11/04/2018

Une semaine Proust (2) : sirènes et gothas








Les excellentes éditions de la Fabrique publient Ultra-Proust de Nathalie Quintane, essai assorti en annexe de nombreux extraits du Contre Sainte-Beuve. 










Remarque : Pour les lecteurs qui auraient le mérite de ne pas avoir la télévision, ONPC ici c'est On n'est pas couché, un truc dont on peut se dispenser (de l'émission, pas de se coucher). Et l'épanorthose c'est ceci, selon le Morier










(Mais pour le contexte vous achèterez le livre, hein.) 

Nathalie Quintane renvoie à la thèse de Philippe Forest pour qui Le Temps retrouvé, cette apocalypse de la Recherche, en délivre non seulement le message salvifique (proprement littéraire) mais aussi la conclusion historique...



Philippe Forest - Proust, Le temps retrouvé
Mis en ligne par UnivNantes




...et cette conclusion c'est une catastrophe, une guerre mondiale vue d'un Paris bombardé, métaphoriquement transformé en bordel et en bal de têtes (1) fantomatique, Sodome et Pompéi.



Marcel Proust - Le Temps retrouvé, 1927, tome 1 : Mais qu'importaient sirènes et gothas...



Entendez les multiples façons qu'il y a de comprendre cette phrase : le cadre social, le cadre de la nature qui entoure nos amours, nous n'y pensons presque pas... En un sens le Temps retrouvé est un bilan politique, tiré par Proust, de la France de son temps et de sa classe. De la IIIème République au moment où, sous le choc de la guerre, s'amorce son déclin. De la rêveuse bourgeoisie qui se fantasme en aristocratie d'autant plus décadente qu'elle en a elle-même creusé la fosse. Et, plus généralement, d'une culture et d'une littérature qui ne devront par la suite leur survie qu'à la réflexion de et sur leurs propres limites. Et dans cette tasse de thé, nous y sommes encore.


(1) La matinée, plutôt, chez la princesse de Guermantes.

Aucun commentaire: