Maria Pia de Vito, dans un court extrait du documentaire Jazz istruzioni per l'uso, d'Elena Somaré. Après des études musicales classiques le parcours de M.P. de Vito mêle le folk napolitain et le jazz, pour ce dernier notamment avec John Taylor.
En 2006 elle a repris des chansons de Joni Mitchell dontSo right qu'on entend ici grâce à Jazz Musique Production. Plus récemment elle a enregistré avec le pianiste anglais Huw Warren un disque de standards napolitains, anglais et brésiliens dont le gracieux Si fosse n'auciello...
Maria Pia De Vito (chant) Gabriele Mirabassi (clarinette) John Taylor (piano) - Si fosse n'auciello... paroles d'Antonio de Curtis (dit Totò) Album Diálektos (Maria Pia de Vito & Huw Warren), 2008
Si j'étais un oiseau, je voudrais chanter tous les matins au-dessus de ta fenêtre
Si fosse n 'auciello, ogne matina vurria cantà 'ncoppa 'a fenesta toja : Bongiorno , ammore mio, bongiorno, ammore ! E pò vurria zumpà 'ncoppa 'e capille e chianu chiano, comme a na carezza, cu stu beccuccio accussi piccerillo, mme te mangiasse 'e vase a pezzechillo ... Si fosse nu canario o nu cardillo.
Et elle était il y a quelques jours près de chez les chats, en duo avec Jean-Baptiste Trotignon. Au moment des rappels elle a chanté sa version de Scalinatella, enregistrée sur l'album Nauplia, et que vous pouvez écouter ici.
Scalinatella longa longa longa longa Strettulella strettulella addo' sta chella 'nnammuratella Nun sponta ancora zuc zuc zuc zuc zuc zucculillo zucculillo pe' 'sta viarella scarrupatella Addo' mme ne vogl'i' t'od dico e crideme addo' se ne po' ghi chi è stanco 'e chiagnere Scalinatella saglie 'n cielo o scinne a mare cercammella trovammella portame a chella sciaguratella Chella s'e' 'nnammurata 'e nu pittore... ca pitta Capre e parla furastiero e i' porto 'mpietto nu dulore 'e core e sento chem m'accide stu penziero Scalinatella saglie 'ncielo o scinne a mare cercammella trovammella portame a chella sciaguratella Chella s'è 'nnammurata 'e nu pittore ca pitta Capre e parla furastiero... Scalinatella saglie 'ncielo o scinne a mare cercammella trovammella portame a chella sciaguratella portame a chella sciaguratella eh portame a chella sciaguratella
Scalinatella, paroles de Enzo Bonagura, musique de Giuseppe Coffi, 1948.
La scalinatella, à Positano...
Cliquer pour agrandir, comme d'habitude Mis en ligne sur Flicker par MorBCN sous CreativeCommons
...c'est la rue qui descend en escalier, du haut de la ville jusqu'à la plage...
Ci-dessous vous avez droit en prime à la version de Massimo Ranieri, qui fait volontairement ressortir les influences arabo-andalouses sur le chant napolitain.
C'est Italo Calvino, l'auteur du Baron perché, photographié sans nul doute à Paris - mais où et quand précisément ? Je me le suis longtemps demandé.
Le bar, au fond à droite, d'où sort - peut-être - Calvino, c'est le Bonaparte (1), au coin de la rue du même nom...
...et de la rue Guillaume Apollinaire.
Imaginez que le photographe se soit retourné, vous verriez le porche de Saint-Germain-des-prés.
Sur la photo, juste à gauche du bar, l'entrée d'un cinéma. A l'affiche, on dirait Un taxi pour Tobrouk, de Pierre Granier-Defferre, un de ces films dont la meilleure partie est dans le générique.
Un taxi... est sorti à Paris le 10 Mai 1960, un peut tôt pour ce cinéma qui n'ouvrit ses portes qu'en 1969 - il s'appelait alors le Bilboquet. Il s'agit donc d'une reprise, mais de quand date-t-elle ?
Un indice : on ne voit que les quatre dernières lettres de l'enseigne du cinéma : main... Or le Bilboquet ne s'est appelé Olympic Saint-Germain qu'entre son rachat en 1978 par Frédéric Mitterrand et sa revente en 1982 à la société Ciné-Classic, qui le rebaptisa tout simplement le Saint-Germain-des-prés, nom qu'il porte toujours.
Calvino n'ayant habité Paris qu'entre 1967 et 1980, on peut encore restreindre cette période, si l'on veut bien faire abstraction de ses fréquents retours sur les bords de la Seine, par exemple pour se faire décorer de la Légion d'honneur par Jack Lang en 1981 - nobody's perfect.
