31/01/2014

L'art au travail : Luks


George Luks - The Breaker Boys, ca 1925
Huile sur toile
Collection privée
Via oseculoprodigisoso


Les Breaker Boys triaient à la main le charbon extrait des mines états-uniennes, pour le séparer des impuretés. Âgés de 8 à 12 ans ils travaillaient 6 jours sur 7, 10 heures par jour, sans gants pour plus de rapidité, risquant des blessures aux mains, des brûlures à l'acide sulfurique, des pertes de doigts, voire d'être broyés par les mécanismes des convoyeurs. Tôt ils souffraient d'asthme et de silicose. 

Le travail des enfants dans les mine états-uniennes a perduré jusque dans les années 1920, et a pris fin grâce, notamment, au travail du photographe Lewis Hine



Nina Rosenblum - America and Lewis Hine, 1984
(extrait sur les Breaker Boys)
Mis en ligne par James Von Schilling



Pour ceux qui se feraient des illusions sur notre Vieux Pays, signalons que la fameuse loi de 1874 n'interdisait le travail des enfants que pour les mineurs de 12 ans. Pour interdire l'emploi des mineurs de 18 ans dans des travaux dangereux, il a fallu attendre le décret de 1958.


Et pas si loin de chez nous il y a ça :


Marianna Kaat - La fosse n°8, 2010 (extrait)
Documentaire sur le travail dans les mines illégales du bassin du Donetsk en Ukraine
Mis en ligne par Zkiper99

30/01/2014

DIY : This too shall pass


OK Go - This Too Shall Pass (Rube Goldberg Machine version)
Mis en ligne par OkGo







29/01/2014

Une des petites choses que faisait Pete Seeger


Pete Seeger - Rainbow Quest, émission n°30 : Phạm Duy
Mis en ligne par Minh Quang Lê




Rainbow Quest était une émission de télévision états-unienne où Pete Seeger recevait des folksingers, célèbres ou non. Elle connut 39 diffusions en 1965 et 1966, sur WJNU à New-York (Channel 47), une chaîne UHF à l'audience limitée. L'émission avec Phạm Duy était la 30ème.

Phạm Duy, l'un des plus grands musiciens et chanteurs vietnamiens du XXème siècle, rejoint le Viêt-Minh en lutte contre l'occupation française, puis le quitte six ans plus tard car il ne supporte plus d'être censuré et traité de "subjectif, petit-bourgeois et romantique". Il retourne alors à Hanoï, puis s'installe à Saïgon qu'il quitte pour les Etats-Unis en 1975. Il se réinstalle au Viet-Nam en 2005. 

Phạm Duy est mort à Hô-Chi-Min-Ville le 27 janvier 2013, exactement un an avant Pete Seeger.


Et à propos de Pete Seeger (3 Mai 1919 - 27 Janvier 2014), on peut aussi lire ceci.


28/01/2014

27/01/2014

L'art de la cuisine : Cocteau


Jean Cocteau dans la cuisine de son appartement au Palais-Royal
Via Yvette Gauthier

25/01/2014

La vi(ll)e liquide


Sète, Canal royal, 23 Octobre 2013






Et pendant ce temps-là...

24/01/2014

Rien de plus stable


Ali & Hèdi Tabet - Rayahzone
Danseurs : Ali et Hèdi Tabet, Lionel About
Direction musicale et chant : Sofyann Ben Youssef
Chanteurs soufis : Mehdi Ayechi, Mourad Brahim, Walid Soltan, Nidhal Yahyaoui
Mis en ligne par HellenicFestival



Avant-hier soir au théâtre de La Paillade.

Les frères Hèdi et Ali Tabet, nés en Belgique d'un père tunisien et d'une mère belge, ont d'abord fait des études de cirque. Ali poursuit ensuite une carrière de danseur, notamment avec Sidi Larbi Cherkaoui. Hèdi est privé d'une de ses jambes, à 18 ans, par un cancer. Aujourd'hui il danse avec son frère et le circassien Lionel About : sur des chants soufis, ils interprètent trois personnages : la mort, la raison, la folie.




