Dans la Haute-Rue à Cologne
Elle allait et venait le soir
Offerte à tous en tout mignonne
Puis buvait lasse des trottoirs
Très tard dans les brasseries borgnes
Elle se mettait sur la paille
Pour un maquereau roux et rose
C'était un juif il sentait l'ail
Et l'avait venant de Formose
Tirée d'un bordel de Changaï
Je connais gens de toutes sortes
Ils n'égalent pas leurs destins
Indécis comme feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints
Leurs coeurs bougent comme leurs portes
Marizibill est publié pour la première fois en Juillet 1912 dans la revue Soirées de Paris qu'Apollinaire vient de fonder avec André Salmon, André Billy, René Dalize et André Tudesq, et qui a pour siège le Café de Flore. Cette année-là Apollinaire va mieux, judiciairement parlant - il vient d'être relaxé pour l'affaire du buste hispanique volé au Louvre et qu'on avait retrouvé chez lui, affaire pour laquelle il a été incarcéré une semaine à la Santé en Juillet 1911 - mais sentimentalement ça se gâte, avec Marie Laurencin. C'est le moment où il décide de publier un volume de poésie qui devait s'appeler Eau-de-vie, qui sera Alcools, et en Novembre il va en supprimer sur épreuves toute la ponctuation - on discute encore pour savoir si l'idée première vient de lui, ou de Cendrars.
On peut visiter ici les lieux où Apollinaire a passé sa semaine à la Santé.
L'image du Café de Flore n'est pas l'image du Café de Flore, mais celle de l'oeuvre-boîte de Charles Matton, Petit matin du Flore.
L'image du Café de Flore n'est pas l'image du Café de Flore, mais celle de l'oeuvre-boîte de Charles Matton, Petit matin du Flore.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire