Que sont devenus nos héros, nos conspirateurs ?
Russell Mann, Betty Turner et Charles Ellis continuèrent probablement à monter sur les planches. C'est sûr pour Charles Ellis dont on sait qu'il joue encore en 1949 dans une pièce sur Jeanne d'Arc et précédemment dans deux pièces d'Eugene O'Neill, ou encore dans Show Boat et Liliom.
Ça l'est moins pour Russell Mann qui semble être retombé dans une ombre plus profonde.
Quant à Betty Turner, elle a eu la malchance d'avoir une homonyme actrice qui dès 15 ans avait déjà un petit rôle dans Le retour de Tarzan (Revier & Merrick, 1920)...
...ce qui obfusque, hélas, bien des recherches sur son nom. Mais je m'égare. La vraie Betty Turner, la conspiratrice, figure bien dans l'index de l'ouvrage de référence sur les actrices de cette période à Greenwich Village (1), comme
Turner Betty - actress
mais sans aucune autre mention au long de l'ouvrage. On sait qu'elle a joué, dans une pièce de John Chaplin Mosher, Sauce for the emperor...
...un rôle de cuisinière pour l'empereur Néron - et cela précisément pour la saison 1916-1917.
Mais ce qu'on sait, en tout cas, c'est qu'ils étaient tous trois acteurs du Provincetown Playhouse. Ce n'était pas le plus grand théâtre de New York, certes,
Mais c'était celui de John Reed et Eugene O'Neill - sis d'abord à Provincetown, d'où son nom, dans une maison de vacances au bord de la mer, puis, à partir de 1916...
...dans un brownstone au 139 puis enfin au 133 McDougal street, tout près de Washington Square (2). C'est là que naît le théâtre états-unien du XXème siècle, The long voyage home d'O'Neill sera représenté à la saison 1917-18 et son premier grand succès, The Emperor Jones, en 1920 sur la même scène...
...avant de migrer à Broadway (3).
Pour donner une idée de ce qu'était l'esprit du style Little Theatre à l'époque, voici le résumé de Cocaïne, une pièce de Pendleton King, jouée au Playhouse lors de la saison 1916-1917 :
The play has only two characters: Joe, a 24-year old washed-up prizefighter; and Nora, a 30-year old prostitute finding it difficult to attract men as tricks. Both are addicted to cocaine and are living together in an attic flat on their last dime in the Village. They haven’t had any “stuff” for four days. To that end, Joe brings up that he’s willing to turn tricks himself and wants to be able to contribute. The landlady, who’s made it clear she wants Joe, has told him they’re going to be evicted, but that he can make it all right if he’ll sleep with her. But Nora won’t hear of it, telling Joe he’s “the only thing I’ve got left in the world” and that she “wouldn’t touch him with a ten-foot pole” if he slept with the landlady. Her suggestion is that they’ve had a great life, there’s no way out of their situation, and they should just turn on the gas and end it all. Joe initially resists, saying “It ain’t right to kill yourself,” but she challenges him by asking if he’s scared, noting that he’s “pretty bad off” and asks “what will become of you without me to take care of you?” Finally he relents, telling her “I’ll show you whether I’m scared” and she turns on the gas. They lie down on the bed, turn the lights out, and the actors play the remaining scene in the dark. In an ironic twist, the gas meter has run out and they don’t have even a quarter to turn it on. Joe, somewhat relieved, opens the window, ending the play by saying “Gee, it’s daylight.”
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