Oui, c'est presque Noël. Et bientôt ce ne sera plus Noël. Mais s'attardera, un temps, dans les recoins, ce petit poudroiement de magie - ou de mélancolie ?
À propos de mélancolie, vous rappelez-vous de
Sur mon chemin je suis passé près de deux types qui déchargeaient d’un camion un énorme arbre de Noël. Un des deux arrêtait pas de dire à l’autre «Redresse-le ce putain de bordel de merde de machin. Redresse-le, sacré nom ». C’était vraiment une façon super de parler d’un arbre de Noël. Et en même temps c’était marrant, tristement marrant, disons, et je me suis mis à rire. J’ai eu grand tort parce qu’à l’instant même j’ai bien cru que j’allais vomir. Sans blague. J’ai même commencé à vomir, et puis ça s’est arrangé. Je sais pas ce qui m’a pris. Je veux dire que j’avais rien mangé de pas sain et d’habitude j’ai l’estomac solide. Bon ça s’est arrangé et je me suis figuré que ça irait mieux si je mangeais un peu. Aussi je suis entré dans un troquet qui avait l’air bon marché et j’ai commandé du café et deux beignets. Mais j’ai pas mangé les beignets. Ça n’aurait pas passé. Ce qu’il y a, lorsque quelque chose vous tracasse, on peut plus rien avaler. Le garçon a été très sympa. Il a remporté les beignets sans les faire payer. J’ai seulement bu mon café. Puis je suis reparti et j’ai parcouru la Cinquième Avenue.
C’était lundi et bientôt Noël, et tous les magasins étaient ouverts. Le bon moment pour se balader sur la Cinquième Avenue. Ça faisait très Noël. Tous ces Santa-Claus rabougris agitaient leurs clochettes à chaque coin de rue et les filles de l’Armée du Salut, celles qu’ont pas de rouge à lèvres ni rien, agitaient aussi des clochettes.

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