George Cukor - Camille (en V.F. Le roman de Marguerite Gautier), 1936 - on reconnaît Fritz Leiber (de face, tunique noire) dans le rôle de Valentin, et RobertTaylor à l'extrême-droite (Via Will Hart)
Fritz Leiber naît par un soir de Noël, le 25 décembre 1910, dans une famille de comédiens. Le père, Fritz senior, était un acteur shakespearien qui trouvait aussi son gagne-pain au cinéma :
Un père compétitif. Quand Fritz junior se met aux échecs "Il s'initia au jeu en me regardant l'apprendre et il me battit à notre première rencontre. Je fondis littéralement en larmes. Mon père était terriblement bon pour absorber les choses ainsi, c'était un compétiteur infatigable (...) Le croiriez-vous ? Quand j'ai commencé à écrire des histoires et à les envoyer à des magazines, mon père s'est mis immédiatement à faire de même. Il en a même bâti trois ou quatre..." (1).
Mais ce père partagea toutefois la scène avec son fils - qui tenait de plus petits rôles - par exemple dans Le Bossu de Notre-Dame de William Dieterle. De cette époque il nous reste un tableau (2) représentant...
...Fritz junior en Edgar, dans le Roi Lear.
Ledit Fritz junior entame donc une carrière d'acteur au théâtre et au cinéma, tout en suivant à Chicago des études de philosophie puis de théologie, jusqu'à devenir diacre et même un temps, exercer comme ministre de l'église épiscopalienne (3) dans le New Jersey, puis il doute et bifurque... Il exerce divers métiers, rédacteur d'encyclopédie, professeur de diction, vérificateur qualité chez Douglas Aircraft, responsable éditorial dans une petite revue scientifique. Il est vrai que ses occupations préférées, outre l'écriture, étaient les échecs, l'escrime et le tennis.
Bien sûr, il publie pendant ce temps, essentiellement des nouvelles pour Weird Tales ou l'Astounding de John W. Campbell. Mais insuffisant, et de très loin, pour faire bouillir la marmite. Il entretient aussi une correspondance avec H. P. Lovecraft, de 1936 à 1937 (4).
C'est The Big Time, prix Hugo en 1958, qui lui permet de vivre de sa plume. Le début de ce qu'il appelait sa middle period, où il écrit notamment son second pris Hugo, Le vagabond - et qui se termine abruptement par la mort de Jonquil, sa femme. Il replonge dans l'alcool et les barbituriques (5), devient un habitué des Alcooliques Anonymes - et de la dèche, aussi. Quand Harlan Ellison le retrouve, bien plus tard à San Francisco, il habite une pièce dans un hôtel miteux du Tenderloin, tapant ses nouvelles sur une machine à écrire même pas électrique et posée en travers de l'évier. C'est là, au 811 Geary Street...
qu'il écrit ce noir chef d'œuvre...
Ron Walotsky - Ill. de couverture pour The magazine of Fantasy & Science Fiction, Janvier Février 1977
The Pale Brown Thing, connu également sous le titre Our Lady of Darkness soit, chez nous :
Ill. de couverture par Pascal Moret
où Leiber se décrit sous le nom de Franz Westen, observant depuis sa fenêtre (qui ressemble fort à celle de Leiber sur Geary street) une colline au loin, Corona Heights - et plus précisément, là-bas, quelque chose de brun, qui s'agite et...
...et vous lirez la suite, si vous voulez, ou, si vous êtes paresseux, si encore vous n'avez pas les treize euros à faire tinter dans la poche d'un casseur de livres, un bref résumé.
Et puis, un jour, Fritz junior s'est remarié. Et quatre mois plus tard il est mort, le 5 septembre 1992. Mais certains murmurent que, dans d'autres univers, parfois même en intersection avec le nôtre, Fritz Leiber court toujours.
(à suivre)
(1) Fritz Leiber dans son autobiographie, Not much disorder and not so early sex, Berkley books 1984 - NMD dans la suite des notes.
(2) Reproduit dans NMD. Le peintre est François de Brouillette.
(3) Recherche métaphysique certes, mais aussi une façon de ne pas mourir de faim au creux de la grande Dépression, explique-t-il dans NMD.
(4) Correspondance initiée par sa femme, Jonquil, et publiée par J. S. Szumskyj et S. T. Joshi : Fritz Leiber and H. p. Lovecraft : writers of the dark, Wildside Press, Holicong Pa, 2003.
(5) Il y avait déjà sombré entre 54 et 56. J'y reviendrai.
(1) Dans The Ghost Light, Berkley Books, 1984. Non traduit.la façon dont il
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