24/12/2015

Un Noël entre chien et loup


Carl Theodor Reiffenstein - Frankfurt am Main, Weihnachtsmarkt am Dom / Francfort-sur-le-Main, marché de Noël à la Cathédrale, 1862
Source



Entre chien et loup et par ces temps maussades les chats vous souhaitent néanmoins de bonnes fêtes, et seront de retour le 2 janvier...



23/12/2015

Le bar du coin : oxymores, da su & da giù





Mme Chat - Le café vu du clocher, c'est tout de même autre chose...

M. Chat - De fait, cela donne soif, ces escaliers et cette échelle... Et donc, dans  un autre sens...


(Ils redescendent, s'attablent, boivent. La nuit tombe avec un bruit feutré. Ils lèvent les yeux vers le clocher de Saint Julien, patron des aubergistes. Soudain, une apparition...)






Mme Chat - ...mais il n'est que partiellement rose !

M. Chat - ...l'effet de la modération, probablement... Ah je me souviens de ma jeunesse...

Mme Chat (à voix très basse) - :/set mode to "vieuschnock"

 M. Chat - ...de ces pancartes étincelantes, des ces publicités foisonnant d'oxymores...








...de ces rutilantes affiches...




Leonetto Cappiello - Buvez du vin et vivez joyeux, 1933
Lithographie éditée par le ministère français de l'agriculture



...de ces soyeux buvards distribués autour des écoles...







...et de ces cartes routières encourageantes...







Mme Chat - Mais tout cela n'est-il pas encore un peu d'actualité ?

M. Chat - Certes, et je me sens rajeunir ! (Il se retourne) Holà, tavernier... 

Mme Chat (in petto) - :/set mode to "c'est elle qui conduit"


22/12/2015

Ronde de nuit : Peter Van Dyck


Peter Van Dyck - Cotton street at night, 2013 
Huile sur toile

21/12/2015

Portrait craché : Rouault


Georges Rouault - Laquais, 1936-38 
Aquatinte couleur
Source

20/12/2015

Les vacances du bestiaire : soyons positifs


Tyson Grumm - P.M.A. (positive mental attitude) 
Acrylique sur bois
Source

19/12/2015

Ciel...


Le ciel sur Cadaquès

18/12/2015

Tableaux parisiens : couvercle, découverte effrayante, piteux, très piteux, car je ne me soucie pas de faire des vers nouveaux...


Jan Rijlaarsdam - Vue d'une rue de Paris 
Huile sur toile
Via Thunderstruck



Charles Baudelaire - Spleen, in Les fleurs du mal
épreuve corrigée de la main de l'auteur, 1857



Remarque de l'auteur au bas de la page suivante

16/12/2015

15/12/2015

Duos : Raphael Soyer, encore


Raphael Soyer - "The Team" (Backstage), ca 1932
Lithographie colorée à la main
Source

13/12/2015

Ces bonnes vieilles élections régionales : l'heure des choix


Vallon-Pont-d'Arc, 9 décembre 2015




Mme Chat - Belvédère ou caverne ?
M. Chat - Socialisme ou barbarie ?
Mme Chat - Fromage ou dessert ?
M. Chat - Peste ou choléra ?
Mme Chat - Guermantes ou Méséglise ?
M. Chat - Charybe ou Scylla ? 
Mme Chat - Patates ou patates ?



Les amis d'ta femme - Patate party, de l'album Faut qu'ça lime, 1998
Mis en ligne par blastafarie

12/12/2015

Brillez lanternes de papier : N. C. Wyeth


N.C. Wyeth - Sailor's Fantasy, illustration pour James B. Connolly, The Medicine Ship, in Scribner's Magazine de Décembre 1915
Huile sur toile, 1915
Via Francine Schwartz



However, after six days o’ restin’ up, with salubrious fruits an’ wines an’ the most melojus concerts, my capt’n broaches the cause of why we’re callin’ on the Don Hidalgo Rodreego Cazamma.

