23/04/2013

Déménagement, chasse aux vampires et satire par anticipation


Dessin de Sergueï Lemehov
Via cartoonbank


Avertissement : dans les semaines, peut-être même les mois qui viennent, les clignements de l'œil des chats seront plus espacés, aléatoirement distribués - voire carrément sporadiques. En effet...

Mme Chat : J'ai fermé le quinzième carton, mais il y a quelque chose qui bouge à l'intérieur !
M. Chat : Ca fait du bruit ?
Mme Chat : Attends, je colle mon oreille... on dirait de l'anglais...
M. Chat : Kèskesadi ? Ouatdeuzitsé ?
Mme Chat : Ca dit "There is no alternative, I'm coming back" ??? 
M. Chat : Eloigne-toi de ce carton malheureuse ! C'est la vampirique manifestation de Margaret Thatcher ! Vite, les colliers de gousses d'ail, les balles en argent, le pieu en bois de la trousse d'urgence !!!


...en effet, les chats font leurs cartons, les chats se préparent à déménager, les chats rêvent d'ailleurs, les chats vont partir sous la lune...

...mais allons, puisqu'on parle de vampires et que l'heure est aux célébrations - une petite satire par anticipation (sept ans d'avance sur le thatchérisme !) et un hommage à un immense acteur irlandais...

 
Peter Medak - The Ruling Class (1972) d'après la pièce de Peter Barnes 
Peter Seamus Lorcan O'Toole dans le rôle de Jack, schizophrène paranoïaque et 14ème comte de Gurney, faisant son entrée à la Chambre des Lords
Mis en ligne par sonofjah2



Cadeau : la séquence complète, Jack fait un tabac chez les Lords avec un premier discours en faveur de la peine de mort et des châtiments corporels...



Mis en ligne par barambia



Et, pour les amateurs de chasse à courre, encore une scène de The Ruling Class - un des films préférés des chats, rarement diffusé en France mais on peut se le procurer ici...

22/04/2013

Surtout, ne me réveille pas


Ligntnin' Hopkins - Don't wake me up
Mis en ligne par KNT423541

21/04/2013

Parcs et jardins : Maitland


Paul Fordyce Maitland - Kensington Gardens 
Ashmolean Museum, Oxford 
Source

20/04/2013

Ciel... Malanenkov


Yury Alekséiévitch Malanenkov - Переезд / Passage à niveau, 1988
Via Kykolnik

19/04/2013

Tableaux parisiens : tous les chats sont gentils, mais gris



Quartier de la Mouzaïa - dans les rues endormies tous les chats sont tapis...






...le souvenir lointain des guerres coloniales se mêle à celui tout aussi enfoui des carrières de gypse - auxquelles on doit ici l'interdiction de construire en hauteur...






...mais la Villa où le Progrès s'est arrêté mène à la Place des Fêtes qui, précisément, n'est plus à la fête depuis longtemps...






 ...et rue de la Fraternité les restaus pour tous ne datent pas d'hier...





 ...ici les anges se font tout petits même quand ils proclament...






...et seules les statues moissonnent (1).




(Parmi les blogs de promeneurs, certains ont aussi poussé jusqu'à la tranquille Mouzaïa... et les anciens de la Place des Fêtes toute proche relisent encore leur petit journal. Si vous voulez savoir pourquoi la Place des Fêtes ne fait plus la fête, regardez ici et .)



(1) La Moissonneuse de Léon Deschamps se hâterait-elle tout simplement d'échapper à la gentrification ambiante ?  Cours fillette, le Nouveau Monde est derrière toi... même que parfois il ressemble au camarade derrière qui le Vieux Monde galopait, jadis, naguère... 

18/04/2013

Tableaux parisiens : peuple toujours bien à plaindre


Il est recommandé de cliquer pour agrandir
Adolphe Willette - Parce Domine Parce Populo Tuo, 1885
(peint pour décorer le cabaret du Chat Noir)
Musée du vieux Montmartre
Via cultureundkultur



"Les chats miaulent à l’amour.

Les blanches communiantes sortent de leurs mansardes : c’est la misère ou la curiosité qui fait tomber leurs voiles sur la neige dont les toits sont recouverts. 

Aussitôt les pierrots noctambules cherchent à s’emparer de leur innocence par des moyens diaboliques. De l’Odéon au Moulin de la Galette, les voici partis pour la chasse aux Mimis Pinsons. C’est avec de l’Or ou de la Poésie qu’ils tendent leurs pièges suivant qu’ils sont riches ou pauvres, bien qu’également pervers. 

Cependant que le vieux moulin moud des airs d’amour et de pitié. Les ailes emportées de musique tournent au clair de la lune reflet de la mort.

