02/12/2016

Avec et sans souci







La rocaille. Son déséquilibre étudié. Comme un déhanchement maniériste, mais sans la raideur. Qu'est-ce qui nous plaît tant dans la rocaille ? Dans sa régulière asymétrie, un ordre désordonné ? Une parenthèse de la vie, un rêve de despote éclairé ?








Ou encore, la mélancolie. On regarde le rococo comme on rêve devant les nuages, les merveilleux nuages. On s'y voit presque...









...on n'y sera jamais. Et le grand Frédéric lui-même rêvait peut-être aussi de paix perpétuelle - puis il réenfilait ses bottes. On n'en finit pas, on n'en finit jamais, même au XVIIIème siècle le plus ensoleillé.










L'ostalgie, au fond, c'est un peu comme la rocaille. Un rêve qui ne pouvait pas se réaliser, et là aussi un despote éclairé - de lumières plus violentes.









Et la mélancolie toujours, qui perce sous les façades ravalées, dans les supermarchés enfin garnis - car c'est cela la mélancolie : dans ce qui a été perdu, un peu de ce qui ne s'atteindra jamais - et dans ce qui a été gagné, la déception toujours présente.








Et ne vous moquez pas du badigeon, du recrépi, du ravalement de la mélancolie. Même si on la soigne au sentiment, ne riez pas du gemütlich un peu naïf, mais qui fait chaud au coeur de la mélancolie, après la catastrophe - et quand on pressent l'orage, aussi.







Potsdam, château de Sans-Souci et ses environs, 20/11/16.  


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