Marc Edmund Jones écrivit pour Les Pulp magazines, fut scénariste à Hollywood (et parmi les fondateurs de la Screenwriters Guild) avant d'avoir, un jour de 1925 à Balboa Park, San Diego, la révélation des Sabian Symbols et de devenir un des papes de l'astrologie états-unienne - ainsi que, plus tard, pasteur presbytérien à Esparto, Californie (dans le comté de Yolo, ça ne s'invente pas).
Charles Fulton Oursler était journaliste et editor (notamment à Liberty et au Reader's Digest).
Il écrivait des romans policiers et se passionnait pour la magie. Il
mena des campagnes, avec Houdini, contre les charlatans de
l'illusionisme. Il est surtout connu pour les deux films tirés de livres
écrits par lui, The Spider (oui, la magie) et The greater story ever told, une vie de Jésus-Christ (oui, le catholicisme, il s'était converti sur le tard).
Mais rien qu'à lire ce résumé imdb, j'aimerais bien voir un jour The Circus Queen Murder, un bon vieux pre-Code tourné par Roy William Neill à partir d'une histoire d'Oursler :
Suave,
lip-reading DA Thatcher Colt plans to get away from the big city for a
while. So he and his secretary, Miss Kelly hop on a train for an Upstate
NY town called Gilead. They expect a calm oasis, but when a small time
circus rolls into town they soon find themselves caught up in a sordid
tale of marital infidelity, murder, cruelty to animals, and cannibalism.
Tous deux sont faits à l'Académie Julian, qui était en ce temps-là la seule école d'art ouverte aux femmes, dans des ateliers séparés qui se tenaient rue de Berri. Sur une photo d'époque d'un de ces ateliers, on peut voir...
...sur le mur du fond...
...des portraits de la jeune indienne.
On ne sait pas si la modèle était vraiment amérindienne. On ne sait d'ailleurs rien d'elle (1). On connaît très peu de peintures de Lucie Attinger, qui poursuivit une carrière d'illustratrice, pour des images d'Epinal et des revues. Le seul tableau qu'elle ait exposé au Salon, en 1889, représente précisément l'Atelier des Dames à l'Académie Julian...
Lucie Attinger - Mon atelier
Huile sur toile
...où elle figure, à gauche, de face, en train de dessiner le spectateur.
(1) On n'en saura pas plus, mais on apprendra autre chose, si l'on veut, ici, là ou encore là.
...qui remplacent les zeppelins à partir de mai 1917.
Le raid du 13 juin 17 fit plus de 100 morts et de 400 blessés à Londres. Les Gothas bombardèrent Londres jusqu'à mai 1918 et le bilan fut de plus de 600 morts et près de 2000 blessés dans la zone métropolitaine. À titre de comparaison, les raids de Gothas firent près de 800 morts à Paris pour la seule année 1918.
La première bombe larguée d'un avion fut italienne, sur la Libye. Mais les bombardements stratégiques de populations civiles datent de la première guerre mondiale.
L'autre endroit où le temps s'arrête, dans la ville futuriste, c'est évidemment...
Sybil Andrews - Coffee Bar, 1952
Linogravure
...le bar du coin.
Où on s'accoude, bien carré et bien à la mode, mais décontracté. Enfin, disons : moins contracté que d'habitude.
En attendant que ça se passe.
Sans éviter la question. l'interrogation profonde, quasi-métaphyique, de la discussion de café : qu'est-ce qu'on sent venir ? Et qu'est-ce qui va se passer, exactement ?
Pourtant, dans la ville futuriste, il existe des endroits où le temps suspend son vol. Au moins deux. Le premier...
Cyril Edward Power - The exam room, ca 1934
Linogravure
...c'est la salle d'examen. ici, on peut écouter le silence, regarder les mouches voler, sucer des crayons, rêver, s'imaginer qu'elle est retrouvée, prendre son temps - à ses risques et périls certes, mais le prendre. L'examen, le contrôle, dans la ville futuriste, c'est sacré.
Et dès qu'on a mis le pied sur le quai de métro de la ville futuriste, un premier constat s'impose : le futur ressemble au passé. Mais en plus mécanique, en mieux éclairé et en plus rapide. On pourrait même conjecturer que ce futur du passé ressemble à notre présent, mais cela nous mènerait de la conjecture au malaise - si nous sommes déjà dans le futur, quel est notre avenir, au juste ?
On peut arriver dans la ville futuriste par le métro, c'est même le moyen le plus pratique. Où l'on remarque d'ailleurs que le futur a abandonné les smartphones pour ce média avant-gardiste, biodégradable et disruptif : le papier.
