31/03/2020

Les vacances du bestiaire : distances, sauts et barrières (une petit expo marks, #7)


Henry Stacy Marks - Science is Measurement / Savoir, c'est mesurer, 1879
Huile sur toile
Royal Academy of Arts, Londres












Et pendant ce temps-là...
...Sachant ce qu'on pouvait savoir
...que pourrait-on imaginer prévoir de ce qui nous attend ?

30/03/2020

Vous étiez où quand c'est arrivé ? (une petite expo Marks, #6)


Henry Stacy Marks - The Odd Volume / Le volume dépareillé



Un jour peut-être, entre 2029 et 2047, on lira un vieil exemplaire de











et on cochera, comme sur une ADD




- ce qui s'est passé comme ça, oui










 - et ce qui n'est pas arrivé tout à fait comme ça, on y a échappé, ou c'était pire...





Les chats vous invitent donc à profiter de cette pandémie pour prendre un peu  d'avance sur les événements à venir.




— À ton avis, demanda Esteban, qu’est-ce qu’il se passe pour que ce type, sans crier gare, se mette à dire des trucs pareils ?

— Je n’en sais rien. J’ai cru entendre aux infos qu’une banque anglaise avait fait faillite il y a quelques jours. La belle affaire. Je ne vois pas en quoi ça nous concerne. Et hier, je ne sais trop quoi, un truc n’a pas été « refinancé » par un autre truc… ? Tu sais bien que je ne suis pas ces machins-là. Et c’était en Europe, aussi. Après toutes ces années d’« ajustement ordonné » de l’euro, je suis immense épuisée de leurs sempiternels problèmes financiers. Les infos que regardait Willing parlaient d’obligations, j’en suis sûre. Mais je parie que Brendan essayait seulement de m’impressionner. Au fait, en parlant de super bizarre, ajouta-t-elle en remplissant les assiettes, Brendan m’a demandé si on était propriétaires. Quand j’ai répondu oui, en précisant qu’on avait un locataire pour rembourser partiellement le prêt, il a dit : « Être propriétaire pourrait se révéler bienvenu. Le locataire, peut-être plus regrettable. »

Avec les « Vous étiez où quand c’est arrivé ? » – l’assassinat de Kennedy pour la génération de sa grand-tante Nollie, le 11 Septembre pour celle de sa mère –, rien de plus facile que de prétendre se souvenir, et de superposer au passé flou et incertain les faits solides appris par la suite. Willing prit donc la résolution de se souvenir véritablement de ce soir-là – jusqu’à la texture sableuse des galettes de porc, le long conciliabule vidéo entre sa mère et sa sœur après le dîner, puis la vaisselle (routine bien huilée à l’époque). Il garderait humblement à l’esprit que, à ce moment-là, il ne comprenait pas le concept de monnaie de réserve. Il ignorait également ce qu’était une adjudication d’obligations, même si ces deux notions passaient probablement aux yeux de tout le monde ou presque pour chiantes et on ne peut moins pertinentes depuis des décennies, si ce n’est des siècles. Plus tard, il veillerait bien à s’attribuer ce mérite-là : pendant le journal de 19 heures, même s’il n’avait pas compris – cette « émission d’obligations du Trésor américain », avec sa « flambée des taux d’intérêt » –, il avait bien capté l’intonation.

Depuis l’Âge de pierre, il captait ce genre de chose. Tout le monde pensait que le pire était passé, que l’ordre avait été définitivement et glorieusement restauré. Mais pour Willing, son « Vous étiez où quand c’est arrivé ? » fondateur, survenu à l’âge avancé de huit ans, ce « Jour où tout s’est arrêté », avait été une révélation, et les révélations ne se dé-révélaient pas ; impossible de les remballer ni vu ni connu. Conséquence de cette épiphanie irréversible, il en était arrivé à renverser ses attentes. Il n’y avait rien d’étonnant à ce que les choses ne marchent pas, à ce qu’elles s’écroulent. La défaillance et le pourrissement constituaient l’état naturel du monde. Ce qui était étonnant, c’était qu’une chose, quelle qu’elle soit, fonctionne comme prévu, indépendamment de sa durée. De sorte qu’il avait passé les dernières années de son enfance dans un état d’étonnement reconnaissant – la télé avec son écran aux couleurs sursaturées marchait (elle s’allumait ! continuait de s’allumer !), sa mère rentrait du travail par un bus qui arrivait à l’heure, voire dont le service, au minimum, était assuré, l’eau propre coulait du robinet, même s’il n’avait pas souvent le droit d’y toucher.