11/12/2015

Portrait craché : Weiss


Wojciech Weiss - Autoportrait aux masques, 1900 
Musée National de Cracovie
Via Ras Marley

10/12/2015

L'art du balai : Barraud


François Barraud - Fille au travail, 1933
Via centralasian (CC BY 2.0)

09/12/2015

Actualités régionales : Zeppelin (2)


Charles Spencelayh - Burning Zeppelin, Cuffley, 1916
Via pokingsmot




Mme Chat - Alors, vraiment, kèstuferas au second tour ?

M. Chat - Si je m'écoutais...

08/12/2015

Actualités régionales : Zeppelin (1)


Charles Spencelayh - Zeppelins, ca 1940
Via British Paintings



Mme Chat - Alors, kèstuferas au second tour ?

M. Chat - Attends, je réfléchis, je me concentre...

06/12/2015

Les occupations solitaires : la bûche


Nick Offerman, son whisky et sa Yule Log
Mis en ligne par My Tales of Whisky Official



Nick Offerman est l'inoubliable Swanson de Parks & Recreation.

Le whisky qu'il déguste pendant 44'55" est le seul produit de luxe dont l'œil des chats ose envisager de faire gratuitement la réclame.

Quant à la Yule log, c'est ça.

Et, toujours à propos de whisky, voir ici, , puis , et et encore , et puis tiens, toujours et enfin là-bas.

05/12/2015

Transports en commun : Paul Kirchner



 Paul Kirchner - The Bus





Paul KirchnerThe Bus




Paul Kirchner - The Bus 2






Les trois planches via l'excellent Biblioklept.

The Bus sur imgur; et sur Socks; et chez Tanibis Le Bus et Le Bus 2, respectivement pour 15 et 12 écus.

03/12/2015

Ronde de nuit : en chantant


Johann Peter Hasenclever - Singender Nachtwächter / Chant du veilleur de nuit, ca 1850
Lithographie

02/12/2015

Portait craché : Iéliéva


Constantin Nicolaïévitch Iéliéva - Tête d'homme 
Musée National Ukrainien, Kiev

01/12/2015

L'art au travail : Bogomazov


Alexandre Constantinovitch Bogomazov - Монтер / Monteur, 1916

30/11/2015

L'art de la lecture : deux fois le Figaro



Josef Czapski - Le Figaro, 1978
Via Furtho




Olga Formisano - Newspaper with apples





Une troisième fois ici, déjà...

29/11/2015

28/11/2015

Une semaine dans le ciel : addendum du neuvième jour


Brassaï - Ciel postiche, ca 1932-1934, reproduction dans Minotaure n°6, Décembre 1934
Via gattaka

27/11/2015

Modeste proposition pour un hymne alternatif et minimal à l'usage de l'espèce homo sapiens


Nina Simone - Ain't Got No (I Got Life) (Rado/Ragni/Mac Dermot) - Live in London, 1968
Mis en ligne par drMandinga






Les paroles sont par là.

26/11/2015

Une semaine dans le ciel : les nuages, les merveilleux nuages


Alexander Cozens - The Cloud, ca 1770 
Fusain et aquarelle sur papier
Tate Gallery



- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !


Charles Baudelaire - L'Étranger, in Le Spleen de Paris, 1869


Baudelaire a peut-être écrit l'Étranger en marge de sa page sur Eugène Boudin dans le Salon de 1859 - la même page où il parlait de Meryon.  Mais ici, pour clore cette semaine, ce n'est pas Boudin mais Cozens. Cozens est un classique des nuages, on retrouvera ses œuvres, notamment les gravures sur le site de la Tate et, commentées et comparées à celles de Constable, chez Eve.

25/11/2015

Une semaine dans le ciel : à l'ouest rien de nouveau


André Devambez - Verdun, près de Souville, 1917
Huile sur toile 
Musée de l'armée, Beauvais



Et pendant ce temps-là... 