"La jambe des raisonneurs est en bois - rien de moins stable qu'une jambe de bois"
Djalâl ad-Dîn Rûmî - Masnavî




Et pendant de temps-là...
...à propos de La Paillade : Nourdine Bara

23/01/2014

Sovietica : baisers passés


Vitaly Komar & Alexandre Melamid – Il y a trente ans, 1953
huile sur toile, 1982-1983



Ce tableau, qui fait évidemment référence à la date de la mort de Staline (5 Mars 1953), fait partie de la série Réalisme socialiste nostalgique tout comme le saisissant Quand j'étais enfant une fois j'ai vu Staline.  Komar et Melamid font partie des pionniers du SotsArt.

L'annonce de la mort du despote rencontre un baiser, une explosion de joie traitée dans un style parodiant le réalisme socialiste (le bras levé typique des icônes triomphalistes, le décor sobre et pompeux, le portrait au mur) tout en en dissonant de façon provocante (les mains aux fesses, les jambes en l'air de la jeune fille - komsomolette en socquettes ?) L'écart est redoublé par le titre nostalgique : c'était il y a trente ans, et que reste-t-il de cette joie-là ?


"Leurs tableaux sont un sorte de psychanalyse sociale qui dévoile la mythologie enfouie dans l'inconscient du soviétique, mythologie qu'il ne se décide pas à s'avouer lui-même. Sous les nombreuses couches des interdits de la censure, (la censure «libérale» refuse tout ce qui est lié à la symbolique officielle de la période stalinienne; la censure stalinienne tout ce qui est individuel, «décadent», «concupiscent», occidental; la censure soviétique tout ce qui est érotique [...]) s'est accumulé dans l'inconscient soviétique tout une série d'associations et de constructions internes qui réunissent, dans un même réseau mythologique, l'Occident, l'érotisme, le stalinisme, la culture historique et l'avant-garde. [...] Komar et Mélamide ne conçoivent absolument pas leur soc-art comme une simple parodie du réalisme socialiste. Il s'agit bien plus  de la découverte en eux-mêmes d'un principe universel, d'une composante collective qui les unit aux autres,où cohabitent l'histoire personnelle et l'histoire collective symbolisée par les accords de Yalta...



Vitaly Komar & Alexandre Melamid - La conférence de Yalta, 1982
huile sur toile



...qui confortent le partage du monde en deux blocs, chaque bloc faisant office de «nuit», d'«autre», d'«inconscient», de domaine des fantasmes utopiques et négatifs de l'Autre. Cette partition du monde a fait que ces artistes regardaient vers l'Occident lorsqu'ils étaient encore à Moscou  et ont souhaité reconstruire leurs traumatismes de l'Est une fois arrivés en Occident. La frontière politique coïncide en quelque sorte avec la frontière floue entre le conscient et l'inconscient de peintres qui changent de place constamment en fonction de la perspective occidentale ou orientale choisie.


Boris Groys - Staline œuvre d'art totale, trad. Edith Lalliard, Jacqueline Chambon éd. 1990, pp. 140-142.




Quand ils livrent des explications sur ce tableau, Komar et Melamid ont coutume de répondre qu'il représente une coïncidence - un baiser et la mort de Staline. Cette coïncidence, Breton l'aurait nommée hasard objectif et Walter Benjamin - avec plus d'à-propos puisqu'il faut aussi y déceler la part de nostalgie préméditée - y aurait vu une image dialectique.



Bonus :  Boris Groys sur Kojève (52', anglais)

21/01/2014

The cat's meow : avec les os


(Deux des) Carolina Chocolate Drops - Old corn likker (trad.) 
Rhiannon Giddens, banjo - Dom Flemons, os
Mis en ligne par SoundTracksQH




I got drunk and fell off the wagon,
Old corn liquor don't take no draggin'...


20/01/2014

Préhistoire


Artefacts préhistoriques : grattoir paléolithique, céramiques néolithiques et chalcolithiques, image représentant peut-être un dignitaire
Collections de la mairie de Castelnau-de-Guers, Hérault



C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que des problèmes qu'elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. À grands traits, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être qualifiés d'époques progressives de la formation sociale économique. Les rap­ports de production bourgeois sont la dernière forme contradictoire du processus de produc­tion sociale, contradictoire non pas dans le sens d'une contradiction individuelle, mais d'une contradiction qui naît des conditions d'existence sociale des individus; cependant les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions matérielles pour résoudre cette contradiction. Avec cette formation sociale s'achè­ve donc la préhistoire de la société humaine.

