06/11/2022

Tout est vanité, mais tout va bien quand même


Weaver Hawkins - Broken things, 1945
Huile sur carton
 
 
Broken things : deux objets cassés fortement symboliques. Le vase, image du corps physique (1) et le miroir, image de soi - et le vase, justement, s'y reflète. Le corps de l'artiste, brisé par la guerre, cassé et recassé par les chirurgies.
 
Une année également symbolique, 1945, Hawkins malade, empêché de peindre puis retrouvant suffisamment la santé pour produire, en tout premier, ce tableau. 

1945 également, la fin de la seconde guerre - mais aussi l'année où l'humanité découvre toute l'étendue de ce dont elle est capable, à Hiroshima et Auschwitz-Birkenau.

Et un tableau qu'on pourrait lire comme une Vanitas, mais une Vanitas sauvée par la couleur.

Une Vanitas gaie, en quelque sorte...
 
 
 
 
 
(1) Lucrèce, et à sa suite une longue tradition : 
Quippe etenim corpus, quod uas quasi constitit eius,
Cum cohibere nequit conquassatum ex aliqua re
Ac rarefactum detracto sanguine uenis...
 
Le corps est pour ainsi dire le vase de l'âme ; s'il ne peut plus la contenir
quand un choc le bouleverse, ou quand le retrait du sang
hors des veines le rend poreux...
 
Lucrèce, De natura rerum, 441-443, trad. Clouard
 

 

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