24/11/2015

Une semaine dans le ciel : deux fois


Max Ernst - Le ciel se découvre deux fois (La femme 100 têtes, chap. 1 pl. 9), 1929

23/11/2015

Une semaine dans le ciel : à la Villa


Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819) - Ciel à la Villa Borghèse
Musée du Louvre

22/11/2015

Une semaine dans le ciel : Tout ce que je demande, c'est un jour de plein vent


Harry Clarke - All I ask is a windy day with the white clouds flying
Illustration pour John Masefield, Sea Fever, in The year's at the spring, 1920
Via OBI



I must go down to the seas again, to the lonely sea and the sky,
And all I ask is a tall ship and a star to steer her by;
And the wheel’s kick and the wind’s song and the white sail’s shaking,
And a grey mist on the sea’s face, and a grey dawn breaking.

I must go down to the seas again, for the call of the running tide
Is a wild call and a clear call that may not be denied;
And all I ask is a windy day with the white clouds flying,
And the flung spray and the blown spume, and the sea-gulls crying.

I must go down to the seas again, to the vagrant gypsy life,
To the gull’s way and the whale’s way where the wind’s like a whetted knife;
And all I ask is a merry yarn from a laughing fellow-rover,
And quiet sleep and a sweet dream when the long trick’s over.

John Masefield - Sea Fever, in Salt-Water Ballads, 1902

21/11/2015

Une semaine dans le ciel : Constable


John Constable - London, from Hampstead Heath in a storm; with double rainbow seen beneath purple masses of cloud / Londres vue de Hampstead Heath pendant un orage; avec un double arc-en-ciel sous des masses de nuages pourpres, 1831
Aquarelle sur papier gris
British Museum
Source

19/11/2015

Ronde de nuit : Mc Dougall


Walt Mc Dougall - Illustration pour Good Stories for Children, The Salt Lake Herald, 26 Juin 1904


Walt Mc Dougall - Illustrations pour Good Stories for Children,  The Salt Lake Herald, 28 Juin 1903



Via l'excellent Monster Brains pour les deux images.

18/11/2015

Nous autres ne sommes que des poèmes composés à 90% de métaphores (toutes choses étant égales par ailleurs)


Ani di Franco - Self evident
du double album So Much Shouting, So Much Laughter (live), 2002 
Mis en ligne par mollywobbles0928



Yes,
us people are just poems
we're 90% metaphor
with a leanness of meaning
approaching hyper-distillation
and once upon a time
we were moonshine
rushing down the throat of a giraffe
yes, rushing down the long hallway
despite what the p.a. announcement says
yes, rushing down the long stairs
with the whiskey of eternity
fermented and distilled
to eighteen minutes
burning down our throats
down the hall
down the stairs
in a building so tall
that it will always be there
yes, it's part of a pair
there on the bow of Noah's ark
the most prestigious couple
just kickin' back parked
against a perfectly blue sky
on a morning beatific
in its Indian summer breeze
on the day that America
fell to its knees
after strutting around for a century
without saying thank you
or please

and the shock was subsonic
and the smoke was deafening
between the setup and the punch line
cuz we were all on time for work that day
we all boarded that plane for to fly
and then while the fires were raging
we all climbed up on the windowsill
and then we all held hands
and jumped into the sky
and every borough looked up when it heard the first
blast
and then every dumb action movie was summarily
surpassed
and the exodus uptown by foot and motorcar
looked more like war than anything I've seen so far
so far
so far

so fierce and ingenious
a poetic specter so far gone
that every jackass newscaster was struck
dumb and stumbling
over 'oh my god' and 'this is unbelievable' and on and
on
and I'll tell you what, while we're at it
you can keep the pentagon
keep the propaganda
keep each and every TV
that's been trying to convince me
to participate
in some prep school punk's plan to perpetuate
retribution
perpetuate retribution even as the blue toxic smoke of our lesson in retribution
is still hanging in the air
and there's ash on our shoes
and there's ash in our hair
and there's a fine silt on every mantle
from Hell's Kitchen to Brooklyn
and the streets are full of stories
sudden twists and near misses
and soon every open bar is crammed to the rafters
with tales of narrowly averted disasters
and the whiskey is flowin'
like never before
as all over the country
folks just shake their heads
and pour