Illustration de couverture tirée de : Hans (ou Jan) Wedeman de Vries, Perspective.
C'est en l'an 79 du siècle dernier que Gilbert Lascault (25 octobre 1934 - 19 décembre 2022, Strasbourg-Paris, ceci étant, hélas, une entrée d'obituaire) - que Gilbert Lascault, donc, fit paraître ce quatrième tome de sa...
...Petite tétralogie du fallacieux (1975-1979), depuis rééditée en un volume. Et c'est donc en mémoire de son auteur que l'on va, profitant de ce Voyage d'automne et - comme par les temps qui courent, chaudement certes, aujourd'hui - d'hiver, jeter un œil sur...
Margaret Clarke - The Wife / The Haircut, ca 1926-27
Orpen, qu'on a vu hier, était Irlandais. Jusqu'en 1915, partageant son temps entre Londres et Dublin il fut visiting teacher à la Dublin Metropolitan Art School. En 1906 il y remarqua Margaret Clarke, une jeune institutrice qui avait suivi les cours du soir pour obtenir une bourse d'études en art. Cinq ans plus tard elle obtint son diplôme, devint l'assistante d'Orpen et le remplaça à son départ. Elle travailla surtout comme portraitiste (pour Eamon de Valera, entre autres) et entra à la Royal Hibernian Academy (1) en 1926.
Dans The wife / The haircut elle se peint avec son mari Harry Clarke, artiste verrier tuberculeux qu'elle soigna jusqu'à sa mort en 1931. La beauté du tableau tient en partie à son ambigüité puisqu'il fait référence au mythe de Samson et Dalila.
et je dois dire que j'aime beaucoup aussi...
Margaret Clarke - Bath Time at the Crèche, ca 1925
National Gallery of Ireland
(1) Hibernia, c'est le nom latin (et quasi-lovecraftien) de l'Irlande.
Le tableau est un hommage à (et une confrontation avec) celui de Monet qu'on voit sur le mur du fond :
Claude Monet - Le Bassin d'Argenteuil avec un seul voilier, 1874
Huile sur toile
Tableau qu'Orpen possédait à l'époque, et qui se trouve aujourd'hui à la National Gallery of Ireland. On notera le reflet qui se surajoute à ceux du bateau, peints par Monet (et qu'Orpen a modifiés ici, comme d'autres parties d'ailleurs) :
Comme une volonté d'incorporer une œuvre à l'autre, et de transformer la modèle d'Orpen en baigneuse d'Argenteuil, à un demi-siècle d'écart.
Patrick Proctor naquit à Dublin mais vécut et travailla en Angleterre à partir de 1940. Avant de faire ses études d'art à la Slade il travailla comme interprète (du russe) au British Council, séjourna trois fois en Union Soviétique et devint un peu marxiste, mais sans plus. Grand ami et très proche stylistiquement de Hockney (il apparaît dans A bigger splash), on le rattache généralement aux artistes de la New Generation dont le grand moment fut l'exposition de 1964.
Ici il fait le portrait de son amour (fou) du moment, Gervase Griffiths, mannequin et chanteur d'un groupe folk psychédélique marginal, auquel il consacra une exposition entière (pas moins de 44 tableaux) à New York, exposition qui fut un échec total. Gervase Griffiths le quitta peu après pour aller s'initier au vaudou à Port-au-Prince, en tira un spectacle - raté lui aussi, et retourna rentrer dans le rang, agent d'assurance en Afrique du Sud. Procktor, de son côté, épousa une veuve et continua à peindre - dans l'ombre grandissante de David Hockney.
On pourrait rapprocher Gervase III du portrait de Procktor, par Hockney précisément...
David Hockney - The Room, Manchester street, 1967
Acrylique sur toile
David Hockney Foundation
(celui qu'il éclaire au briquet dans A bigger splash, en manière de provocation, devant un Procktor médusé)...
et se dire que, eût-il fait d'autres rencontres, des galerie commerciales l'eussent-elles plus énergiquement poussé, Procktor aurait peut-être été à la place de Hockney, en moins hiératique. Mais ce ne fut pas le cas et, comme on dit en anglais, C'est la vie.
Patrick Procktor - Boy with a facial eruption, 1967
Acrylique sur toile
Redfern Gallery
On peut voir ici certaines des illustrations que Procktor a réalisées pour The Rime of the Ancient Mariner de Coleridge.
La dernière exposition parisienne de Procktor était chez loveandco.