickens, 1841) - The old curiosity shop, 1979, BBC 
 
 
 
Mais il y a loin de Holborn, où se trouvait la fameuse boutique du grand-père de Nell Trent, jusqu'à Kensington. Songez, il faut traverser tout Hyde Park. 

06/05/2021

Petite musique de nuit attribuée à tort (le jeu de la famille Cole, #2)


The phonograph man

 

Le tableau a été attribué (à tort) à John Vicat Cole, l'auteur de Lights o' London, figurant sur mon billet d'hier. Je commence une série sur la famille Cole et donc, dans cette famille, cherchons l'usurpateur (et cherchez le chat, aussi, tiens).

 

05/05/2021

Ronde de nuit : Swinging London (with a harp) (le jeu de la famille Cole, #1)


Reginald Rex Vicat Cole - Lights o'London, nd (ca 1930 ?)

 

Mme Chat - C'est très chromo, non ?

M. Chat - Tout à fait chromo. Limite affiche pour British Railways. Mais j'aime bien. Surtout la harpe, c'est la harpe qui fait le charme.

Mme Chat - Ha oui, la harpe...

 

 



Musiciens de rue, Londres, début du XXIème siècle
Mis en ligne par settime2588

04/05/2021

Les rois mages existent, je les ai rencontrés en 1990


James Tissot - Les rois mages en voyage, ca 1894

Huile sur toile

Brooklyn Museum

 

 


André Ricros & Louis Sclavis quartet - Mes amics (trad., arr. Louis Sclavis)
de l'album Le partage des eaux, Silex éd. 1990
Mis en ligne par Elwood P. Dowd


 

Qu'est-ce que j'ai pu écouter ça en 1990. Pas le plus connu de Sclavis, mais tout ce disque est une superbe résurgence trad-jazz.

Et puis bon, se dit M. Chat, c'est un occitan limousin assez compréhensible - d'autant que très vieux-croyant - je ne vais pas le traduire...


Mes amics que n'ai ausit
Un ange que cantava
Cantava qu'èra Nuèch,
Vira la mièja-nuèch,
Que la vièrga enfantava.
Un portava de l'ór,
E l'autra de la mirra.
E l'autra de l'encens,
Cadun emb son present,
E totse tres l'adorèron.

 

Et de Tissot, bien sûr, déjà

03/05/2021

Ciel... encore un autre déconfinement

Andrew Robertson - Brick impressionism

 

Mme Chat - Ça y est !

M. Chat - Ça y est quoi ?

Mme Chat - On peut y aller, à plus de dix kilomètres !

M. Chat - Et alors, qu'est ce qu'il y a, hein, au onzième kilomètre ?

Mme Chat - Oh, toi, tu n'aimerais pas aller plus loin, vraiment ? Mais où est-ce que tu aimerais aller, à la fin ?

M. Chat - Moi ? J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !

 

D'Andrew Robertson, déjà.

 
 

02/05/2021

Sabes que ese disco está rayado (mais on va le glisser sur la platine quand même parce qu'on l'aime bien)

 


Mme Chat - J'en ai marre,  je veux danser... 

M. Chat - Euh, voyons voyons...  Ah,  voilà

 

 

Sierra Maestra - No me llores más
de l'album Dundunbanza, 1994 
Mis en ligne par Sierra Maestra

01/05/2021

Théâtre de mémoire et préférence pour l'oubli (avec un excursus sur les terrae nullius ou terres bonnes à prendre)


Radu Jude - Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares, 2019
 
 

Le film de Radu Jude, qu'on peut visionner gratuitement sur Arte.tv jusqu'au 4 mai inclus, est un exercice de fiction documentaire en abyme. Il prend pour héroïne une metteuse en scène qui monte avec la participation de la population et de la municipalité d'une ville roumaine (le film est tourné à Bucarest) un spectacle commémorant les massacres d'Odessa (1) - jusqu'au moment où les édiles et une partie des habitants se rendent compte qu'on veut leur rappeler ce qu'ils préfèreraient oublier. La préférence pour l'oubli est un affect intéressant à creuser et, évidemment, à mettre en scène.


 
 
(1) Entre 1941 et 1944, le régime fasciste roumain d'Ion Antonescu a massacré 250.000 juifs (2), principalement en Bessarabie, Bucovine (3) et Ukraine (où il participait à la guerre contre l'URSS aux côtés des allemands). On estime que le massacre d'Odessa, perpétré par les Roumains, a fait 100.000 morts juifs. Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares est une phase prononcée par Antonescu.
 
Une particularité de l'antisémitisme roumain a été la participation d'une bonne partie de la population (sous l'uniforme ou en civil) à la politique d'extermination, par exemple lors du pogrom de Iași.
 
(2) Sur la Shoah roumaine on peut lire en français le livre de Matatias Carp, Cartea Neagra. Le Livre noir de la destruction des Juifs de Roumanie 1940-1944, Denoël, 2009, présenté ici par son éditrice, Alexandra Laignel-Lavastine (4). Pour une introduction il existe ce numéro de la Revue d'histoire de la Shoah (et dans le cas où vous voudriez une étude approfondie, le livre de Jean Ancel en anglais, cité dans le film de Radu Jude).
 
(3) La Bessarabie et la Bucovine du nord, principaux théâtres de tels événements, avaient et ont encore une particularité : provinces perdues au profit de l'URSS en 1940, reconquises en 1941, reperdues en 1944 (et, dans le cas de la Bessarabie devenue Moldavie, toujours disputée) ce sont alors, à l'instar de la Pologne, des sortes de Terrae nullius où l'on pouvait tout se permettre. La Terra nullius, Terre sans maître selon la définition juridique tirée du droit du plus fort, c'est cet espace politiquement labile où les frontières vont et viennent, où les ordres s'instaurent et s'abolissent rapidement. C'est l'Amérique latine du XVIème, l'Afrique et l'Océanie (5) du XIXème, le Moyen-Orient, le Sahel ou la Libye d'aujourd'hui. La Terra nullius est, pour le pire (6) ou parfois pour du meilleur, le laboratoire des ordres nouveaux (7).
 
(4) De Laignel-Lavastine, les amateurs de Cioran, Ionesco ou Eliade peuvent lire avec profit l'étude qu'elle leur a consacrée, Cioran, Eliade, Ionesco, L'oubli du fascisme, PUF 2002 (8).
 
(5)  Sur l'Australie comme Terra nullius, lire le beau livre de Sven Lindqvist.
 
(6) Il est dangereux d'habiter une Terra Nullius, comme ont pu le constater les juifs roumains de Bessarabie et de Bucovine, ou comme vous le feraient remarquer tous ceux qui traversent aujourd'hui, au hasard d'esquifs de fortune, les eaux de la Méditerranée.
 
(7) Il existe une hypothèse de généralisation de la Terra Nullius, c'est celle de la tropicalisation du monde.

(8) Je me souviens encore du regard sourcilleux de ce (pourtant très recommandable) libraire parisien, que j'imagine admirateur de Cioran et qui, me voyant saisir ce livre à l'étalage, murmura : "vous voulez vraiment lire ça ?"... Préférence pour l'oubli, toujours.