30/04/2014

Parcs et jardins : Aaron Coberly


Aaron Coberly - Back Yard Yellow Bush
Via pix77




Le site de l'artiste.

28/04/2014

Fantômes à la rencontre : city of shadows


Alexeï Titarenko - de la série City of shadows, 1992-94
Source


En jouant sur la durée d'exposition, Alexeï Titarenko transforme en ombres les habitants d'une ville. Que cette ville soit Piter, et au moment précis où s'écroule l'empire qu'elle a vu naître - cela n'en fait pas pour autant des images circonscrites ou de circonstance. 

De même que Piter, ville jeune (1) est pourtant déjà riche en fantômes, de même le soviétisme est le plus récent exemple (2) d'un empire moderne que deux générations seulement auront vu naître, croître, vaincre, s'étendre à la moitié du monde et s'effondrer sans crier gare. Et ce qui nous fascine dans cette histoire c'est bien le pressentiment que d'autres empires pourront suivre, tout aussi précipitamment. Et que de cette foule fuligineuse nous faisons partie, peut-être, aussi, déjà.



(1) Rappelons que, selon les chronologies officielles, la ville de Detroit, Michigan est plus ancienne que Saint-Pétersbourg. 

(2) Après les empires coloniaux, bien sûr.





27/04/2014

Ciel... Johansson


Stefan Johansson - Afton efter regn / Le soir après la pluie
Via poboh

26/04/2014

Signes et prodiges : histoires d'écriture


"Mardi 14, Rien" - Journal de Louis XVI, juillet 1789



Villeneuve - Louis le traître lis ta sentence, 1793 
Eau-forte et aquatinte
Via Geisterseher



Sur le fameux "Mardi 14, Rien", on lira l'analyse de Philippe Lejeune pour qui Louis XVI est le premier roi de France a avoir eu une écriture réellement privée. Son journal était un journal des chasses et des événements auxquels le roi participait directement (soit un défilé de cerfs, de biches, de vêpres et de grand-messes, sans aucune note politique). Les notations étaient compilées avec un retard d'un mois - ici en Août donc, au moment où Louis XVI savait pertinemment que quelque chose s'était passé. Le roi chasseur était devenu gibier.

Les eaux-fortes de Villeneuve reflètent un sentiment anti-royaliste exacerbé, sous une forme violente - le sang, les têtes coupées et la guillotine y ont la part belle. En même temps, selon les recherches d'Annie Duprat, Villeneuve ne paraît pas avoir eu un comportement particulièrement terroriste dans sa section des Thermes-de-Julien, en sorte qu'il réussit à passer sans ennuis le cap de Thermidor. À la Restauration il est totalement reconverti et l'artiste qui en 1793 imaginait la Réception de Louis Capet aux enfers dessine en 1814 un "Louis XVIII le désiré" et un portrait de Son Altesse Royale Monsieur, Comte d'Artois frère du Roi.

Un bras musculeux traverse la paroi d'un mur - ce n'est plus le doigt de Dieu qui signifie à Balthazar son Mané, Thécel, Pharès, mais celui d'un homme d'en bas, d'un prisonnier qui se libère. Malgré la référence au jugement dernier c'est une main humaine qui écrit la sentence divine, non pas du doigt mais de la plume. L'outil du graveur n'est cependant pas de plume mais d'acier - et cet acier on le retrouve en bas de l'image, cette guillotine en médaillon, à l'emplacement où Villeneuve fait souvent figurer une tête coupée.

Intéressant contraste entre une écriture privée à la tête de l'état - Lejeune, à raison, voit dans ce type de journal l'avènement de l'intimité - et une écriture publique, quasiment sacrée, censée venir du corps de la Nation.





On trouvera sur Gallica d'autres gravures de Villeneuve, ici le chapitre sur Villeneuve de l'Histoire de la caricature sous la République, l'Empire et la restauration, par Champfleury, et enfin là l'édition Nicolardot du Journal de Louis XVI. Pour les férus d'authenticité, la vraie page incriminée du vrai Journal devrait ressembler à ça, oui, ça, là, que j'ai trouvé dans le boudoir.

