19/03/2020

Les conseils de M. Chat : attendre son âme (le confinement, #4)


Henry Stacy Marks - Sailor on Look Out / Marin en veille, ca 1855
Huile sur toile
National Maritime Museum, Londres





À cette époque, dans un recueil de textes courts, j’ai lu le récit suivant : 

« On dit que les Indiens, tandis qu’ils galopaient, descendaient de temps à autre de leur cheval et contemplaient le chemin parcouru. Cet arrêt n’avait pas pour but de faire se reposer le cavalier ou le cheval. C’était en fait une marque de prévenance à l’égard de leur âme qui les suivait de près, de peur que cette âme ne soit distancée. Quand leur âme les avait enfin rejoints, à ce moment-là seulement, ils se remettaient en route. »

Chaque fois que je pense à l’année 1985, ces propos me reviennent à l’esprit, invariablement. Ce fut l’époque où la plupart des gens couraient sans jamais prendre le temps d’attendre que leur âme les rattrape. Ma vie n’était guère différente des leurs. Que mon âme avançait à une allure plus lente qu’on imaginait, et que le cheval sur lequel j’étais monté était l’égal du temps qui filait, ça, je ne le savais pas à l’époque. Dans la vie, il se peut bien que nous soyons obligés, à un moment ou à un autre, d’arrêter son cheval et de regarder en arrière. Somme toute, nous ne pouvons vivre sans âme et, à l’évidence, les Indiens ne sont pas les seuls à en avoir besoin.

Park Min-kyu - 죽은 왕녀를 위한 파반느 / Pavane pour une infante défunte, 2009
Trad. de Hwang Ji-young et Jean-Claude de Crescenzo


1 commentaire:

Tororo a dit…

Merci pour vos conseils. Je savais déjà que Rilke guérissait de tout, mais n'ayant jamais entendu parler de Park Min-kyu j'ignorais qu'il pouvait remettre le temps en ordre.