Voici à présent la revanche de la fille séduite qui a jeté son bonnet par dessus les moulins. La voilà qui entraîne, étourdit Pierrot dans un tourbillon de plaisir et de vices : c’est le Sabbat ! Elle l’a ruiné, rendu fou, et l’accule au suicide. Les vierges tristes et laides portent son cercueil, tandis que son âme libérée fera choix d’une étoile…

Parce Domine, Parce Populo tuo…

Le peuple des pierrots est toujours bien à plaindre !"

Commentaire par Willette de son tableau (d'après Pierre de Lagarde & Alfred Fierro, Vie et histoire du XVIIIème arrondissement, Hervas éd., 1988 pp. 96-97).


Parce, Domine, parce populo tuo / Ne in aeternum irascaris nobis / Epargne, Seigneur, épargne ton peuple, ne sois pas éternellement irrité contre lui : antienne du Saint-Sacrement pour le temps de Carême, composée par l'abbé Marbeuf d'après le Psaume 85. Sur Willette et le catholicisme (ben oui, monte là-dessus aussi et tu verras Montmartre), et aussi Léon Bloy, on peut lire ceci.


J'ai toujours adoré ce tableau, dit Monsieur Chat. C'est mon côté Midinette. 

16/04/2013

Poésie illustrée : Fruit de saison


Marc-Antoine Girard de Saint-Amant - Le Melon 
Benjamin Lazar - récitation à la manière baroque 
Benjamin Alard - clavecin 
XIIème festival international de musique ancienne, Saint-Pétersbourg, 2009
Mis en ligne par Dmitry Vologdin


LE MELON

              Quelle odeur sens-je en cette chambre ?
              Quel doux parfum de musc et d’ambre
              Me vient le cerveau réjouir
              Et tout le cœur épanouir ?
              Ha ! bon Dieu ! j’en tombe en extase :
              Ces belles fleurs qui dans ce vase
              Parent le haut de ce buffet
              Feraient-elles bien cet effet ?
              A-t-on brûlé de la pastille ? 



Luis Egidio Meléndez - Nature morte avec melon et poires, XVIIIème s.
Museum of Fine Arts, Boston


              N’est-ce point ce vin qui pétille
              Dans le cristal, que l’art humain
              A fait pour couronner la main,
              Et d’où sort, quand on en veut boire,
              Un air de framboise à la gloire
              Du bon terroir qui l’a porté
              Pour notre éternelle santé ? 



Claude Monet – Nature morte au melon, 1872
Musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne
Source

              Non, ce n’est rien d’entre ces choses,
              Mon penser, que tu me proposes.
              Qu’est-ce donc ? Je l’ai découvert
              Dans ce panier rempli de vert :
              C’est un Melon, où la nature,
              Par une admirable structure,
              A voulu graver à l’entour
              Mille plaisants chiffres d’amour,
              Pour claire marque à tout le monde
              Que d’une amitié sans seconde
              Elle chérit ce doux manger,
              Et que, d’un souci ménager,
              Travaillant aux biens de la terre,
              Dans ce beau fruit seul elle enserre
              Toutes les aimables vertus
              Dont les autres sont revêtus.

 


Félix Vallotton - Nature morte avec grande cruche, 1923
Via Miss Folly


              Baillez-le moi, je vous en prie,
              Que j’en commette idolâtrie :
              Ô ! quelle odeur ! qu’il est pesant !
              Et qu’il me charme en le baisant !
              Page, un couteau, que je l’entame ;
              Mais qu’auparavant on réclame,
              Par des soins au devoir instruits,
              Pomone, qui préside aux fruits,
              Afin qu’au goût il se rencontre
              Aussi bon qu’il a belle montre,
              Et qu’on ne trouve point en lui
              Le défaut des gens d’aujourd’hui.

 


 
George Brookshaw - Silver rock melon, 1812


              Notre prière est exaucée,
              Elle a reconnu ma pensée :
              C’en est fait, le voilà coupé,
              Et mon espoir n’est point trompé.
              Ô dieux ! que l’éclat qu’il me lance
              M’en confirme bien l’excellence !
              Qui vit jamais un si beau teint ! 



 Alexandre Masino - Voir naître la nuit, 2010



              D’un jaune sanguin il se peint ;
              Il est massif jusques au centre,
              Il a peu de grains dans le ventre,
              Et ce peu-là, je pense encor
              Que ce soient autant de grains d’or ;
              Il est sec, son écorce est mince ;
              Bref, c’est un vrai manger de prince ;
              Mais, bien que je ne le sois pas,
              J’en ferais pourtant un repas.

