07/04/2014

Un par extravagance




Un me dishoren lo cèu de desbòrd
d'eth separat a tròc  mèi dont se'n plenha 
huec qui de huec e se liva e se vrenha
d'eth mèi a l'enavant eth de tot bòrd


On nous a dit le ciel un par extravagance,
de soi-même distrait car comble de lambeaux,
feu qui naîtrait du feu, et se vendangerait,
plus lui-même car lui-même de toutes parts.






se s'esbrigalha es lutz e non pas mòrt
shens variar mès vibrar com ventenha
shens esposar mès non pas sens estrénher
e d'eth a d'eth e criculari e tòrt


S'il s'éparpille c'est lumière et non pas mort,
invariable mais de tempête vibrant,
et qui jamais n'épouse, étreignant sans merci,
allant de soi à soi par un circuit boiteux.





ò mas amors en còs desseparats
amassa! Hai de cap a l'Arren sonque
mèi en avant viste desemparats :


Vous autres, mes amours, en corps désassemblés
ensemble! hâtons-nous vers le néant, toujours
plus avant et plus vite encor désemparés.






aquí los sòs lo hèir deu nòste leit
aquí la pluja que trauca lo teit
e l'ostessa que truca e nos destronca 


En attendant, il faut payer le fer du lit,
la pluie, au même prix, qui traverse le toit
et l'hôtesse heurte à la porte et nous dérange.


Bernat Manciet (1923-2005)
Sonets / Sonnets, I - XXI
Jorn éd. 1996
Version française de l'auteur (1)






Et les vrais poètes sont immortels, comme disait le Monsieur mercredi dernier, à la bibliothèque publique du Nouveau Panier à Chats - Manciet, on le voit de temps en temps, et il aime le vin blanc !




(1) Les autotraductions de Manciet ne sont pas littérales,  et sa langue d'oc n'est pas l'occitan référentiel mais le gascon et même le gascon noir des Landes - qu'on peut écouter ici, par exemple.





Et pendant ce temps-là...
...ce n'est pas de gaîté de cœur, non...

2 commentaires:

Patricia a dit…

Une belle poésie d'un auteur inconnu de moi mais que certains considèrent aujourd'hui comme le 4ème M, après Montaigne Montesquieu et Mauriac...

Belles photos aussi pour illustrer. La dernière, c'est Celles, n'est-ce pas ?

loeildeschats a dit…

C'est bien au bord du Salagou, mais au lieu d'être à Celles, c'est entre Rouens et le pioch de La Sure, par là

Si vous vous intéressez à Manciet il faut lire L'enterrement à Sabres paru en bilingue en poche poésie/gallimard (bel effort, 500 pages en gascon+trad. dans une collection à grande diffusion...)