Disons 1978 ou début 1979 - dans ce cas l'homme qui nous regarde est peut-être encore en train de corriger les épreuves de Se una notte d'invierno un viaggiatore, roman fabuleux publié en 79 et qui se compose...
...de dix incipit, débuts laissés en suspens de romans d'un genre à chaque fois différent, entrecoupant l'histoire d'amour en douze chapitre d'un lecteur et d'une lectrice de ce puzzle dû à une erreur de l'imprimeur. Alors, imaginez que sur cette photo de Saint-Germain-des-Prés l'oeil légèrement amusé de Calvino soit celui de l'écrivain...
Schéma de Si par une nuit d'hiver un voyageur composé après la rédaction du livre et publié dans la revue Alfabeta
...qui jauge la subtilité de ses futurs lecteurs.
Derrière lui on reconnaît évidemment un exemplaire original des 88 grands modèles de Fontaines Wallace. Les quatre cariatides sont censées être inspirées de la Fontaine des Innocents...
...de Jean Goujon. Deux d'entre elles, les yeux ouverts, personnifient la Bonté et la Charité. Celles qui ont les yeux fermés représentent la Simplicité et la Sobriété (2). Parmi ces deux dernières je vous laisse le soin de deviner...
...quelle est celle qui nous fait face. Cela dit, plus que la simplicité, la sobriété siérait à notre auteur.
Enfin, au fond de la photo, on peut voir l'extrémité...
...de l'immeuble de la Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, 4 place Saint-Germain-des-prés, anciennement 44 rue de Rennes. Aujourd'hui reconvertie en boîte à bachot pour étudiants en droit, cette salle restera dans l'histoire pour avoir abrité, le 22 mars 1895, la première séance de cinématographe, avec la projection de...
"Même le cinéma à Paris est un musée, ou une encyclopédie à consulter, non seulement en raison de la quantité des films de la Cinémathèque, mais grâce aussi à tout le réseau des studios du Quartier latin : ces salles très étroites, qui puent, où on peut voir le dernier film du nouveau metteur en scène brésilien ou polonais aussi bien que les vieux films de l'époque du cinéma muet ou de la seconde guerre mondiale. En faisant un peu attention et avec un peu de chance, tout spectateur peut reconstruire l'histoire du cinéma morceau par morceau : moi, par exemple, j'ai un faible pour les films des années trente, parce que ce sont les années où le cinéma était pour moi le monde entier, et dans ce domaine je peux avoir des satisfactions, disons, dans le sens de la recherche du temps perdu, et revoir les films de mon enfance ou récupérer les films que j'ai ratés dans mon enfance, que je croyais perdus à jamais, alors qu'à Paris on peut toujours espérer trouver ce que l'on avait perdu - son propre passé ou celui d'autrui. Une autre manière donc de voir cette ville : comme un gigantesque bureau des objets perdus, un peu comme la Lune dans le Roland furieux (3), où est rassemblé tout ce qui a été perdu dans le monde."
Italo Calvino, Ermite à Paris, pages autobiographiques, p. 93, trad. Jean-paul Manganaro, éd. du Seuil.
(2) Un des desseins de Richard Wallace, milliardaire, fastueux amateur d'art et philanthrope discret, était en installant ses fontaines publiques de protéger le peuple parisien de l'ivrognerie.
(3) "Après avoir traversé des plaines brillantes, ils arrivent au vaste royaume de la Lune, dont la surface est brillante comme l'acier le plus pur. Cette planète, en comprenant les vapeurs qui l'entourent, paraît égale en grandeur au globe de la Terre. Le paladin reconnaît avec surprise que ce globe vu de près, est immense, tandis qu'il nous paraît fort petit quand nous l'examinons d'ici-bas. Il peut à peine distinguer la Terre plongée dans les ténèbres et privée de clarté; il y découvre des fleuves, des campagnes, des lacs; des vallées, des montagnes, des villes et des châteaux bien différents des nôtres. Les maisons lui paraissent d'une grandeur énorme; il voit de vastes forêts où les nymphes poursuivent chaque jour des animaux sauvages. Astolphe, qui se propose un autre but, ne s'amuse point à considérer ces objets divers, il se laisse conduire dans un vallon qu'environnent deux collines. Là sont recueillies toutes les choses que nous perdons par notre faute, par les injures du temps, ou par l'effet du hasard; il ne s'agit point des empires et des trésors que dispense la capricieuse fortune, mais de ce qu'elle ne peut ni donner ni ravir. Je veux parler des réputations que le temps comme un ver rongeur, mine lentement et finit par détruire. On y voit tous les voeux et toutes les prières que les malheureux pécheurs adressent au Ciel. Là se trouvent encore les larmes et les soupirs des amants; le temps perdu au jeu ou dans l'oisiveté, les vains projets laissés sans exécution, les frivoles désirs, dont le nombre immense remplit presque le vallon. Enfin on aperçoit là-haut tout ce qui a été perdu sur la Terre." L'Arioste, Roland furieux, chant 34.