Quant à l’intonation, il l’avait reconnue alors que sa mère continuait de bavarder dans la cuisine en préparant le chou. Ni sa mère ni Esteban n’en avaient capté le timbre. Seul Willing avait fait attention. Willing et Milo, plus exactement : sur ses gardes, les yeux en alerte, les oreilles levées, le cocker avait lui aussi perçu une drôle d’intonation. En effet, les journalistes s’exprimaient avec une pointe d’excitation tout à fait caractéristique. Les présentateurs de journaux télévisés adoraient quand il se passait quelque chose. Comment leur en vouloir, puisque c’était leur boulot, et ils aimaient autant avoir quelque chose à faire. Quand il s’agissait de mauvaises nouvelles – et elles l’étaient presque toujours, puisque les bonnes nouvelles étaient le plus souvent monotones –, ils étaient gênés de se réjouir ainsi. Les plus mauvais d’entre eux s’efforçaient de cacher leur joie sous une tristesse feinte et exagérée qui ne trompait personne et que Willing aurait souhaité les voir abandonner.

Au moins, ce soir, personne n’était mort, et les événements impressionnants relayés avaient à voir avec des chiffres et des expressions imposantes que la plus grande partie du public, Willing l’aurait parié, ne comprenait pas non plus. Au moins, les présentateurs et les invités n’avaient pas opté pour ce ton de gravité artificielle. Au contraire, tous les gens de la chaîne semblaient contents, et même ravis. Cependant, cette excitation joyeuse était bridée par la conscience aiguë qu’il était dans leur intérêt de masquer au mieux une euphorie qu’ils seraient amenés à regretter. Leur intonation disait : « Pour le moment, c’est l’éclate, mais ça ne va pas durer. » 

Lionel Shriver - The Mandibles, a Family, 2029-2047, 2016, trad. française de Laurence Richard, Belfond éd. 2017



28/03/2020

Les opportunités (une petite expo Marks, #5)


Henry Stacy Marks - Etude de Vautour
Aquarelle et craie noire sur papier brun






Via Ouest-France, 10 mars 2020





Henry Stacy Marks - Etude de deux vautours, 1877
Aquarelle sur papier


Les occupations solitaires : le pontificat

Rome, place St Pierre, 27 mars 2020
Via Laurent Marchand

27/03/2020

Les conseils de M. Chat : (se) dessiner (le confinement, #7)


Coℓétte Stéroℓ - dessin pour le projet collaboratif #Coronamaison sur twitter



Chaque dessinateur est invité à contribuer sur la base du même template (de Tim) :












26/03/2020

Une petit expo Marks, #4 (le confinement, #6)


Henry Stacy Marks - Where is it ? 1882
Birmingham Museums Trust




M. Chat - Où est-ce que j'ai mis la V2 avec 7 cases à cocher de l'Attestation de Déplacement Dérogatoire ?

Mme Chat (en train de griffer la porte) - Je veux sortir ! Je veux sortiiiiiir !

M .Chat - Voilà, voilà, du calme... Alors, dans quel tiroir, ce 💣🦠🗯🏴‍☠️😖 d'ausweis...

25/03/2020

Chose ayant quitté l'enclos solitaire de la forêt vierge (une petit expo Marks, #3)


Stacy Marks - What is it ? 1872
Huile sur toile
Sudley House, Liverpool



Lui (en gris, capuchon vert, appelons-le Polonius) - Mon Dieu, quelle est cette chose étrange, flottant sur l'eau ?

Elle (robe jaune, disons : Lavinia) - Est-elle vivante ?

L'autre (en pourpoint blanc, ce sera Lorenzo) - Serait-ce un brin autorépliquant d'acide ribonucléique, qu'on voit y palpiter ?

