26/11/2015

Une semaine dans le ciel : les nuages, les merveilleux nuages


Alexander Cozens - The Cloud, ca 1770 
Fusain et aquarelle sur papier
Tate Gallery



- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !


Charles Baudelaire - L'Étranger, in Le Spleen de Paris, 1869


Baudelaire a peut-être écrit l'Étranger en marge de sa page sur Eugène Boudin dans le Salon de 1859 - la même page où il parlait de Meryon.  Mais ici, pour clore cette semaine, ce n'est pas Boudin mais Cozens. Cozens est un classique des nuages, on retrouvera ses œuvres, notamment les gravures sur le site de la Tate et, commentées et comparées à celles de Constable, chez Eve.

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