17/10/2024

Le Pot-au-noir, les dames espagnoles, la baleine et, peut-être, qui sait, le retour à la maison


Philip G. Needell - In the Doldrums/Dans le Pot-au-noir, n.d.
Gravure sur bois en couleurs

 

À minuit sur le gaillard d'avant, c'est au chapitre 40 de Moby Dick qu'on se met à chanter...


Herman Melville - Moby Dick, ch. 40, trad. Armel Guerne
Ne soyons pas sentimentaux,c'est mauvais pour la digestion...
 
 
...Spanish Ladies, le grand classique des chants de marins anglais.
 
 
Farewell and adieu unto you Spanish ladiesFarewell and adieu to you ladies of SpainFor we have received orders to sail to old EnglandWe hope in a short time to see you againWe'll rant and we'll roar like true British sailorsWe'll rant and we'll roar along the salt seasUntil we strike soundings in the Channel of Old EnglandFrom Ushant to Scilly is thirty-five leagues
 We hove our ship to with the wind on sou'west, boysWe hove our ship to, deep soundings to takeTwas forty-five fathoms, with a white sandy bottomSo we squared our main yard and up channel did make.
We'll rant and we'll roar like true British sailorsWe'll rant and we'll roar along the salt seasUntil we strike soundings in the Channel of Old EnglandFrom Ushant to Scilly is thirty-five leagues

 

 Le 40 c'est un de mes chapitres préférés, à vrai dire...

 

Sarah Blasko - Spanish ladies (trad.) (1)
 
 
 
Now let every man drink off his full bumperAnd let every man drink off his full glassWe'll drink and be jolly and drown melancholyHere's to the health of each true-hearted lassWe'll rant and we'll roar like true British sailorsWe'll rant and we'll roar along the salt seasUntil we strike soundings in the Channel of Old EnglandFrom Ushant to Scilly is thirty-five leagues
 
 
  
Herman Melville - Moby Dick, ch.40 
Où sont les filles ?

 
The first land we made was called the DodmanNext Ram Head off Plymouth, off Portland the WightWe sailed by Beachy, by Fairlee and DoverThen abreast away for South Foreland LightWe'll rant and we'll roar like true British sailorsWe'll rant and we'll roar along the salt seasUntil we strike soundings in the Channel of Old EnglandFrom Ushant to Scilly is thirty-five leagues
 The signal is made for the grand fleet to anchorAnd all in the Downs that night for to lie;Let go your shank painter, let go your catHaul up your clewgarnets, let tacks and sheets fly!We'll rant and we'll roar like true British sailorsWe'll rant and we'll roar along the salt seasUntil we strike soundings in the Channel of Old EnglandFrom Ushant to Scilly is thirty-five leagues
 
 
 
...mais c'est un tournant du livre car c'est là, juste après, là, au début du chapitre 41, qu'on en vient...

 
 Herman Melville - Moby Dick, ch.41
Relativement rares étaient ceux qui l'avaient vu, de leurs yeux vu...


 
...au fond de l'affaire, à la baleine, et est-ce qu'on en remontera, du fond, est-ce qu'on reviendra chez soi, et dans quel état, hein ?
 
 Now let every man drink off his full bumperAnd let every man drink off his full glassWe'll drink and be jolly and drown melancholyHere's to the health of each true-hearted lassWe'll rant and we'll roar like true British sailorsWe'll rant and we'll roar along the salt seasUntil we strike soundings in the Channel of Old EnglandFrom Ushant to Scilly is thirty-five leagues
 
 
 
John Taylor Arms - Evening, East River, New York, 1919
Eau-forte et aquatinte
 

 
(1) Il en existe évidemment plusieurs versions. La plus connue du grand public, c'est celle que fredonne Robert Shaw dans Les dents de la mer, avant de se faire bouffer par le requin.

16/10/2024

Ronde de nuit : Maxime Verdier


Maxime Verdier - La ronde de nuit, 2023
Diorama, matériaux divers
 

15/10/2024

Les vacances du bestiaire : Grant Wood


Grant Wood - Wild Flowers, 1939
Lithographie colorée à la main par la sœur de l'artiste
 
 
 
 
Et, de Grant Wood ou à son propos, déjà.

14/10/2024

L'art de la rue : deux ambiances


Reginald Marsh - 42nd St Movies, 1946 
Tempéra à l'œuf

 

Reginald Marsh - Pip and Flip, 1932
Tempéra sur toile

 

Le titre de la première toile parle de lui-même : le Theater district et ses fantasmes privés/publics. Pour la seconde, c'est Coney Island en furie se ruant sur les Freak shows, on va voir Pip & Flip, les jumelles géantes du Pérou (elles s'appelaient en fait Elvira et Jenny Snow et elles venaient de Géorgie). Quand à Major Mite, c'était Clarence Chesterfield Howerton, le plus petit homme du monde - il a joué dans Le magicien d'Oz et servi de mascotte pour le recrutement du Marine Corps.

 

Et, s'agissant de Reginald Marsh, déjà.

13/10/2024

Un infâme aventurier, élu par une illusion populaire... (avec de vrais morceaux de Victor Hugo dedans)


Jean-Louis Talagrand - La chambre occupée par Rochefort, Proudhon et autres à Sainte Pélagie, 1899
Aquarelle, encre brune et crayon
Musée Carnavalet
Source (Via)
 
 
Du 7 juin 1849 au 4 juin 1852 Proudhon est enfermé à Sainte-Pélagie pour "attaque contre le droit et l'autorité que le Président de la République (1) tient de la Constitution". C'est dans cette chambre qu'il écrit la fameuse lettre "sur l'idée de progrès" qu'il publiera plus tard chez Lebègue à Bruxelles (2) et qui sera interdite en France.
 
