...dans la grande scène d'ouverture de Todas las Sangres (traduction de J. F. Reille, Tous sangs mêlés, Gallimard éd. 1970) (1).
Todas las Sangres fait partie des livres dont on ne sort pas indemne - ou, du moins, qui ne peuvent pas laisser indifférent. Portrait choral d'un Pérou multiculturel (entre indios, mestizos et criollos) et en pleine transition post-féodale, condensé dans le petit village andin de San Pedro de Lahuaymarca. Écrit dans des moments de frénésie au moment d'une double crise, politique et sociale d'abord : celle de la réforme agraire de 63, promise par le gouvernement de Belaunde Terry, entraînant suite à sa victoire électorale en 1663 des occupations de terres par les paysans pauvres, réprimées l'année suivante dans le sang par le même gouvernement.
Crise personnelle d'Arguedas qui démissionne en 1964 de son poste de directeur de la Casa de la Cultura, tente de se suicider deux ans plus tard et survit grâce au soutien de la psychanalyste chilienne Lola Hoffman - c'est à elle, dit-il qu'il doit d'avoir pu écrire "tout ce que j'ai écrit depuis le chapitre II de Todas las sangres jusqu'à la dernière ligne des Hervores" (2).
Les Hervores, ce sont les Ébullitions écrites à Chimbote, et qui forment la seconde partie du dernier livre d'Arguedas, El zorro de arriba y el zorro de abajo (3).
Bien des intellectuels péruviens, dont Vargas Llosa - ou encore, hors du Pérou, Cortázar - ont polémiqué contre Arguedas. Mais de toute façon lire Arguedas, n'importe quel livre d'Arguedas, c'est subir un choc. Essayez, vous verrez.
(1) Et, si je puis me permettre un conseil, cliquez sur l'image pour mieux lire...
(2) Lettre d'Arguedas à l'éditeur Gonzalo Losada, 29 Août 1969. Trois mois plus tard Arguedas réussit son suicide en se tirant une balle dans la tête dans les toilettes de l'Universidad Agraria de Lima où il enseignait.
(3) Traduit en français sous le titre Le renard d'en haut et le renard d'en bas (Grevis éd. Caen, 2023). La lettre à Losada citée plus haut est à la page 371 de cette édition.
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