25/04/2014

Le greffe : bienvenue au bureau




Hiroyuki Morita - 猫の恩返しNeko no Ongaeshi / La gratitude du chat ou Le royaume des chats, 2002
Via Kansas Sire




Je préfère de loin le Bureau des chats de la version anglaise au mièvre royaume français. D'autant qu'il fait penser au livre de Miyazawa.

24/04/2014

23/04/2014

Ciel... Algernon Newton (encore)


Algernon Newton - The Surrey Canal, Camberwell, 1935
Via real funny lady

22/04/2014

Votez Hopscotch


Nicolas Grollier de Servière - Recueil d’ouvrages curieux de mathématique et de mécanique, ou Description du cabinet de M. Grollier de Servière, avec des figures en taille-douce, 1719
Via Geisterseher



(Ceci est une nouvelle et modeste contribution à l'année Cortázar.)


En 1971, quand j'achetai mon exemplaire de Marelle (Rayuela, Hopscotch) à la défunte librairie La Joie de Lire, quelle ne fut pas ma surprise de constater, une fois assis dans le métro Austerlitz-Auteuil, en l'ouvrant au chapitre 1,  que j'étais au chapitre 155. Je me trouvais l'heureux propriétaire d'un collector, un véritable tirage pour Cronope, un Marelle relié à l'envers...





...ce qui rendait encore plus aventureuse l'exploration de cet ouvrage qui se lit, comme on sait, en zigzag ou pire, comme au chapitre 34.

On ne décrit pas Marelle, on ne peut pas faire de tirade pédante ou de fine allusion à propos de Marelle. On n'explique pas Marelle. On tombe dedans, et on rencontre plus tard des gens qui sont tombés dedans aussi, qui vous répètent un bout de Marelle ou qui vous disent 

- Et le chapitre 21 ("rentrez chez vous et lisez Spinoza...")

- Et quand Rocamadour...

et vous dites oui évidemment, bien sûr... et vous les laissez partir du pas légèrement hésitant de ceux qui n'ont pas pu dire exactement ce qu'ils ressentaient et puis le soir même vous rouvrez ce foutu bouquin plein de petits numéros qui ne se suivent pas et qui sont faits pour lire plusieurs livres l'un dans l'autre, dans un sens ou dans l'autre ou, encore mieux, comme au chapitre 34.

Marelle est une compagne d'insomnie, un Baedeker du surréel, un guide des égarés pour qu'ils s'égarent plus encore...

Paris est une énorme métaphore (26)

un mandala qu'il faut parcourir sans dialectique (93)

La vie, comme un commentaire de quelque chose d'autre que nous ne pouvons atteindre, qui est là, à portée du saut que nous ne faisons pas (104)


...et Marelle c'est la Maga (la Sibylle, dans la traduction de Laure Guille, les angles et saxons ont gardé la Maga) et il fut un temps où chez toutes les filles on cherchait subrepticement la Maga et ce qui compliquait tout c'était ces filles qui se prenaient elles aussi pour la Maga - puis comme nous avons été désorientés quand nous avons appris que la Maga avait peut-être aussi existé.

Il y a un monde particulier des lecteurs de Marelle, qui intersecte en quelques points le monde dit réel, quand par exemple vous passez rue de l'Estrapade (il ne faut pas trop chercher le n°4, mais je vous assure que j'y ai habité) ou que vous entendez



Germaine Montero - Les amoureux du Havre
Paroles et musique de Léo Ferré
Mis en ligne par Coline P.


ou encore



Louis Armstrong - Don't you play me cheap
Mis en ligne par Bebop KID



Aussi, comprenez que mon cœur a tressauté quand j'ai lu la liste des nominés des Daphne Awards 1963:


Fiction :
"Hopscotch" by Julio Cortázar
"Girls of Slender Means" by Muriel Spark
"The Bell Jar" by Sylvia Plath
"Cat's Cradle" by Kurt Vonnegut
"The Man Who Fell to Earth" by Walter Tevis
"V" by Thomas Pynchon


Ca, c'était la première liste - la dernière en date, la voici :