so here's a toast to all the folks who live in Palestine
Afghanistan
Iraq
El Salvador
here's a toast to the folks living on the Pine Ridge reservation
under the stone cold gaze of Mt. Rushmore
here's a toast to all those nurses and doctors
who daily provide women with a choice
who stand down a threat the size of Oklahoma City
just to listen to a young woman's voice
here's a toast to all the folks on death row right now
awaiting the executioner's guillotine
who are shackled there with dread
and can only escape into their heads
to find peace in the form of a dream
cuz take away our playstations
and we are a third world nation
under the thumb of some blue blood royal son
who stole the oval office and that phony election
I mean
it don't take a weatherman
to look around and see the weather
Jeb said he'd deliver Florida, folks
and boy did he ever
and we hold these truths to be self evident:
#1 George W. Bush is not president
#2 America is not a true democracy
#3 the media is not fooling me
cuz I am a poem heeding hyper-distillation
I've got no room for a lie so verbose
I'm looking out over my whole human family
and I'm raising my glass in a toast
here's to our last drink of fossil fuels
let us vow to get off of this sauce
shoo away the swarms of commuter planes
and find that train ticket we lost
cuz once upon a time the line followed the river
and peeked into all the backyards
and the laundry was waving
the graffiti was teasing us
from brick walls and bridges
we were rolling over ridges
through valleys
under stars
I dream of touring like Duke Ellington
in my own railroad car
I dream of waiting on the tall blonde wooden benches
in a grand station aglow with grace
and then standing out on the platform
and feeling the air on my face
give back the night its distant whistle
give the darkness back its soul
give the big oil companies the finger finally
and relearn how to rock-n-roll
yes, the lessons are all around us
and a change is waiting there
so it's time to pick through the rubble, clean the streets
and clear the air
get our government to pull its big dick out of the sand
of someone else's desert
put it back in its pants
and quit the hypocritical chants of
freedom forever
cuz when one lone phone rang
in two thousand and one
at ten after nine
on nine one one
which is the number we all called
when that lone phone rang right off the wall
right off our desk and down the long hall
down the long stairs
in a building so tall
that the whole world turned
just to watch it fall

and while we're at it
remember the first time around?
the bomb?
the Ryder truck?
the parking garage?
the princess that didn't even feel the pea?
remember joking around in our apartment on avenue D?
can you imagine how many paper coffee cups
would have to change their design
following a fantastical reversal
of the New York skyline?!
it was a joke, of course
it was a joke
at the time
and that was just a few years ago
so let the record show
that the FBI was all over that case
that the plot was obvious and in everybody's face
and scoping that scene
religiously
the CIA
or is it KGB?
committing countless crimes against humanity
with this kind of eventuality
as its excuse
for abuse after expensive abuse
and it didn't have a clue

look, another window to see through
way up here on the 104th floor
look
another key
another door
10% literal
90% metaphor
3000 some poems disguised as people
on an almost too perfect day
should be more than pawns
in some asshole's passion play
so now it's your job
and it's my job
to make it that way
to make sure they didn't die in vain
sshhhhhh....
baby listen
hear the train?




