22/07/2017

Une ville, un coup de couteau, un index gauche et la vraie recette du guacamole


Rudy Toombs - I'm shakin', chanté par Little Willie John
Mis en ligne par RoverTCB



Il faut rendre à César ce qui est à César, c'est bien Rudy Toombs qui a écrit I'm shakin', même si c'est Little Willie John qui a fait connaître cette chanson. De même, c'est  Peggy Lee qui a vendu Fever au monde entier, quand bien même Little Willie John a été le premier à le chanter, et de quelle manière, alors qu'il avait à peine 18 ans (1).

Rudy Toombs, l'homme qui a écrit One scotch, one bourbon, one beer, le songwriter d'Otis Williams et Ruth Brown, finit battu à mort par des cambrioleurs dans son entrée d'immeuble à Harlem, en 1962. Six ans plus tard, Little Willie John mourait - officiellement de pneumonie - à Walla Walla, le pénitentier de l'état de Washington, où il était emprisonné pour meurtre - un coup de couteau un peu vif après un concert, dans un bar de Seattle où il avait laissé sur le carreau un colosse qui embêtait sa copine d'un soir. That's right, you got me nervous, comme il le dit dans I'm shakin'.



Rudy Toombs - I'm shakin', chanté par Jack White
Mis en ligne par jackwhite



Jack White n'a jamais tué personne et, jusqu'ici, personne ne l'a tué. La pire chose qui lui soit arrivée, c'est probablement de s'être cassé l'index gauche dans un accident d'auto, ou de manger du guacamole mal préparé. Jack White a eu de la chance : il est blanc. Mais il a un point commun avec Little Willie John : il sont de Detroit, tous les deux. Cette ville a quelque chose, avec la musique, c'est peut-être pour ça qu'elle refuse obstinément de mourir.




(1) Sur Little Willie John, en français, lire les paragraphes inspirés que lui consacre Pierre Evil dans un livre que les chats ont déjà mentionné : Detroit sampler, Ollendorff & Desseins éd. 2014, pp. 148-153.


Accessoirement, pour tous ceux qui s'intéressent au blues, au boogie, au R&B, au doo-wop... à tous ces trucs noirs de peau qui sont à la base, à la racine et qui sont l'essence même de ce que naguère les jeunes appelaient lerock, il existe un livre (en anglais).

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