20/11/2018

Deux coups d'œil sur l'année 16


Max Oppenheimer - The World War, 1916
Huile sur toile
Museum of Modern Art, New York





Klemens Brosch - Der letzte Augenblick / Le dernier instant, 1916



En 1916, Max Oppenheimer, autrichien d'origine, est en Suisse où il échappe à la guerre, avec ses amis dadaïstes (1), aux alentours du Cabaret Voltaire.

Klemens Brosch, autrichien lui aussi, était malade des poumons (et peut-être tuberculeux ?). A ce titre, il était en principe exempté de service militaire... ce qui ne l'empêcha pas de passer 150 jours sur le front de Galicie. Ses dessins de l'époque en témoignent.

Oppenheimer, classé artiste dégénéré, repartira pour la Suisse en 1938 - puis pour les Etats-Unis où il mourra en 1954, pauvre, amer et isolé au milieu de la vague de l'expressionnisme abstrait.

Brosch quant à lui, soignant sa maladie à la morphine (2), devient dépendant, ne parvient pas à se désintoxiquer et met fin à ses jours en 1926.

Deux artistes aussi différents que difficiles à classer - l'un cosmopolite, naviguant rapidement, aisément, entre les avant-gardes successives, l'autre resté fidèle à sa manière et ancré à Linz jusqu'à en mourir. Deux hommes qui ont pu se frôler sur un quai de gare, comme se croisent ou s'ignorent des regards - l'un acéré mais comme à ras de terre, l'autre bien plus sophistiqué (3), distancié et même, parfois, multidirectionnel.




(1) Oppenheimer était aussi, juste avant la guerre, des proches d'Erich Mühsam. Par la suite il s'éloignera vite de Dada.

(2) C'était alors, et c'est toujours parfois un moyen de traitement des maladies pulmonaires.

(3) Max Oppenheimer, dit MOPP, fut un des grands portraitistes de l'Allemagne en son temps (voyez ici, par exemple).

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