 


Juan Sánchez Cotán - Nature morte avec coing, chou, melon et concombre, ca 1600 
San Diego Museum of Art 
Via gatochy
 

              Ha ! soutenez-moi, je me pâme !
              Ce morceau me chatouille l’âme.
              Il rend une douce liqueur
              Qui me va confire le cœur ;
              Mon appétit se rassasie
              De pure et nouvelle ambroisie,
              Et mes sens, par le goût séduits,
              Au nombre d’un sont tous réduits.
 
              Non, le coco, fruit délectable,
              Qui lui tout seul fournit la table
              De tous les mets que le désir
              Puisse imaginer et choisir,
              Ni les baisers d’une maîtresse,
              Quand elle-même nous caresse,
              Ni ce qu’on tire des roseaux
              Que Crête nourrit dans ses eaux,
              Ni le cher abricot, que j’aime,
              Ni la fraise avecque la crème,
              Ni la manne qui vient du ciel,
              Ni le pur aliment du miel,
              Ni la poire de Tours sacrée,
              Ni la verte figue sucrée,
              Ni la prune au jus délicat,
              Ni même le raisin muscat
              (Parole pour moi bien étrange),
              Ne sont qu’amertume et que fange
              Au prix de ce Melon divin,
              Honneur du climat angevin. 




Gustave Caillebotte - Melon et saladier de figues, 1880-1882 



              Que dis-je d’Anjou ? Je m’abuse :
              C’est un fruit du cru de ma Muse,
              Un fruit en Parnasse élevé,
              De l’eau d’Hippocrène abreuvé,
              Mont qui, pour les dieux seuls, rapporte
              D’excellents fruits de cette sorte,
              Pour être proche du soleil
              D’où leur vient leur goût non pareil :
              Car il ne serait pas croyable
              Qu’un lieu commun, quoique agréable,
              Eût pu produire ainsi pour nous
              Rien de si bon ni de si doux.
 

             

14/04/2013

Portrait craché : Roinard / Anquetin


Louis Anquetin - Portrait de Paul-Napoléon Roinard, 1893 
Musée des Beaux-arts de Rouen
Via Soir Charmant

13/04/2013

Ciel... Olsson


Albert Julius Olsson - Off Cornwall, ca 1900-1905 
Huile sur toile 
Sunderland Museum & Winter gardens
Via ColourThySoul

12/04/2013

Chambre d'enfant : sovietica


Dziga Vertov - Jouets soviétiques, 1924, Goskino
Mis en ligne par VelvetSultan
(en remerciant la jeune fille au carton à chapeau)

11/04/2013

Duos : Jilinsky


Dmitri Jilinsky - L'altiste, 1972
Tempéra sur gesso et stratifié
Galerie Trétyakov
Via d1nny

10/04/2013

Ronde de nuit : Nevinson


C.R.W. Nevinson - The Strand by Night, ca 1937 
Huile sur toile
Cartwright Hall Art Gallery Bradford
Source : BBC

09/04/2013

Nissky, jour et nuit


Georgy Grigorievich Nissky - Automne, sémaphores
Source



Georgy Grigorievich Nissky - Sur les rails
Via marcorossi

08/04/2013

Signes et prodiges : Nathan Coley et Martin Creed


Nathan Coley - Heaven is a place where nothing ever happens / Le ciel est un endroit où il n'arrive jamais rien
New York, 2010
Installation - sculpture au néon
Via Gerard Van der Leun



Martin Creed - Everything is Going to be Alright / Tout va bien se passer
Scottish National Gallery of Modern Art, Edinburgh, 2010
Installation - sculpture au néon
Photographie : Charles Jencks
Via ASM1




Nathan Coley - There will be no miracles here, installation / Ici il n'y aura pas de miracle
Parc des Buttes-Chaumont, Paris, Nuit Blanche 2006
Installation - sculpture au néon
Photo (et Via) vincent desjardins

07/04/2013

L'art de la lecture : Shardakov


Pavel Fedorovich Shardakov - Les laitières de Volgograd, 1967
Via Soviet Art

06/04/2013

Le greffe : Edward, Etienne, Jaroslav, Miloš et leur chat


Jaroslav Sváb (dessin) et Miloš Ondráček (gravure) - Timbre Etienne Delessert pour la 8ème biennale des livres d'enfants 
Timbre tchécoslovaque, émis le 5 septembre 1981



Précision à l'intention de ceux qui n'auraient pas eu d'enfants - voire n'auraient pas été enfants eux-mêmes - au cours du dernier demi-siècle : Etienne Delessert est le père de Yok-Yok - et, plus récemment, un des collaborateurs de l'irremplaçable Siné-Hebdo. Le chat illustre un conte d'Edward Lear, Les sept familles du lac Pipple-Popple - si vous ne l'avez pas lu, faites-le, vous saurez tout des perroquets, des cigognes, oies, hiboux, chats, cochons d'Inde et poissons du lac en question, de la ville de Tosh et de la contrée de Gramblamble - tous lieux du domaine de la fable mais guère plus, aujourd'hui, que le pays qui a émis ce timbre.

