16/01/2017

Tango pour un Blue Monday (une semaine dans les oreilles, 1)


Alfred Schnittke - Tango dans une maison de fous
Tango (intermezzo) pour l'opéra La vie avec un idiot (1990-91)
Mis en ligne par frauzaurih




Pour vous divertir, pour ne pas vous laisser abattre par une certaine mélancolie, certes propre aux débuts des mois de janvier, mais aggravée cette année par un entassement lugubre de professions de foi pour soldats de plomb (1), l'œil des chats vous offre une semaine de musique et de chansons. A commencer par un tango de Schnittke.

La vie avec un idiot, l'opéra dont ce morceau est extrait, est adapté d'une nouvelle de Victor Erofeïev, qui est d'ailleurs l'auteur du livret. Vous trouverez ici (mais en anglais) un résumé substantiel de l'action, qui est d'un très noir burlesque (2). 

En encore plus bref, voici : le premier personnage, qui s'appelle Moi, ne s'intègre pas bien à la société; pour cela il est condamné à loger chez lui un fou qu'il doit choisir à l'asile : ce sera Vova, qui ne paie pas de mine, qui ne sait dire que ah... et qui prendra pourtant le pouvoir sur Moi et sur sa femme, détruira tout chez eux à commencer par la bibliothèque (tout particulièrement Proust), tuera la femme et s'en ira, laissant Moi devenir fou à sa place. On comprend mieux si l'on sait que Vova était le petit nom de Vladimir Ilitch Lénine - et que donc le petit monde que forment, indissolublement liés, le logis de Moi et l'asile de Vova, ce monde est une métaphore de la Russie soviétique. Une métaphore que Schnittke, né en 1934 à Engels sur la Volga,  pouvait filer sans problème.


De Victor Erofeïev on peut lire en français Ce bon Staline. Et ici deux entretiens à propos de la Russie d'aujourd'hui - enfin, de 2014... - puis toujours du même, là, quelques articles sur Boulevard Extérieur.

De Schnittke déjà, ici et .




(2) Il faut parfois un peu de (très) noir pour corriger le bleu de la mélancolie.






(1) Et pendant ce temps là...

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