04/07/2018

N'en est-il pas assez de la douleur incessante


Ilia Répine - Manifestation du 17 octobre 1905, 1910
Huile sur toile
Musée Russe, Saint-Pétersbourg



Après dix mois de manifestations, de grèves et de massacres, puis dix jours de grève générale qui mettent le tsarisme à genoux, ils fêtent ici leur victoire - l'empereur vient de signer le Manifeste d'Octobre. Ils défilent dans les rues de Pétersbourg en chantant la Marseillaise des travailleurs de Piotr Lavrov (1).

Mais ce n'est pas une victoire, c'est un premier acte.

Et - marmonne M. Chat - c'est tout de même une chanson, voyons, comment dire, vous y soupçonnez peut-être de l'utopie, mais "tous les peuples se fondront en un seul dans le libre règne du travail sacré", c'est autre chose que kunsankimpur abreuve, non ?




Рабочая марсельеза / La Marseillaise des travailleurs
paroles de Piotr Lavrov, 1875
dans le film de S.M. Eisenstein, Octobre, 1928 (mais ici c'est octobre 1917 et non octobre 1905...)
Mis en ligne par Russian Marching songs



Dénonçons l'ancien monde !
Secouons sa poussière de nos pieds !
Nous n'avons pas besoin des idoles d'or,
Nous détestons les palais du Tsar !
Nous irons parmi les frères souffrants,
Nous irons vers ceux qui ont faim ,
Jetant avec eux la malédiction sur les malfaisants -
Nous les appellerons à lutter avec nous .

Refrain:
Debout, debout, travailleurs !
Debout contre les ennemis, frère affamé !
En avant! En avant! Le peuple crie vengeance
En avant, en avant, en avant, en avant, en avant !

Les riches, les koulaks, la meute des avides
Te privent de ton travail si durement,
De ta sueur voracement ils s'engraissent,
T'arrachent ton dernier bout de pain.
Aie faim, pour qu'ils profitent
Aie faim, pour qu'en jouant en Bourse
Ils vendent conscience et honneur
Et qu'ensuite ils t'insultent.

Refrain

Pour toi le repos sera seulement dans la tombe.
Chaque jour présente une dette à payer.
Le tsar-vampire suce tes veines
Le tsar-vampire boit le sang du peuple.
Il a besoin de soldats pour les régiments.
Donnez-lui vos fils.
Il a besoin de fêtes et de palais.
Donnez-lui votre sang.

Refrain

N'en est-il pas assez de la douleur incessante ?
Levez-vous, frères, partout à la fois
Du Dniepr à la mer Blanche,
Le long de la Volga, jusqu'au lointain Caucase !
Contre les voleurs, les chiens - contre les riches
Et contre le maléfique tsar-vampire.
Sus ! Qu'ils périssent, ces maudits scélérats.
Que luise l'aube d'une vie meilleure.

Refrain

Et monte, derrière une aube sanglante
Le soleil de la vérité et de l'amour fraternel,
Pour prix de la paix, cette dernière lutte,
Notre sang, pour le bonheur de nos enfants.
Et viendra le temps de la liberté
Le mensonge et le mal disparaîtront à jamais,
Et tous les peuples se fondront en un seul
Dans le libre règne du travail sacré.

Refrain (2)






Et, à propos d'Ilia Répine, déjà.



(1) On compte nombre de Marseillaises. Celle de Lavrov fut un bref moment - de février à octobre 1917 - l'hymne national russe.

(2) Trad. un peu modifiée par les chats, par rapport à celle que l'on trouve couramment sur le réseau public.

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