"Hopscotch" by Julio Cortázar
"The Bell Jar" by Sylvia Plath
"The Grifters" by Jim Thompson
"The Clown" by Heinrich Böll
"Ice Palace" by Tarjei Vesaas
"Dreambook for our time" by Tadeusz Konwicki
"The sailor who fell from grace with the sea" by Yukio Mishima

Vous aurez compris que les Daphne que décerne Bookslut récompensent le meilleur roman de l'année (il y a d'autres catégories) à cinquante ans d'écart - pour mémoire, le National Book Award de 1963 était Le centaure de John Updike, et le Goncourt de la même cuvée, hum, vous ne devinerez pas. Personnellement je pense la même chose que Dennis Abrams : un prix qui met sur la même ligne de départ Cortázar et Jim Thompson (1) est digne de durer. J'ai voté Hopscotch, vous pouvez voter aussi.




(1) The Grifters, lent, tordu, souple et vipérin, est sur ma propre liste des meilleurs romans noirs de tous les temps.


21/04/2014

Le bar du coin : Valerio Cugia


Valerio Cugia - Fille à la mort subite, 2010
Huile sur toile
Via Lezersenboeken




Et pendant ce temps-là...

20/04/2014

L'art de la fenêtre : Deineka


Alexandre Deineka - Rome, la ruelle, 1935
Source

19/04/2014

Les formes de la conversation (5) : le conciliabule


Etienne Dinet (Nasreddine Dinet) - Conciliabule dans la nuit
Via Underpaintings




Etienne Dinet avait la particularité d'être à la fois un peintre orientaliste et un critique opiniâtre de l'arabophobie de son temps (et du nôtre, d'ailleurs). Chose rare chez les peintres de l'école, il apprit l'arabe et poussa l'acculturation jusqu'à la conversion à l'islam - ce qui  lui valut une franche hostilité dans les milieux artistiques français. Une grande partie de son œuvre dégage un érotisme loin de la norme orientaliste - on y célèbre le culte des corps libres plutôt que la captation/soumission voyeuriste.

Dinet soutint le projet Blum-Violette de 1929, comme un premier pas vers l'égalité des droits politiques. Pendant la 1ère guerre mondiale il avait milité pour le rapatriement et l'enterrement au pays des tirailleurs algériens morts en France. On pense que son tableau Al Massira (La procession) représente une manifestation contre la conscription forcée des algériens pendant cette guerre.



18/04/2014

Les formes de la conversation (4) : l'interrogatoire


Edouard Vuillard - L'interrogatoire du prisonnier, 1917
Peinture à la colle sur papier marouflé sur toile 
Paris, Musée d'histoire contemporaine - BDIC de Nanterre
Via oseculoprodigioso




Vuillard a 46 ans au début de la guerre et ne peut plus être affecté au service actif. Il est mobilisé comme garde-voie à Conflans-Sainte-Honorine et libéré des obligations militaires en décembre. En 1916 le ministère de la guerre et le sous-secrétariat d'état aux Beaux-Arts organisent pour les peintres des missions d'observation sur le front afin de ramener des tableaux d'histoire; Vuillard accepte, comme  Bonnard, Vallotton ou Maurice Denis. En février 17 il passe trois semaines à Gérardmer dans les Vosges.


"Soldats foule du dimanche, entre au Casino, salle de soldats, chansons de caf. Concert par soldats; le talent; rentre hôtel, coup de noir, tourments latents, vais revoir le cap. Baignères vers six heures. café à soldats, foule grise, me couche sitôt dîné, dors 11h."
Edouard Vuillard, Journal

Malgré la résistance de la hiérarchie militaire il parvient à assister à des séances d'interrogatoire de prisonniers et trouve immédiatement son sujet. Un prisonnier allemand  est interrogé par un officier français.

