L'atelier a été reconstitué en miniature d'après une photographie d'époque, et la statuette fabriquée d'après les portraits de Forain.
Le diorama fait partie d'une série de onze exécutés par Louise Stimson pour accompagner la Collection Wiggins d'estampes de la Boston Public Library. On peut voir ici sur Printeresting l'ensemble de ces dioramas, préservé au douzième étage de la BPL dans un recoin plus ou moins bien éclairé (d'où la qualité des photos) : ici Daumier, là Lautrec, etc... Egalement ailleurs, sur Flickr : Rembrandt, Muirhead Bone, Buhot, Bellows.
On remercie Pierre Blondeau, tenancier du bar-tabac La Cigale à Saint-Pons de Thomières (Hérault) et ses copains de s'être déplacés jusque dans notre (chef-lieu de) cantou pour présenter ce film "d’après un scénario grotesque écrit par l’élite de la police".
Karl Bulla - Ilia Répine lit le journal annonçant la mort de Tolstoï, en présence de sa femme et de Korneï Tchoukovski, Kuokkala, Novembre 1910
Voilà la photo. Tolstoï vient de mourir, le 20 novembre 1910 (nouveau style). Répine en lit l'annonce dans Retsch (la Parole), le quotidien pétersbourgeois du parti constitutionnel-démocrate. Au-dessus de sa tête, un de ses nombreux portraits de l'écrivain.
Ilia Répine - Portrait de Léon Tolstoï et de Sophie Bers, son épouse, à Iasnaïa Poliana, 1907
Tout à droite de la photo, Korneï Tchoukovski - à côté de lui, son portrait par Répine...
Ilia Répine - Portrait de Korneï Tchoukovski, 1910
et au-dessus de sa tête, celui...
Ilia Répine - Portrait du peintre Isaac Brodski
...de Brodski qui, au cours de sa carrière, plutôt courte, peignit ceci, ceci mais aussi cela.
La photo est prise (et un peu posée, vu la disposition des tableaux) à Kuokkala, en Finlande (aujourd'hui en Russie) tout près de Saint-Pétersbourg. Plus précisément aux Pénates, la datcha de Répine - une datcha sans aucun serviteur où les invités étaient accueillis par une pancarte "débrouillez-vous". Tchoukovski était un habitué des Pénates, on l'y voit par exemple ici en 1915...
en compagnie de son second fils Boris et de Vladimir Maïakovski (à gauche). Et voici l'histoire. On est en 1916 ou 17, Boris voyage en train avec son père. Boris est malade, Tchoukovski doit trouver un histoire pour le divertir. Il improvise le poème du Crocodile : Il était une fois Un crocodile Il marchait dans les rues fumait des cigarettes et parlait turc. - Crocodile, crocodile, Crocodilovitch ! Boris aime bien le poème; les autres enfants aussi puisque ce crocodile, quelques années plus tard...
Nadejda Kroupskaïa, veuve de Lénine (mort en 24) est alors à la tête de la Commission de la littérature pour enfants au GUS - CSE, Conseil Scientifique d'Etat au sein du commissariat du peuple à l'instruction. Elle lance une campagne de rectification des illustrés pour la jeunesse, en prenant pour cible le Crocodile, dans un article de la Pravda du 2 février 1928. Pour elle, le poème de Tchoukovski, c'est de "la fange bourgeoise":
"Au lieu de leur donner à entendre des faits sur la vie des crocodiles, on sert aux enfants un pur non-sens".
Dans le même temps, un article de la Komsomolskïa Pravda pose en ces termes la question : "parler du gentil petit lièvre gris ou du plan quinquennal ? Contre une littérature pour enfants apolitique".
"On vient de m'apprendre qu'il y a un article de Kroupskaïa dans le journal. Pauvre de moi, vais-je de nouveau connaître la misère ?
J'écris ma réponse à Kroupskaïa, mais mes mains tremblent; je n'arrive pas à rester assis, il faut que je m'allonge."
Korneï Tchoukovski - Journal 1901-1929, entrée du 3 février 1928, p. 506
trad. Marc Weinstein, Fayard éd. 1997
Kroupskaïa était par elle-même assez butée, mais il se peut que d'autres l'aient poussée (1). De plus, ces attaques contre le Crocodile s'entremêlaient avec une campagne des critiques concurrents de Tchoukovski, qui menait de front ces deux activités, la littérature poétique pour enfants et les études littéraires, notamment sur Nekrassov.