Karl Marx - Critique de l'économie politique, 1859, Préface

19/01/2014

Ciel léger, ciel changeant, ciel lourd


Les promeneurs de Maguelone, 1er Janvier 2014

18/01/2014

L'art de la cuisine : Ciprian Mureşan


Ciprian Mureşan - Choose, image vidéo fixe/split screen d'une séquence vidéo, 2005 (interprétation : Vlad, fils de l'artiste)


Ciprian Mureşan : Cette idée est issue d'une conversation avec mon fils. Nous avions conclu que, bien que Pepsi et Coca-Cola aient le même goût et représentent presque le même produit, ils ont des images très différentes. Ils sont engagés dans une sorte de guerre publicitaire, et pourtant ils sont identiques pour l'essentiel. Pour plaisanter nous nous sommes demandé quelle sorte de produit nous pourrions obtenir en mélangeant deux choses qui sont en même temps identiques et différentes. Vous voyez, Pepsi a une place à part dans le passé communiste de la Roumanie; ce soda s'est arrangé pour pénétrer dans le pays avant la Révolution, et il avait un petite part de marché. Je ne sais comment il est entré, puisque nous étions supposés n'avoir aucune sorte de contact avec les valeurs ou produits occidentaux. 


Emily Nathan : Alors la canette de Pepsi était un cheval de Troie ? Un canal clandestin de l'influence  occidentale en Roumanie ?


Ciprian Mureşan : Oui, et c'est bien de cela qu'il s'agissait, de canaux clandestins. En Roumanie, nous étions isolés des autres pays du Bloc de l'Est; ce n'était pas facile de voyager en URSS ou en Allemagne de l'Est, par exemple. Le régime nous avait donné à tous le même système, mais en Roumanie nous ne savions pas grand'chose des méthodes qu'employaient les Tchèques ou les Polonais pour s'arranger de ces limitations partagées. Nous étions isolés à la fois de l'Ouest - "l'ennemi" - et de nos voisins gouvernés derrière le même Rideau de Fer. Même si l'aliénation était conditionnée différemment, c'était au bout du compte la même. Peut-être que Choose reflète ça.

trad. les chats.



17/01/2014

Les vacances du bestiaire : Hokusaï


Katsushika Hokusaï - Tako to ama / Les poulpes et la plongeuse, ca 1814
Source



Au British Museum vient de se terminer une grande exposition consacrée au Shunga - l'art de l'estampe érotique japonaise - dont cette gravure est un des exemples les plus connus



16/01/2014

Société du spectacle : Ballet russe (Somov, suite et fin)


Konstantin Andréïévitch Somov – Ballet russe, 1930
Si nécessaire, cliquer ou tapoter sur les images pour les voir en entier
Source



Constantin Somov (1869-1939) faisait partie de la génération (et du groupe) de Mir Iskousstva - le Monde de l'Art (Alexandre Benois, le Serge Diaghilev d'avant les ballets russes, Anna Ostroumova-Lebedeva, Mstislav Doboujinski...) c'est-à-dire, pour simplifier, la forme russe de l'Art Nouveau. Grand portraitiste, il fut aussi un recréateur du rococo dans des scènes à la Watteau, ce qui n'était pas le chemin le plus facile pour un peintre russe dans les années 1920. Emigré en 23, il tente sa chance sans succès aux Etats-Unis et s'établit en France, jusqu'à sa mort en 39. Homosexuel comme plusieurs miriskousniki, Somov a également peint des scènes doucement érotiques célébrant les corps autant masculins que féminins

Il est enterré au fameux cimetière russe de Sainte-Geneviève des bois. A la nuit tombée, il y retrouve les fantômes de Yoska Nemeth, Rudolf Noureiev, Andreï Tarkovski, Serge Poliakoff, Ivan Bounine, Andreï Amalrik, des deux Zinaïda, Serebriakova et Hippius, sans compter un wagon de princes en exil et une file de chauffeurs de taxi. Ils regardent les reflets de lune jouer sur le petit bulbe de Notre-Dame de la Dormition, ils boivent une ombre de vodka et comme tous les fantômes qui s'ennuient, ils refont le monde - tout particulièrement la Russie, qui en a bien besoin.