Deux chasseurs alpins, esquissés mais leur hostilité est évidente. L'officier est sans visage, juste une oreille d'interrogateur, un képi à galon. La place du peintre est suggérée, hors-champ : du côté de l'officier mais en surplomb - peintre aux armées, sa fonction ambigüe. Le prisonnier est le seul dont le visage soit détaillé. On le devine gelé jusqu'au os - les Vosges en février - se chauffant, le temps de l'interrogatoire, au poêle dont le tuyau s'incline au-dessus de lui, comme une menace - et, au point où ce tuyau s'infléchit, un crochet, pendant du plafond.


"Il y a chez moi un moment où soit par faiblesse personnelle, soit par manque de solidité des principes reçus tout a été démoli. D'élimination en élimination les groupements d'idée formulées en qui j'avais foi se sont restreints jusqu'à des idées élémentaires"
Edouard Vuillard, Lettre à Maurice Denis, 19 février 1898  

17/04/2014

Les formes de la conversation (3) : la discussion


Max Ginsburg - The Discussion, 2007
Huile sur toile
Via pmos nmos



"I have expressed my strongly held feelings about peace and justice; deep outrage to war, injustice and torture are conveyed in some of my paintings. With regard to these themes, I have been inspired by Old Masters such as Caravaggio, Goya, Kollwitz and Picasso. I choose to paint realistically because I believe realism is truth and truth is beauty. I derive an aesthetic pleasure in skillfully done realistic drawings and paintings. I believe that realism can communicate ideas strongly and it is this communication that is extremely important to me."
Max Ginsburg


Le site de l'artiste.
Si je ne veux voir qu'un seul tableau : Foreclosures (Saisies immobilières)



15/04/2014

Les formes de la conversation (1) : le thé



George Luks - Tea party, 1922
Huile sur toile
Via poulwebb



Il y a les peintres qu'on admire et/ou ceux avec qui on pourrait boire un coup. George Luks, qui commença tout jeune dans le music-hall et qu'on trouva mort dans une rue de New York un petit matin de 1933 après une rixe de bar, fait partie de ces derniers.


"I'll tell you the whole secret! Color is simply light and shade. You don't need pink or grey or blue so long as you have volume. Pink and blue change with light or time. Volume endures."

George Luks - Entretien avec Helen McCloy, "Color and George Luks", Parnassus, Mars 1934.

14/04/2014

Signes et prodiges : Zoey Frank


Zoey Frank - Street Crossing, 2013
Huile sur toile
Via Zoey Frank

12/04/2014

Dans le style ornementé


Marilis Orionaa - Sent Jan 
de l'album Damn, 2007 
Olivier Kléber-Lavigne, guitare - Nicolas Martin-Sagarra, percussions
Mis en ligne par Vaelnahan64


Puisque j'ai commencé avec Manciet, je continue avec Marilis Orionaa. Qui chante en gascon, et plus exactement en béarnais

- mais le béarnais, c'est du gascon...
- je n'entrerai pas dans cette discussion...
- mais...
- non...
- bien...

...bref qui chante, comme elle le dit, "dans le style ornementé du Béarn et des Pyrénées, tout d’arabesques et de fioritures". Et qui s'obstine à chanter dans ce langage

- le gascon ?
- disons, pour le moment, le béarnais

et dans ce style, ce qui fait que vous aurez beaucoup de mal à trouver ses disques car dans notre beau mais vieux pays, ne pas chanter dans la langue de Molière et de Patrick Sébastien vous expose à ne pas foisonner dans les bacs des supermarchés. Seul son dernier album est disponible ici. Vous vous consolerez en sachant que vous faites partie des happy few, fans de la plus grande chanteuse française qui ne chante pas en français. Mais qu'on peut sous-titrer.

- Mais tout ça, c'est de l'occitan, non ?
- alors là, vous entrez dans un débat où la chanteuse aurait des choses à dire, et à juste raison...

