17/05/2010

En cherchant la Manche

Isabel Bishop - Reaching for the Coat Sleeve, 1943



Car à force de chercher la Manche on la trouve... 








...avec son ciel...








...ses chemins creux...

- Ah, dit Mme Chat, si je n'avais pas toutes ces choses en tête...







- Regarde, dit M. Chat, un écureuil!








Dans la Manche, pendant que l'obligeant ministère s'affaire à la relance - trop longtemps différée - des cathédrales...










...non loin de là, une des plus spectaculaires catastrophes immobilières du littoral...









...où quelque soixante-dix pavillons, finis ou non...








...continuent de s'affaisser depuis des années...










...s'est muée en éphémère conservatoire du graff et du muralisme sauvage...









...de tous les artistes ruinicoles...








...qui n'ont rien dans la Manche ?









Encore un peu plus loin, autre ruine hantée...









...au château de Gratot...









...la Tour de la Fée Andaine.

Comme le seigneur d'Argouges - qui avait le château de Gratot - rentrait de la chasse, il alla faire boire son cheval à une fontaine. Il vit une jeune femme très belle qui s'y baignait. Il s'avança le plus doucement possible, mais au léger bruit qu'il fit, elle s'enfuit. Les jours passèrent. Chaque jour le seigneur amoureux venait à la fontaine.

Un soir, la jeune femme réapparut, il se jeta à ses genoux, et lui demanda de l'épouser. Elle lui dit alors qu'elle
était fée et s'appelait Andaine, qu'elle acceptait de devenir pour lui une épouse terrestre et chrétienne, mais à une condition : qu'il ne prononçât jamais devant elle le mot "mort".

Ils se marièrent et furent heureux pendant sept années.

Puis un jour, comme le seigneur donnait un tournoi en l'honneur de son cousin le seigneur de Granville, les derniers invités étant arrivés, tous attendaient sa dame qui s'attardait à sa toilette. Excédé, il monta l'escalier  de la tour et alors qu'elle sortait il lui cria "Dame, êtes lente en vos besognes, seriez bonne à aller quérir la mort". La fée chancela en poussant un cri déchirant et disparut par la fenêtre. Là où elle s'était appuyée, l'empreinte de sa main resta incrustée dans la pierre, que les larmes du seigneur vinrent user au cours des années.


Depuis, la fée Andaine pleure éternellement son bonheur perdu, et les jours de tempête on l'entend gémir sous les murs du château: "la mort! la mort!"








Ainsi les seigneurs d'Argouges, dans chacune de leurs possessions, font construire pour la fée une tour octogone.


Et puis, tout au bout de la manche, il y avait le gant d'Eska...


 

Matthew Herbert and his Big Band, vocalist Eska and the Goldsmiths Vocal Ensemble
Mis en ligne par matterlondon

3 commentaires:

châtaigne a dit…

Magnifique, ce début de feuilleton Mr Chat....pathétique la fin.

Patricia a dit…

Les contes de fées ne sont jamais pathétiques mais esthétiques.

Merci pour ce bel article qui nous rappelle que la République a décidément beaucoup de blé (le nôtre en l'occurrence) pour les cathédrales et autres lieux de culte où le touriste foisonne. La relance dans la manche de certains déjà bien à l'aise dans leurs costumes.

châtaigne a dit…

C'est le délabrement, les ruines, notre façon de vivre qui sont pathétiques. Les contes de fée nous aimons tous ça.