16/10/2014

Les vacances du bestiaire : Salvator Rosa


Salvator Rosa - Allégorie de la Fortune, ca 1658-1659, détail



"...Ce fut sous cette influence qu’il composa deux grands tableaux qui mirent toute la ville de Rome en émoi. L’un d’eux représentait l’instabilité des choses terrestres, et la figure principale, où le peintre avait personnifié l’inconstance sous l’emblème d’une profession honteuse, ressemblait évidemment à la maîtresse connue d’un cardinal. Le sujet du second tableau était la Fortune occupée à partager ses lots précieux ; mais sa main faisait pleuvoir les chapeaux de cardinaux, les mitres épiscopales, les pièces d’or et tous les insignes d’honneur, sur des ânes bâtés, sur d’ineptes moutons, et d’autres vils animaux, tandis que des hommes de l’aspect le plus noble, et couverts de haillons, attendaient vainement la moindre largesse. Salvator n’avait pris conseil que du dépit et d’une ironique amertume, et les têtes de ces animaux offraient la ressemblance de plusieurs personnages haut placés. 


  On peut s’imaginer quel redoublement de haine suscita sa hardiesse et quelles violences se déchainèrent contre lui. Dame Catterina le prévint, en pleurant, qu’elle s’était aperçu qu’à la tombée de la nuit des gens suspects rôdaient aux abords de la maison, et paraissaient épier chacun de ses pas..."
E. T. A. Hoffmann - Signor Formica, 1821, chap. VI
trad. Henry Egmont.



Salvator Rosa (1615-1673) avait en commun avec Spinoza le fait d'être un admirateur de  Masaniello, et même d'avoir fait son portrait. Un peu moins de deux siècles  plus tard, Salvator Rosa fut aussi le héros de Signor Formica.

De Salvator Rosa, déjà, ici. Et , également, à propos de Masaniello et son possible portrait par Spinoza. Enfin, sur la fameuse Compagnia della morte, à ma connaissance l'unique occurrence historique d'une organisation de lutte armée formée exclusivement d'artistes peintres, voir ici et .


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