11/04/2014

Ciel... Morandi


Giorgio Morandi - Cortile di Via Fondazza
Via Bo Fransson

10/04/2014

Deshayes encore : le coin de l'œil et le fil des ans


Emile Deshayes - Portrait d'un jeune garçon (Liège), 1918 
Huile sur panneau 
Collection privée





Emile Deshayes - Portrait de vieil homme, 1917 
Huile sur carton

09/04/2014

Le bar du coin : crayon caché


cliquer pour agrandir
Emile Deshayes - Qui cherchez-vous ? ca 1930 
Plume et crayons sur papier journal 
Collection particulière



Dans le courant des années 1930, Emile Deshayes, peintre, dessinateur et architecte belge, croquait à la plume et au crayon les personnages rencontrés à Liège, le plus souvent dans des cafés. Pour ne pas se faire remarquer de ses modèles il dessinait sur une page de journal étalée devant lui, d'où le nom donné à cette collection de dessins dont 148 sont conservés à l'Université de Liège : le crayon caché.


Crayon sur papier journal
Collection privée



1932
Crayon sur papier journal 
Collections artistiques de l'Université de Liège n° 39512



Au café de Paris, 1931
Crayon sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg n° 39511



Au café de Paris, 1937 ? 
Crayons sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg, n° 39485



Crayons sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg, n° 39477



Crayons sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg n° 39510



"Au Café de Paris", 1931
Crayons sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg, n° 39443



1931
Crayons sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg n° 39525



L'accordéoniste au "As Ouhès", Liège 1931 
Crayons sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg, n° 39445



Liégeoise, 1931 
Crayons sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg, n° 39470 



Crayons sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg n° 39441



Dame au grand chapeau, au Castillan, 1931
 Crayons sur papier journal 
Collections artistiques de l'ULg n° 39444



Pour la reprise des affaires
Plume et crayons sur papier journal
Collection privée




Source des images : Flickr/simonis2







Et pendant ce temps-là...
...une autre façon de visiter Liège : la recherche du boulet


08/04/2014

Signes et prodiges : la main, la voix et le violon


Mains négatives, ca 5000 AEC
Cueva de las manos, Santa Cruz (Argentine)
Source (Via invisible stories)




Marguerite Duras - Les mains négatives, 1979 
Photo : Pierre Lhomme 
 Musique : Amy Flamer
Mis en ligne par BelofBradford



Petit addendum à l'anniversaire de MD, et pour écouter encore une fois le violon d'Amy Flamer (Ami Flammer).

07/04/2014

Un par extravagance




Un me dishoren lo cèu de desbòrd
d'eth separat a tròc  mèi dont se'n plenha 
huec qui de huec e se liva e se vrenha
d'eth mèi a l'enavant eth de tot bòrd


On nous a dit le ciel un par extravagance,
de soi-même distrait car comble de lambeaux,
feu qui naîtrait du feu, et se vendangerait,
plus lui-même car lui-même de toutes parts.






se s'esbrigalha es lutz e non pas mòrt
shens variar mès vibrar com ventenha
shens esposar mès non pas sens estrénher
e d'eth a d'eth e criculari e tòrt


S'il s'éparpille c'est lumière et non pas mort,
invariable mais de tempête vibrant,
et qui jamais n'épouse, étreignant sans merci,
allant de soi à soi par un circuit boiteux.





ò mas amors en còs desseparats
amassa! Hai de cap a l'Arren sonque
mèi en avant viste desemparats :


Vous autres, mes amours, en corps désassemblés
ensemble! hâtons-nous vers le néant, toujours
plus avant et plus vite encor désemparés.






aquí los sòs lo hèir deu nòste leit
aquí la pluja que trauca lo teit
e l'ostessa que truca e nos destronca 


En attendant, il faut payer le fer du lit,
la pluie, au même prix, qui traverse le toit
et l'hôtesse heurte à la porte et nous dérange.


Bernat Manciet (1923-2005)
Sonets / Sonnets, I - XXI
Jorn éd. 1996
Version française de l'auteur (1)






Et les vrais poètes sont immortels, comme disait le Monsieur mercredi dernier, à la bibliothèque publique du Nouveau Panier à Chats - Manciet, on le voit de temps en temps, et il aime le vin blanc !




(1) Les autotraductions de Manciet ne sont pas littérales,  et sa langue d'oc n'est pas l'occitan référentiel mais le gascon et même le gascon noir des Landes - qu'on peut écouter ici, par exemple.





Et pendant ce temps-là...
...ce n'est pas de gaîté de cœur, non...