Récemment, la cote de Somov a explosé, comme celle d'autres peintres russes. Mais ce n'est pas pour cette raison qu'il fait partie des peintres préférés des chats.


15/01/2014

Miroir de six années : Somov, encore


Konstantin Andréïévitch Somov - Autoportrait dans le miroir, 1928
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Konstantin Andréïévitch Somov - Autoportrait dans le miroir, 1934
Source

14/01/2014

L'art de la fenêtre : Somov


Konstantin Andréïévitch Somov - Открытая дверь в сад / Porte ouverte sur un jardin, 1934
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Via d1nny

13/01/2014

Les vacances du bestiaire : l'aquarium aux tortues (et la caserne Bellavista)


Herbert Bolivar Tschudy (H.B. Judy) - Turtle tank around, 1920
Si nécessaire, cliquer ou tapoter sur l'image pour la voir en entier
Via The Linosaurus



L'excellent Linosaurus consacre une série aux graveurs et peintres qui fréquentaient l'aquarium de New York (l'ancien, celui de Battery Park avant son transfert à Coney Island) au cours des années 20 et 30 du siècle dernier. Voir ici son article sur Emma Bormann et là celui sur Mabel Dwight - ce qui me permet de rappeler ceci.

L'occasion également de souligner cette évidence : on peut ne pas enfermer des animaux dans des espaces carcéraux. Le Costa-Rica, petit pays hors norme, vient de décider de fermer ses zoos. En Mai prochain les animaux capables de se débrouiller tout seuls seront relâchés dans la nature, les autres dans des réserves appropriées. Le Costa-Rica vient également d'interdire la chasse sportive, notamment celle des tortues marines.

A noter enfin que le Costa-Rica fait partie des rares pays sans armée (1). À l'issue d'une ultime guerre civile l'armée costa-ricaine a été abolie le 1er Décembre 1948. Ce jour-là, le président José Figueres Ferrer a symboliquement abattu...





...un pan de mur de la caserne Bellavista, devenue depuis un musée. Au Costa-Rica le 1er Décembre est un jour de fête : la fête de l'abolition de l'armée. Il est des célébrations moins glorieuses.  


(1) Merci à Didier pour l'information.

12/01/2014

Duos : Arbus


Diane Arbus - Un couple d'aveugles dans sa chambre, Queens NY, 1971

11/01/2014

10/01/2014

A une passante : Degas/Couperin


Edgar Degas - Femme en costume de ville, portrait d'Ellen Andrée, 1879 
Pastel 
Collection privée
Source



François Couperin - Les Barricades mystérieuses, 6ème ordre du second livre de pièces de clavecin, 1716
Sylviane Deferne
Mis en ligne par sdoyt

08/01/2014

Transports en commun : Serban Savu


Serban savu - The edge of the empire, huile sur toile, 2008
Via Galeria Plan B, Cluj/Berlin

05/01/2014

Un dernier malheur pour la fille d'Œdipe



Montpellier, quartier Antigone, 31/12/2013


C'est sous un ciel bas et gris, par une veille de fête, qu'il faut voir cette part de la ville. Le vent balaie des places vides, surdimensionnées - comme si les dieux grecs dont elles portent les noms les avaient laissées à leur sort.




Χορός

εὐδαίμονες οἷσι κακῶν ἄγευστος αἰών.
οἷς γὰρ ἂν σεισθῇ θεόθεν δόμος, ἄτας
οὐδὲν ἐλλείπει γενεᾶς ἐπὶ πλῆθος ἕρπον· 585
ὅμοιον ὥστε ποντίαις οἶδμα δυσπνόοις ὅταν
Θρῄσσαισιν ἔρεβος ὕφαλον ἐπιδράμῃ πνοαῖς,
κυλίνδει βυσσόθεν κελαινὰν θῖνα καὶ
δυσάνεμοι, στόνῳ βρέμουσι δ᾽ ἀντιπλῆγες ἀκταί.

ἀρχαῖα τὰ Λαβδακιδᾶν οἴκων ὁρῶμαι
πήματα φθιτῶν ἐπὶ πήμασι πίπτοντ᾽,

ὐδ᾽ ἀπαλλάσσει γενεὰν γένος...  