Nous autres ne sommes que des poèmes
composés à 90% de métaphores
avec un sens très mince
à la limite de la quintessence
et jadis
nous étions la pâle lueur de la lune
nous précipitant
au fond de la gorge d'une girafe
oui, descendant le long couloir
malgré ce que pouvaient annoncer les haut-parleurs
oui, nous précipitant dans ces longs escaliers
avec le whisky de l'éternité fermenté et distillé
en 18 minutes
nous brûlant la gorge
le long des halls
le long des escaliers
dans un immeuble si haut
qu'il sera là éternellement
oui, c'est la partie d'un duo
là, sur la proue de l'arche de Noé,
le couple le plus prestigieux
garé contre un ciel parfaitement bleu
en un matin de pure béatitude
sous une légère brise d'été indien
ce jour même où l'Amérique
tomba à genoux
après s'être pavanée
pendant un siècle
sans jamais un merci
ou un s'il vous plaît

Et le choc fut supersonique
la fumée étourdissante
entre l'installation et le lieu d'impact
car nous étions tous à l'heure au travail en ce jour
nous avions tous embarqué dans cet avion
et tandis que les flammes faisaient rage
nous avons escaladé les rebords des fenêtres
et nous nous sommes donnés la main
avant de sauter dans le ciel
Et tous les passants ont levé les yeux
quand retentit le premier choc
et tous les stupides films d'actions à 2 balles
furent sommairement surpassés
et l'exode depuis le centre ville, à pied ou en voiture
ressemblait alors plus à une guerre
que tout ce que j'avais pu voir jusqu'à présent
jusqu'à présent
jusqu'à présent
Tellement féroce et ingénieux
un spectre poétique parti tellement loin
que tous ces trouducs de présentateurs TV furent réduits
au silence et aux bégaiements
répétant inlassablement "oh mon dieu" et "c'est incroyable"
et tant qu'on y est, je vais vous dire
vous pouvez garder le pentagone
garder la propagande
garder toutes les TV
qui ont essayé de me convaincre de participer
à un plan de punk de maternelle pour perpétuer la punition
perpétuer la punition
alors même que les toxiques vapeurs bleutées
de notre leçon de réparation flottent toujours dans les airs
et qu'il y a des cendres sur nos chaussures
des cendres dans nos cheveux
et qu'une fine poudre recouvre nos cheminées
depuis Hell's Kitchen jusqu'à Brooklyn*
et les rues abondent d'histoires
de revirements soudains et de ratages à un cheveu
et rapidement, chaque bar ouvert est bondé
surchargé de contes sur des désastres évités de peu
et le whisky coule à flot comme jamais auparavant
tandis qu'à travers le pays les gens secouent la tête
et versent

Alors je lève mon verre à tous les gens qui vivent en Palestine
Afghanistan
Irak
Salvador
A la santé des gens vivant dans la réserve de Pine Ridge
sous le froid regard de pierre du Mont Rushmore
Un toast à la santé des infirmières et médecins
qui offrent quotidiennement un choix aux femmes
qui résistent à une menace de la taille de la ville d'Oklahoma
juste pour écouter la voix d'une jeune femme
Alors, à la santé de tous les gens actuellement
dans les couloirs de la mort
attendant la guillotine du bourreau
enchaînés là avec leur terreur
et pouvant seulement s'échapper dans leurs pensées
pour y trouver la paix sous forme d'un rêve
Enlevez-nous nos playstations
et nous sommes un pays du tiers monde
sous la coupe d'un fils de roi au sang bleu
qui a volé le bureau ovale lors de ces élections bidon
je veux dire
on n'a pas besoin d'un monsieur météo
pour regarder aux alentours et savoir quel temps il fait
Jeb a dit qu'il libèrerait la Floride**,
les gars et, bon sang, l'a-t'il fait ?
Alors nous tenons ces vérités comme évidentes
1 - George W Bush n'est pas président
2 - l'Amérique n'est pas une vraie démocratie
3 - les média ne me dupent pas
parce que je suis un poème obéissant à la quintessence
et que je n'ai pas de place pour un mensonge tellement verbeux
je contemple ma famille l'humanité
et lève mon verre pour un toast