Cela se passe en Juin 1958 à Hambourg. Bianca Passarge, 17 ans, déguisée en chat, fait des pointes sur des bouteilles vides. Elles s'est vue le faire dans un rêve, et s'est entraînée huit heures par jour pour le réaliser. C'est tout ce qu'on sait. Via Vintage photo.
Trente mille manifestants, quatorze mille interpellations, plusieurs dizaines, voire centaines de morts (1). Et je me souviens d'Elie Kagan, et d'Alexis Violet.
Elie Kagan est l'un des deux seuls photographes (2) à avoir gravé sur la pellicule ce qui s'est passé dans la nuit du 17 Octobre 1961.
"Kagan prévenu par téléphone s'est rendu au métro Solférino : des centaines d'Algériens parqués les bras en l'air attendent d'être embarqués. Il descend dans le métro Concorde, prend quelques clichés à la sauvette et remonte avant d'être repéré. Il jette la pelicule du haut du pont dans un tas de gravats. Il la récupérera plus tard. Caché dans un urinoir, il entend les policiers qui passent tout près, crier : "Ca barde au pont de Neuilly." Juché sur sa Vespa, il se précipite. Des autobus réquisitionnés stationnent là, bourrés d'Algériens. On entend des coups de feu qui trouent la nuit du côté de la banlieue. Kagan continue vers Nanterre. Au bord de la route, il entend des gémissements. Un blessé gît dans une mare de sang. A côté, affalé sur un muret, un cadavre.
Kagan emmène le blessé à l'hôpital de Nanterre. L'infirmier de garde l'accueille :
- Et un raton, un." (3)
C'estJean-Michel Mension, dit Alexis Violet, qui a tracé le graffiti "ici on noie les Algériens" sur le parapet du quai des Orfèvres, avec trois de ses camarades du Comité pour la paix en Algérie du quartier Seine-Buci, quelques jours après le massacre.
"Nous descendîmes à deux sur la berge, juste en-dessous du quai des Orfèvres, pour badigeonner notre slogan. Les deux autres faisaient le guet au bout du pont. Nous n'en retrouvâmes qu'un en remontant, l'autre s'était perdu, dit-il... Puis nous badigeonnâmes de nouveau le parapet sur la rue, en haut du quai. Le coup réussi, chacun rentra chez soi... Au petit jour, je vais admirer notre oeuvre. L'inscription sous le quai des Orfèvres a déjà été recouverte, reste celle des quais. C'est seulement à ce moment-là que je me rends compte. Si les flics nous avaient piqués, nous aurions pu nous retrouver à la baille..." (4)
Elie Kagan est mort le 25 janvier 1999, et Jean-Michel Mension le 6 Mai 2006.
(1) Entre 30 et 50 selon l'estimation la plus basse (Jean-Paul Brunet, Police contre FLN, Flammarion 1999), plus de 300 selon la plus haute (Jean-Luc Einaudi, Octobre 1961, un massacre à Paris, Fayard, 2001). Pour une discussion de ces chiffes, voir Jim House et Neil MacMaster, Paris 1961, les Algériens, la terreur d'Etat et la mémoire, Tallandier, 2008, ch. 6, "compter les morts, identifier les meurtriers".
(2) L'autre est Georges Azenstarck, photographe à l'Humanité, qui se trouvait ce soir là sur les grands boulevards. Selon son témoignage recueilli par Thérèse Blondet-Bich (Le 17 octobre 1961, un crime d'Etat à Paris, La dispute éd., 2001, p. 169) les négatifs de ses photos ont disparu, "égarés" dans les archives du journal.
(3) Elie Kagan et Patrick Rotman, Le reporter engagé, trente ans d'instantanés, Métailié éd., 1989, p.30.
(4) Jean-Michel Mension, Le temps gage, Noésis éd., 2001, pp. 208-211.
I'm waiting for something to come through I'm hoping I can write a real sweet tune No passion, no warmth in these words I'm trying, but have nothing to offer I'm waiting with nothing to do I'm waiting, just waiting on you Sadly, just like before It's lifeless, and soulless, and yeah, I fall way short No beauty, no sweet melody No four-part barbershop harmony