Le Choeur
Heureux ceux dont la vie n'a jamais connu le goût du malheur ;
Ceux dont la maison a été ébranlée par un Dieu, le malheur
Ne cesse jamais de ramper sur les générations qui suivent sans épargner personne ;
Il s'acharne comme la houle
Venue du large, quand poussée par les terribles bourrasques
De Thrace elle survole les ténébreux abîmes de la mer
Et arrache de ses profondeurs
De noirs tourbillons de vase, et que, frappés de plein fouet,
Les promontoires font entendre leurs lourds grondements.
Ils remontent à des temps anciens les maux que je vois
Se succéder et s'acharner à détruire la maison des Labdacides,
ll n'est pas une génération qui en libère une autre...






Le vent souffle sur les quelques passants qui se hâtent - comme si les dieux depuis longtemps absents vous murmuraient à l'oreille cette question : quel est le destin des Villes ? Comment tomberont un jour ces murs ? Quand n'y verra-t-on plus que les bêtes errantes ? Les bergers mèneront-ils leurs troupeaux entre ces colonnades à demi écroulées, comme dans ces tableaux qu'on appelle des Capricci..?


Giovanni Antonio Canal, dit il Canaletto - Capriccio, ca 1730 Gallerie dell'Accademia, Venise



...τό τ᾽ ἔπειτα καὶ τὸ μέλλον
καὶ τὸ πρὶν ἐπαρκέσει
νόμος ὅδ᾽, οὐδὲν ἕρπει
θνατῶν βιότῳ πάμπολύ γ᾽ ἐκτὸς ἄτας...
 
...Ce qui nous attend, le futur,
Et le passé confirmeront
Cette loi ; Rien d'excessif ne s'insinue
Dans la vie des mortels qui ne l'expose au malheur..







...σοφίᾳ γὰρ ἔκ του κλεινὸν ἔπος πέφανται.
τὸ κακὸν δοκεῖν ποτ᾽ ἐσθλὸν
τῷδ᾽ ἔμμεν ὅτῳ φρένας
θεὸς ἄγει πρὸς ἄταν·
πράσσει δ᾽ ὀλίγιστον χρόνον ἐκτὸς ἄτας.

...Elle est empreinte de sagesse
Cette célèbre phrase d'un inconnu :
Celui qui prend un mal pour un bien
A l'esprit égaré par un Dieu
Qui le plonge dans le malheur;
Il ne lui reste que peu de temps avant qu'il s'en rende compte.
Sophocle - Antigone, 442 AEC, 582-625
Traduction de rené Biberfeld








Le quartier Antigone de Montpellier a été construit à partir du début des années 1980 par Ricardo Bofill et le Taller de arquitectura, dans un style qui allie pastiche néo-classique et béton précontraint dans une sorte de brutalisme kitsch - et qui fut, sous des dehors sociaux, la forme française du postmodernisme architectural. Le but apparent de cette opération d'urbanisme était de dépasser (faire oublier ?) l'opposition entre le centre ancien et bourgeois de la ville et les cités périphériques, populaires et (donc) immigrées construites dans les années 60 comme La Paillade et le Petit Bard. Trente années plus tard, non loin de l'hypercentre, la misère est toujours là, galopante.

Le quartier d'Antigone doit son nom à sa situation dans le prolongement du Polygone, centre commercial sur dalle typique des années 1970 édifié sur l'emplacement d'un ancien quartier militaire incluant un polygone d'artillerie : Polygone/Antigone. L'héroïne du mythe antique, exemple princeps de la révolte contre l'autorité injuste, est ainsi rappelée à la vie par association avec un champ de tir - ultime mésaventure qui relève soit de la mauvaise plaisanterie soit, comme dirait tonton Sigmund, d'un retour du refoulé chez les édiles et les urbanistes, organisateurs de nos futures ruines.


03/01/2014

A une passante : Bonnard


Pierre Bonnard - Le faux pas, ca 1891
Encre et aquarelle
Metropolitan Museum of Art, New York

01/01/2014

DIY : aimez-vous Brahms ?


Johannes Brahms - Danse hongroise n°5 en fa dièse mineur, 1867
Interprétée par Len Solomon sur le Majestic Bellowphone
Mis en ligne par bellowphone


Johannes Brahms, les tziganes, Charlie Chaplin, Ingrid Bergman, Anthony Perkins et l'œil des chats vous souhaitent un bon an 14 - sans 18, de préférence.