Alors, à la santé de notre dernière gorgée d'énergies fossiles
promettons de nous sortir de cette sauce
effrayons ces essaims d'avions de banlieue
et retrouvons le billet de train que nous avons égaré
car, jadis, la ligne longeait la rivière
et lorgnait les jardinets des maisons
et la lessive étendue la saluait de la main
et les graffitis nous narguaient
de murs de briques en ponts
nous roulions par-dessus les crêtes
au travers des vallées sous les étoiles
et je rêve de voyager pour mes concerts
comme Duke Ellington
dans mon propre wagon
je rêve d'attendre sur les grands bancs de bois blonds
dans une vaste gare irradiant de grâce
et de me lever sur la plateforme
et sentir la brise sur mon visage

Rendez à la nuit son lointain sifflet
rendez son âme à l'obscurité
et envoyez les grandes entreprises pétrolières se faire foutre
et réapprenez le rock n' roll
oui, les leçons nous entourent et un changement est latent
alors il est temps de trier les gravats et de nettoyer les rues
et d'éclaircir l'atmosphère
de faire se rhabiller notre gouvernement
qu'il sorte sa grosse queue
d'un désert qui n'est pas le sien
et cesse ses clameurs hypocrites
sur la liberté éternelle
Car lorsqu'un seul téléphone sonna
en 2001
à 9h10
le 11/9
date qui était aussi le numéro composé***
quand ce dernier téléphone mural sonna
jusqu'à notre bureau et le long du long hall
descendant les longs escaliers
d'un immeuble si haut
que le monde entier s'est retourné
pour le regarder choir

Et tant qu'on y est
vous vous souvenez de la première fois ?
la bombe ? le camion ? le garage ?
la princesse qui n'a même pas senti le petit pois ?****
vous vous souvenez de nos plaisanteries
dans l'appart sur l'avenue D ?

Pouvez-vous imaginer combien de gobelets de café
vont devoir modifier leur logo
pour suivre le fantastique retournement
de la ligne d'horizon de New York ?

C'était une plaisanterie bien sûr
c'était une plaisanterie
alors
et c'était juste il y a quelques années
alors montrons au grand jour
que le FBI en avait fini avec ce dossier
que le complot était évident et crevait les yeux de tous
et examinant la scène
religieusement
la CIA
ou bien est-ce le KGB ?
commettant d'innombrables crimes contre l'humanité
avec ce genre d'éventualité
comme prétexte
pour commettre abus sur abus
alors qu'il ne comprenait rien
regardez, une autre fenêtre à travers laquelle on peut voir
là-haut
au 104ème étage
regardez !
une autre clé
une autre porte
10% réelle
90% métaphorique
3000 et quelques poèmes déguisés en êtres humains
en ce jour presque trop parfait
devraient être plus que des pions
dans le jeu favori de quelque trouduc
alors maintenant c'est votre boulot
et c'est mon boulot
de faire ainsi
de m'assurer qu'ils ne sont pas morts en vain
Chuuuut...
baby, tends l'oreille
entends-tu le train ?


* quartiers de New York 
** Jeb Bush, le frère du sus-cité G.W. Bush 
*** le 911 c'est aussi le numéro des urgences aux usa 
**** référence à un conte pour enfant sur "comment détecter une vraie princesse ?"


Traduction et notes par Claire, en remerciant Jusqu'aux dents



Car nous pleurons la jeunesse de Paris. Et nous pleurons celle de Beyrouth. Et celle de Syrie. Y compris cette part de la jeunesse de Syrie qui meurt sous les roues de nos voitures et de nos camions ou les essieux de nos trains en tentant de trouver asile plus loin, et ailleurs que chez nous. Et nous cherchons quoi chanter en pleurant ou après avoir pleuré, et nous n'arrivons pas à chanter qu'un sang impur abreuve parce que réfléchissez un peu, c'est pour le moins déplacé en la circonstance, et pour exprimer ce que je ressens je ne trouve rien de mieux que ce qu'Ani di Franco chantait (criait) il y a déjà (il n'y a pas si) longtemps ailleurs, dans une situation similaire, toutes choses étant égales par ailleurs, et voilà, c'est tout.