Et Tchoukovski vécut ainsi, comme bien d'autres jusqu'au milieu des années 1950, se réfugiant dans la littérature pour enfants mais devant soumettre à la censure chaque conte et chaque poème, enfoui dans les besognes alimentaires, protégé au début par Gorki, protégeant ensuite, tant qu'il pouvait, les autres. Passant des compromis pour survivre (2). Mais revenons à notre histoire. Dans cette lutte inégale il arrive que le nonsense revienne pervertir (ou détourner, ou distraire ?) le trop-plein de sens de l'idéologie. Le crocodile réapparaît dans Barmaleï (1925) une des aventures du Docteur Aïbolit (3). Barmaleï est un méchant ogre (4) qui surprend le bon docteur et les enfants qui l'accompagnent; il va les manger mais...
ils sont sauvés par un crocodile qui avale Barmaleï. Le conte plaît tellement que l'on construit dans les années 1930 toute une série de Fontaines Barmaleï, sculptées par Roman Iodko, un des auteurs, après Ivan Shadr, de la série des Filles à l'aviron, dont les chats ont déjà parlé.Sur ces fontaines,des enfants font la ronde autour d'un gentil crocodile. La plus célèbre...
Roman Iodko - Fontaine Barmaleï, Stalingrad
photographiée le 23 Août 1942
...est celle qu'Emmanuel Evzérikhine a photographiée à Stalingrad en 1942, et dont on peut toujours voir, là-bas...
...la réplique, sur une terre où sens et nonsense se côtoyèrent de si près.
Le portrait de Tchoukovski par Répine fait la couverture du premier volume du Journal :
...un des témoignages les plus complets sur l'intelligentsia de l'époque, un voyage dans le ventre de la baleine, douze cents pages qui commencent avec Gorki et finissent avec Soljénitsyne.
(1) Par Natan Vengrov, directeur du bureau central du CSE et directeur de la littérature enfantine et pour la jeunesse aux éditions d'état, cf. l'entrée du 26 mars 1928 du Journal de Tchoukovski. (2) Ecrivant en 34, dans son journal, un éloge de Staline dont il ne pensait pas un mot, parce qu'il savait que ce journal pouvait être lu (et détruit) par le NKVD... Ami et défenseur de Pasternak mais signant la résolution de l'Union des écrivains qui le condamnait (reproduite par Iouri Annenkov, dans son Journal de mes rencontres, p. 608 de l'édition française). (3) Inspiré du Dr Doolitlle de Hugh Lofting. Tchoukovski était anglophile et fin connaisseur de la littérature anglaise pour enfants. Il a notamment adapté en russe les Contes de ma mère l'Oye, mais à partir de leurs versions anglaises, les Mother Goose rhymes. (4) Son nom lui aurait été donné par Mstislav Doboujinski, un jour qu'il se promenait, avec Tchoukovski dans la rue Barmaléiéva de Saint-Pétersbourg. Doboujinski demande d'où vient le nom de la rue, et Tchoukovski émet des hypothèses : un médecin anglais, un parfumeur nommé Bromley ? Pas du tout, répond Doboujinki, ce devait être un terrible brigand, Barmaleï - et il le dessine, avec des moustaches.
Nuages épars est une splendeur crépusculaire et introuvable. Crépusculaire parce que c'est le dernier film de Naruse qui meurt deux ans plus tard, que Mizoguchi et Ozu sont déjà morts eux, depuis un bail, et que Kurosawa traverse alors le désert hollywoodien : fin d'une époque.
Introuvable en dvd (à ma connaissance il n'a jamais figuré que sur le canal Hulu de la Criterion collection) et jamais visible en salle, sauf miracle il vous faudra attendre une rétrospective Naruse en cinémathèque, mais dans ce cas-là précipitez-vous. Je me souviens l'avoir vu une seule fois, en 2003.
Mikio Naruse - Midaregumo / Nuages épars, 1967
Mis en ligne par yutorideath (et désolé pour l'anamorphose...)
L'argument initial de Nuages épars est curieusement assez proche du Broken lullaby (L'homme que j'ai tué) de Lubitsch (1). Mishima tue involontairement Hiroshi dans un accident de la circulation. Il veut s'excuser auprès de sa veuve Yumiko et la dédommager, mais tout d'abord elle ne veut pas entendre parler de lui. Plus tard ils se retrouvent par hasard dans la même ville, elle après avoir été évincée par la famille de son mari défunt, lui muté par son entreprise. Leur seconde rencontre se transforme en un amour naissant - qui restera mort-né. De cet argument Naruse tire un mélodrame doucement inexorable. Deux solitudes parallèles cheminent dans la campagne japonaise, une expiation impossible se résout au final dans une implosion de tristesse partagée. Rares sont les films qui laissent à ce point un goût de fatalité - et les thèmes de Takemitsu n'y sont pas non plus pour rien.
Tōru Takemitsu (1930-1996) a composé la musique de dizaines de films, dont Kwaïdan, Dodes'kaden, La cérémonie, Une petite soeur pour l'été, L'empire de la passion, Ran, Pluie noire...