05/04/2013

Edward Rice, jour et nuit


Edward Rice - Meadow garden, 2008-2010
Huile sur toile, collection privée 
Source




Edward Rice – 923 Telfair, 1982-1985 
Huile sur panneau, Morris Museum of Art, Augusta, Georgia 
Via El museo de Hipatia

04/04/2013

Les taches de graisse sur la conscience


Gérald Godin - Énumération
lu par l'auteur à la Nuit de la poésie, 
Théâtre Le Gesù à Montréal, 27 mars 1970
Mis en ligne par Mendiant


les coquerelles de parlement
les patineurs de fantaisie
les zigonneux d'élections
les tarzans du salut public
les écrapoutis d'assemblée nationale
les visages de peau de fesse
les toutounes de la finance
les faux surpris de mcgill
les plorines des sénats
les savates de nos sociétés nationales
la puanterie des antichambres de ministres
les va-la-gueule de l'égalité ou l'indépendance
les poubelles du Canada mon pays mon profit
les regrattiers de la patrie
dans les pawn-shops de la nation
les écartillés de l'honnêteté
les déviargés de la dignité
les pas clair-de-nœuds
tous ceux qui ont des meubles en cadeaux
les baveux du million mal acquis
les éjarrés de la vente au plus offrant
les peddlers du fédéralisme enculatif
la ratatouille du pot-de-vin
les trous d'eau de radio-cadenas
les passeux de sapin
les fafineux de la trahison à crédit
les taches de graisse sur la conscience

de tous ces trous-de-cul
on a notre maudit tabarnaque
de cinciboires de cincrèmes
de jériboires d'hosties toastées
de sacraments d'étoles
de crucifix de calvaires
de couleuré d'ardent voyage

03/04/2013

On voit péricliter les valeurs sûres


Francis Poulenc - Deux Poèmes de Louis Aragon 
FP122, septembre-octobre 1943
Régine Crespin, soprano - John Wustman, piano
Mis en ligne par GilPiotr


C

J'ai traversé Les Ponts-de-Cé
C'est là que tout a commencé

Une chanson des temps passés
Parle d'un chevalier blessé,

D'une rose sur la chaussée
Et d'un corsage délacé,

Du château d'un duc insensé
Et des cygnes dans les fossés,

De la prairie où vient danser
Une éternelle fiancée,

Et, j'ai bu comme un lait glacé
Le long lai des gloires faussées.

La Loire emporte mes pensées
Avec les voitures versées,

Et les armes désamorcées,
Et les larmes mal effacées,

Oh ! ma France ! ô ma délaissée !
J'ai traversé Les Ponts-de-Cé.


Louis Aragon, Les Yeux d'Elsa, 1942


(à 3'37") Fêtes galantes


On voit des marquis sur des bicyclettes
On voit des marlous en cheval-jupon
On voit des morveux avec des voilettes
On voit des pompiers frôler les pompons

On voit des mots jetés à la voierie
On voit des mots élevés au pavois
On voit les pieds des enfants de Marie
On voit le dos des diseuses à voix

On voit des voitures à gazomètre
On voit aussi des voitures à bras
On voit des lascars que les longs nez gênent
On voit des coïons de dix-huit carats

On voit ici ce que l'on voit ailleurs
On voit des demoiselles dévoyées
On voit des voyous On voit des voyeurs
On voit sous les ponts passer des noyés


On voit chômer les marchands de chaussures
On voit mourir d'ennui les mireurs d'œufs
On voit péricliter les valeurs sûres
Et fuir la vie à la six-quatre-deux 



Louis Aragon - Les Nuits (paru dans Poésie 41 N°4, 1941)


Pour les vrais fans, une autre fois par ici






Et pendant ce temps-là...
...chagrin, chagrin, le train où vont les choses...

  

02/04/2013

L'art du petit déjeuner (?) : Mehoffer


Józef Mehoffer - Słonce Majowe / Soleil de Mai, 1911
Musée national, Varsovie
Via Lisa Papineau 



Et pendant ce temps-là...
...on verse au  dossier... 

01/04/2013

Duos : Remnev


Andreï Remnev  - Le porteur d'eau
Source : Bonza Sheila via Zasu