Un troisième en bonnet noir, un bâton à la main : Nathaniel - Dans ce cas, mon cher, elle n'est ni vivante ni morte, disons - intermédiaire ?

Elle, tout à fait à droite (on l'appelle Érichtho, car elle est un peu sorcière) - Ne dirait-on pas que cela se divise...

Capuchon rouge, chausses vertes, ce sera Sagramor (parce qu'il est nerveux) - Allons le pêcher !

Nathaniel - Gardons-nous en bien, ce pourrait être vindicatif, captieux ou hallucinogène...

Polonius - Certes, je pressens quelque calamité.

Érichtho -  En tout cas, cela se multiplie à une allure...

Lorenzo - Quel sujet de thèse ce serait, si les Universités n'étaient pas fermées !

Sagramor - Elles ne sont point fermées, mon cher, elles sont en grève, en solidarité avec les escholiers malmenés par le guet.

Lavinia - Regardez ! La chose étire un tentacule !

Érichtho - Fascinant (elle murmure un charme : Asalam alaikum, anak cucu Hantu Pemburu... (1))

Polonius - Rentrons, c'est plus prudent.

Lorenzo - D'ailleurs j'ai faim - trouvons quelque auberge encore ouverte.

Lavinia (soudain inquiète) -  Serait-ce la fin du Moyen-Age ?

Nathaniel - Je le crains, ma chère, je le crains...




(1)
La paix soit avec toi ! Petit-fils du Veneur Phantôme,
Toi qui demeures dans l'enclos solitaire de la forêt vierge,
Qui sièges au creux des racines aériennes,
Qui t'adosses à l'aréquier à la tête brumeuse,
Qui t'abrites sous la palme du caryote !

Toi dont les poils sont la fougère arborescente
Et la natte la feuille de phrynium,
Toi qui te balances sur les lauriers géants
Avec pour corde un calame de Malacca
Laissé par Sa hauteur
Le sultan Badengarauciel !

Toi qui demeures à Pagar Ruyung
Dans une maison aux piliers taillés.

Conjuration contre le Monstre Vert, décrivant le petit-fils du chasseur Phantôme, l'épouvantable monstre végétal Sangkai, in W.W. Skeat, Malay Magic, Londres, New York, Oxford University Press, 1984, 1ère éd. 1900 ; trad. française de Georges Voisset in Le livre des charmes, incantations malaises du temps passé, La Différence éd., coll. Orphée, 1997.











24/03/2020

23/03/2020

Parfaire ses éléments de langage (une petite expo Marks, #2)


Henry Stacy Marks - A Treatise on Parrots / Un traité sur les perroquets, 1885
Huile sur toile, sur panneau de bois
Sudley House, Liverpool




Bernadette Jézéquel & Philippe Gérard - La boîte à outil du responsable de communication, 3ème éd. 2016,
chap. II : Dialoguer avec les parties prenantes,
fiche n°4 : Les éléments de langage