Tōru Takemitsu - Valse Musique pour Hiroshi Teshigahara - Tanin no kao / Le visage d'un autre, 1966 Paroles en allemand de Tatsuji Iwabuchi, chantées par Beverly Maeda
Gerald Tyrwhitt-Wilson, 14ème Baron Berners (1883-1950), compositeur, peintre et occasionnellement écrivain, plus communément connu sous le nom de Lord Berners, fut un excentrique anglais authentique, recevant toute la génération des Bright Young People dans sa demeure de Faringdon, Oxfordshire. Il aimait peindre ses colombes en rose ou turquoise, son dalmatien portait un collier de perles et sa Rolls avait un clavicorde incorporé. Et il aurait peut-être été un grand compositeur, s'il n'avait pas été si occupé à bavarder avec Gertrude Stein et Nancy Mitford, ou à prendre le thé avec son cheval. Mais il a écrit ces valses...
Si on veut en apprendre un peu plus on peut lire (en anglais) The mad boy, Lord Berners, my grandmother and me, le livre écrit par Sofka Zinovieff, la petite-fille du compagnon de Lord Berners.
Pour vous divertir, pour ne pas vous laisser abattre par une certaine mélancolie, certes propre aux débuts des mois de janvier, mais aggravée cette année par un entassement lugubre de professions de foi pour soldats de plomb (1), l'œil des chats vous offre une semaine de musique et de chansons. A commencer par un tango de Schnittke.
La vie avec un idiot, l'opéra dont ce morceau est extrait,est adapté d'une nouvelle de Victor Erofeïev, qui est d'ailleurs l'auteur du livret. Vous trouverez ici (mais en anglais) un résumé substantiel de l'action, qui est d'un très noir burlesque (2).
En encore plus bref, voici : le premier personnage, qui s'appelle Moi, ne s'intègre pas bien à la société; pour cela il est condamné à loger chez lui un fou qu'il doit choisir à l'asile : ce sera Vova, qui ne paie pas de mine, qui ne sait dire que ah... et qui prendra pourtant le pouvoir sur Moi et sur sa femme, détruira tout chez eux à commencer par la bibliothèque (tout particulièrement Proust), tuera la femme et s'en ira, laissant Moi devenir fou à sa place. On comprend mieux si l'on sait que Vova était le petit nom de Vladimir Ilitch Lénine - et que donc le petit monde que forment, indissolublement liés, le logis de Moi et l'asile de Vova, ce monde est une métaphore de la Russie soviétique. Une métaphore que Schnittke, né en 1934 à Engels sur la Volga, pouvait filer sans problème.
..."les réseaux sociaux sont très utiles, ils procurent du plaisir, mais ils sont un piège" (en anglais) - Zygmunt Bauman, 19/11/1925-9/01/2017. En français : (1) - (2).
Sustai Ulanbaagen - Drunk cat on couch Gravure sur bois Source
La caissière du cinéma -Bonjour, M. Chat ! Quelle bonne année s'annonce !
M. Chat (méfiant) -Ha bon, et pourquoi donc ?
La caissière (enthousiaste) -Parce que 2017 est un nombre premier !
M. Chat (prenant son ticket pour Ma' Rosa, film excellent mais d'une gaîté mesurée) -Voilà bien la première bonne nouvelle depuis longtemps...
La caissière (au comble de l'excitation) -Et en plus, nous sommes Vendredi 13 !
M. Chat (rassuré à l'idée que les nombres premiers font partie des rares ressources qui ne risquent pas de s'épuiser avant longtemps, de même que les vendredi 13) - Je m'en vais fêter ça dès que l'héroïne du film sera tirée des mains de la police...
M. Chat - Ouvrant par hasard ma bibliothèque, je découvre que nous célébrons, selon Maxime Delcourt (1) le cinquantenaire de ces années qui ne se terminèrent...
Mme Chat - ...que trop tôt, hélas !
M. Chat - Et au fait, pourquoi faire commencer ces années, précisément, en 67 ?
Mme Chat - Frrrrt (elle compulse) Ah, voilà... Pour lui, c'est l'année d'Evariste, E=MC²...
M. Chat - avec cette chanson où les éléphants attendaient l'automne...
Mme Chat - et où brillait pour la première fois cette lumière venue d'ailleurs...
M. Chat - le clair de l'autre. Mme Chat - Vite, où est passé l'électrophone ?
Iouri Annenkov - Portrait d'Evguéni Zamiatine, 1921 Via The Charnel-House
En 1920, Evgueni Zamiatine fut circuler le manuscrit d'un livre. Ce livre fut publié en Russie soixante-huit ans plus tard.
Les Tables... Collés sur le mur de ma chambre, leurs chiffres pourpres sur fond or me
regardent d’un air à la fois sévère et tendre. Ils me rappellent malgré moi ce qu’autrefois
on appelait l’« icône » et me donnent envie de composer des vers, ou des prières, ce qui
revient au même. Ah ! que ne suis-je poète pour vous chanter comme vous le méritez, ô
Tables, cœur et pouls de l’État Unique !
Nous tous, et peut-être vous aussi, avons lu, étant enfants, à l’école, le plus grand de
tous les monuments littéraires anciens parvenus jusqu’à nous: l’« Indicateur des Chemins
de Fer ». Mettez-le à côté des Tables et vous aurez le graphite et le diamant. Tous deux
sont constitués de la même matière, de carbone, mais comme le diamant est transparent
et éternel ! Comme il brille ! Quel est celui qui ne perd la respiration en parcourant les
pages de l’« Indicateur » ? Eh bien, les Tables des Heures, elles, ont fait de chacun
de nous un héros épique à six roues d’acier. Tous les matins, avec une exactitude de
machines, à la même heure et à la même minute, nous, des millions, nous nous levons
comme un seul numéro. À la même heure et à la même minute, nous, des millions à la
fois, nous commençons notre travail et le finissons avec le même ensemble. Fondus en
un seul corps aux millions de mains, nous portons la cuiller à la bouche à la seconde fixée
par les Tables ; tous, au même instant, nous allons nous promener, nous nous rendons à
l’auditorium, à la salle des exercices de Taylor, nous nous abandonnons au sommeil...
Je serai franc : nous n’avons pas encore résolu le problème du bonheur d’une façon
tout à fait précise. Deux fois par jour, aux heures fixées par les Tables, de seize à dix-sept heures et de vingt et une à vingt-deux heures, notre puissant et unique organisme
se divise en cellules séparées. Ce sont les Heures Personnelles. À ces heures, certains
ont baissé sagement les rideaux de leurs chambres, d’autres parcourent posément le
boulevard en marchant au rythme des cuivres, d’autres encore sont assis à leur table,
comme moi actuellement.
On me traitera peut-être d’idéaliste et de fantaisiste, mais j’ai la conviction profonde
que, tôt ou tard, nous trouverons place aussi pour ces heures dans le tableau général, et
qu’un jour, les 86 400 secondes entreront dans les Tables des Heures.
J’ai eu l’occasion de lire et d’entendre beaucoup d’histoires incroyables sur les temps
où les hommes vivaient encore en liberté, c’est-à-dire dans un état inorganisé et sauvage.
Ce qui m’a toujours paru le plus invraisemblable est ceci : comment le gouvernement
d’alors, tout primitif qu’il ait été, a-t-il pu permettre aux gens de vivre sans une règle
analogue à nos Tables, sans promenades obligatoires, sans avoir fixé d’heures exactes
pour les repos ! On se levait et on se couchait quand l’envie vous en prenait, et quelques
historiens prétendent même que les rues étaient éclairées toute la nuit et que toute la nuit
on y circulait.
Evguéni Zamiatine -
Мы / Nous autres, 1920, Note 3
C''est de Nous autres, on le sait, que George Orwell s'est inspiré pour écrire 1984 - il a même emprunté à Zamiatine une bonne partie de la trame de son roman. Nous autres, écrit en 20, est traduit en anglais en 24, et cette même année la publication du roman en Russie est interdite. La traduction tchèque paraît en 27, et immédiatement après une revue pragoise en publie en russe des extraits - traduits du tchèque (1)... C'est à la suite de cette publication, mais deux ans plus tard, que Zamiatine est attaqué et exclu en 29 de la direction de l'Union des écrivains, qui condamne publiquement son roman. Il ne peut désormais plus publier que des traductions. Il écrit à Staline pour demander d'être autorisé à émigrer. Gorki le soutient. Il peut enfin quitter l'URSS en 31. Zamiatine, en-dehors de sa propre production, a joué un rôle, à travers son activité de formation littéraire à la Maison de Arts de Pétrograd, dans la formation du groupe des Frères de Sérapion.
Et, il faut le rappeler, Zamiatine était un bolchevik d'avant la révolution, plusieurs fois condamné et exilé sous le tsarisme. Il s'était ensuite rapproché de l'aile gauche des socialistes-révolutionnaires. En 1919, les S-R de gauche deviennent la cible des persécutions. Zamiatine est interrogé : "Regrettez-vous d’avoir quitté et souhaitez-vous réintégrer le Parti bolchevique ?", Réponse : "Non". D'abord réfugié à Berlin, Evguéni Zamiatine est mort à Paris en 1937. On trouvera ici (en français) et là (en anglais) deux biographies. (1) D'après ce que dit Zamiatine dans sa lettre à la Literatournaïa Gazeta du 7 octobre 1929, reproduite par Annenkov, Souvenirs de mes rencontres, pp. 322-326. L'intérêt de ces Souvenirs tient aussi au fait qu'ils reproduisent intégralement des documents d'époque aujourd'hui oubliés, et le plus souvent non traduits du russe.