- Les masques ne servent pas vraiment, ce qui est utile, c'est de se laver les mains.
(un temps)
- D'ailleurs nous n'avons pas de masques.
(un temps)
- D'ailleurs on va en commander un max.
(un temps)
- Bon, les masques ça pourrait servir, mais pour protéger les autres.
(un temps)
D'ailleurs, si vous en avez planqué, amenez-les aux hôpitaux, hein ?
(un temps)
- Mais pour vous protéger vous, il faut des FFP2, hein ?
(un temps)
- D'ailleurs, on n'a pas de FFP2.
(un temps)
- On en a eu, notez, mais on les a jetés vers 2011 pour faire des économies.
(un temps)
- Si quelqu'un en a gardé des vieux, il peut les ramener à son médecin, mais c'est à vos risques et périls, hein (Ha oui, vous me dites que c'est déjà fait, bon).
(un temps)
- On a réfléchi, si on avait des masques, beaucoup de masques, finalement ça pourrait être utile pour limiter la contagion.
(un temps)
- Comme les Chinois. Malins, ces Chinois, hein ?
(un temps)
- Mais bon, on n'a pas de masques, hein ?
(un temps)
- Ha si, on en a un peu, voyons voir, laissez-moi regarder mes notes...
(un temps)
- Voilà : demandez à votre ARS.
(un temps)
- Je vous assure que les ARS, c'est très efficace : elles ont réussi à supprimer 17.500 places d'hôpital en 4 ans.
(un temps)
- Mais vous savez, c'est compliqué un masque, il faut savoir s'en servir, même moi je ne sais pas trop, alors vous...
(un temps)
- Vous me dites que les Chinois savent s'en servir, ha oui, comme je le disais, malins, ces Chinois...
(un temps)
- Vous me dites que les soignants aussi savent s'en servir, ha oui, nous les admirons.
(un temps)
- Applaudissons-les.
(un temps)
- C'est bien vrai (1), ils ont aussi besoin de masques les soignants, on vient de passer un bon de commande.
(un temps)
- A qui ? Ben, à ceux qui les fabriquent, les Chinois et les Allemands...
(un temps)
- On vient de me dire que les Chinois sont surbookés et que les Allemands gardent pour eux ceux qu'ils fabriquent...
(un temps)
- Pourquoi on ne les fabriquait pas nous ? parce que c'est moins cher chez les Chinois. Pourquoi les Allemands n'ont pas délocalisé ?
(un temps)
- C'est le problème avec les Allemands, un problème de culture peut-être, leur côté fourmi, ils sont plus lents que  nous...
(un temps)
- Nous, c'est le génie français...



C'était un message de  
 

Via Mathilde Larrère







(1) Préconisations 2011 du Haut Conseil de Santé Publique concernant le port de masques en population générale en situation pandémique :


22/03/2020

L'art au travail : c'est la santé (une petite expo Marks, #1)


Henry Stacy Marks - Capital and Labour / Capital et travail, 1874
Collection privée




Déclaration d'un porte-parole d'Amazon après la publication de l'enregistrement
des négociations entre la société et les représentants syndicaux
à propos de l'application des recommandations gouvernementales pour la protection des salariés contre le coronavirus
(«Il faut qu’on s’améliore»: Amazon avoue ses «lacunes» dans la lutte contre le virus, Mediapart, sur abonnement)



Coronavirus : Inquiétude des salariés sur les sites d’Amazon en France, 18 et 19 mars 2020

21/03/2020

En oubliant la précession des équinoxes


Jens Fänge - Spring, 2013
Huile sur toile





M. Chat - C'est le printemps !
Mme Chat - Non, c'était hier
M. Chat - Toujours à me contredire...





20/03/2020

Les conseils de M. Chat : économiser (le confinement, #5)






Puis je leur expliquai que le meilleur moyen d'économiser le papier toilette était de commander des rouleaux spéciaux se découpant selon des pointillés espacés d'un mètre. Sur la plupart des rouleaux ordinaires, précisai-je, le papier se déchirait tous les dix centimètres. D'après une enquête menée auprès des employés de la société, la majorité des gens consommaient 1,2 mètre chaque fois qu'ils allaient aux toilettes. Avec mes rouleaux, ils n'utiliseraient plus qu'un mètre de papier à la fois, ce qui aurait pour conséquence de substantielles économies.
Kim Young-Ha - 엘리베이터에 낀 그 남자는 어떻게 되었나 / Qu'est devenu l'homme coincé dans l'ascenseur, 1999
Trad. de Françoise Nagel et Lim Yeong-Lee








Et pendant ce temps-là...
...Ce soir je vais rentrer chez moi, et tout sera calme

19/03/2020

Les conseils de M. Chat : attendre son âme (le confinement, #4)


Henry Stacy Marks - Sailor on Look Out / Marin en veille, ca 1855
Huile sur toile
National Maritime Museum, Londres





À cette époque, dans un recueil de textes courts, j’ai lu le récit suivant : 

« On dit que les Indiens, tandis qu’ils galopaient, descendaient de temps à autre de leur cheval et contemplaient le chemin parcouru. Cet arrêt n’avait pas pour but de faire se reposer le cavalier ou le cheval. C’était en fait une marque de prévenance à l’égard de leur âme qui les suivait de près, de peur que cette âme ne soit distancée. Quand leur âme les avait enfin rejoints, à ce moment-là seulement, ils se remettaient en route. »

Chaque fois que je pense à l’année 1985, ces propos me reviennent à l’esprit, invariablement. Ce fut l’époque où la plupart des gens couraient sans jamais prendre le temps d’attendre que leur âme les rattrape. Ma vie n’était guère différente des leurs. Que mon âme avançait à une allure plus lente qu’on imaginait, et que le cheval sur lequel j’étais monté était l’égal du temps qui filait, ça, je ne le savais pas à l’époque. Dans la vie, il se peut bien que nous soyons obligés, à un moment ou à un autre, d’arrêter son cheval et de regarder en arrière. Somme toute, nous ne pouvons vivre sans âme et, à l’évidence, les Indiens ne sont pas les seuls à en avoir besoin.

Park Min-kyu - 죽은 왕녀를 위한 파반느 / Pavane pour une infante défunte, 2009
Trad. de Hwang Ji-young et Jean-Claude de Crescenzo


18/03/2020

Les conseils de M. Chat : et puis, lire Rilke - Rilke guérit de tout (le confinement, #3)


J.R. Goodwin - Cloud




Mme Chat - Bon, j'ai fini...








la Phénoménologie de l'esprit...






et La peste...



 




...tu n'aurais pas quelque chose de plus gai ? 

M. Chat - Précisément ! Une fois acquis le Savoir Absolu, et après avoir prévu qu'on fera des discours sur la Peste (1), il faut lire Rilke...




Rainer Maria Rilke - Geschichten vom lieben Gott / Histoires du Bon Dieu, 1900
Trad. de Maurice Betz





...en regardant le ciel - car Rilke guérit de tout, du Savoir absolu comme de la peste.




J.R. Goodwin - Clouds



Mme Chat - Du Corona aussi ?








M. Chat - Qui sait ? Et nul besoin de croire au Bon Dieu, il suffit de croire en Rilke - j'ajoute que là aussi, c'est presque moins cher que le gel hydroalcoolique (2).





Gerhard Richter - Wolken (Fenster) / Nuages (Fenêtre), 1970
Huile sur toile





(1) Prévoyez également, dans quelques mois, des discours sur le coronavirus, voire des monuments, comme annoncé dans cette avant-dernière page de La peste. Prévoyez également, comme à la page suivante et dernière (3), que la nuit qui suivra la fin de la pandémie soit celle de la délivrance, et non de la révolte.


(2)  6 euros ! Je l'ai payé 6 euros dans ma librairie préférée, dit M. Chat. J'aime bien cette édition, à cause du Rosso Fiorentino...




 ...en couverture.


(3) Celle-là :



 





17/03/2020

Les conseils de M. Chat : éventuellement, relire les classique (le confinement, #2)


Albert Camus - La peste, 1947






...ou Manzoni, encore.




Mme Chat - Mais pourquoi tout le monde se met à lire ça ?


M. Chat - Peut-être parce que dans ce livre il n'y a pas de pourquoi (1). Peut-être que par les temps comme ceux qui courent, les gens cherchent autre chose que du pourquoi.



(1) Comme dans le bouquin de Hegel, d'ailleurs : le livre ne trouve d'autre justification que son existence même. Dans la philo comme dans le roman il est de ces exceptions, qui fonctionnent en boucle - des rochers solitaires. Peut-être fait-on plus attention à ce genre de rochers, quand une pandémie déferle.






16/03/2020

Les conseils de M. Chat : le confinement, #1






Dans un premier temps, essayer la méthode Nolen Gertz, les trois étapes pour vous protéger du coronavirus :










1) Se procurer un exemplaire de la Phénoménologie de l'esprit, de Hegel (actuellement moins cher que le gel hydroalcoolique)









2) Le lire du début jusqu'à la fin (cela devrait suffire à vous tenir occupé à la maison pendant deux semaines au moins)









3) Essayer d'en parler aux autres (ils feront en sorte de vous éviter par tous les moyens).