 
Eugène Atget - Prison Sainte-Pélagie à Paris
 
 
On pouvait sortir de Sainte-Pélagie, sur permission. Proudhon obtient une journée de sortie le 2 décembre 1851, jour même du coup d'état. Il rencontre Victor Hugo, qui essaie de rassembler les résistances. Il faut se rappeler que durant les journées de Juin, Proudhon et Hugo ne s'étaient pas exactement trouvés du même côté de la barricade.
 
Hugo écrit :
 
Proudhon, qui faisait à cette époque à Sainte-Pélagie ses trois ans de prison pour offense à Louis Bonaparte, avait de temps à autre des permissions de sortie. Le hasard avait fait qu’une de ces permissions était tombée le 2 décembre.

Chose qu’on ne peut s’empêcher de souligner, le 2 décembre, Proudhon était régulièrement détenu en vertu d’une condamnation, et, au moment même où l’on faisait entrer illégalement en prison les représentants inviolables, on en laissait sortir Proudhon qu’on pouvait y garder légalement (3). Proudhon avait profité de cette mise en liberté pour venir nous trouver.

Je connaissais Proudhon pour l’avoir vu à la Conciergerie où étaient enfermés mes deux fils, et Auguste Vacquerie, et Paul Meurice, mes deux illustres amis, et ces vaillants écrivains, Louis Jourdan, Erdan, Suchet ; je ne pouvais m’empêcher de songer que, certes, ce jour-là on n’eût laissé sortir aucun de ces hommes-là.

Cependant Xavier Durieu me parla à l’oreille. – Je quitte Proudhon, me dit-il, il voudrait vous voir. Il vous attend en bas, tout près, à l’entrée de la place, vous le trouverez accoudé au parapet sur le canal.

— J’y vais, lui dis-je.

Je descendis.

Je trouvai en effet, à l’endroit indiqué, Proudhon pensif, les deux coudes appuyés sur le parapet. Il avait ce chapeau à larges bords avec lequel je l’avais souvent vu se promener à grands pas, seul, dans la cour de la Conciergerie.

J’allai à lui.

— Vous voulez me parler ? dis-je.

— Oui.

Et il me serra la main.

Le coin où nous étions était solitaire. Nous avions à gauche la place de la Bastille profonde et obscure ; on n’y voyait rien et l’on y sentait une foule ; des régiments y étaient en bataille ; ils ne bivouaquaient pas, ils étaient prêts à marcher ; on entendait la rumeur sourde des haleines ; la place était pleine de ce fourmillement d’étincelles pâles que font les bayonnettes dans la nuit. Au-dessus de ce gouffre de ténèbres se dressait droite et noire la colonne de Juillet.

Proudhon reprit :

— Voici. Je viens vous avertir, en ami. Vous vous faites des illusions. Le peuple est mis dedans. Il ne bougera pas. Bonaparte l’emportera. Cette bêtise, la restitution du suffrage universel, attrape les niais. Bonaparte passe pour socialiste. Il a dit : Je serai l’empereur de la canaille. C’est une insolence, mais les insolences ont chance de réussir quand elles ont à leur service ceci.

Et Proudhon me montrait du doigt la sinistre lueur des bayonnettes. Il continua :

— Bonaparte a un but. La République a fait le peuple, il veut refaire la populace. Il réussira, et vous échouerez. Il a pour lui la force, les canons, l’erreur du peuple et les sottises de l’Assemblée. Les quelques hommes de la gauche dont vous êtes ne viendront pas à bout du coup d’État. Vous êtes honnêtes, et il a sur vous cet avantage, qu’il est un coquin. Vous avez des scrupules, et il a sur vous cet avantage, qu’il n’en a pas. Cessez de résister, croyez-moi. La situation est sans ressource. Il faut attendre, mais, en ce moment, la lutte serait folle. Qu’espérez-vous ?

— Rien, lui dis-je.

— Et que ferez-vous ?

— Tout.

Au son de ma voix, il comprit que l’insistance était inutile.

— Adieu, me dit-il.

Nous nous quittâmes. Il s’enfonça dans l’ombre, je ne l’ai plus revu.

Victor Hugo
Histoire d'un crime, (Première journée)

(et sur le même sujet, un peu plus de Hugo par ici)
 
 
 
Jean-Paul Laurens - Prisonnier en fuite 
Illustration pour Histoire d'un crime
 
 
Non, il ne fuit pas, il y retourne. Après le coup d'état, toujours enfermé à Sainte Pélagie, Proudhon note :
 
 4 décembre 1851
 
Un infâme aventurier, élu par une illusion populaire pour présider aux destinées de la République, profite de nos discordes civiles pour déchirer la Constitution, suspendre les lois, chasser, emprisonner les représentants, assassiner par ses satellites ceux qui, en résistant, remplissent le plus sacré des devoirs, il ose, le couteau sur la gorge, nous demander la tyrannie. Paris ressemble en ce moment à une femme attachée, bâillonnée et violée par un brigand. Si j’étais libre, je m’ensevelirais sous les ruines de la République avec les citoyens fidèles, ou bien j’irais vivre loin d’une patrie indigne de la liberté.

 

 

À l'Élysée la question se pose...
Illustration pour Histoire d'un crime

 

 9 décembre 1851

Les masses sont peu différentes de ce qu’elles étaient au Moyen Âge. Nous avons cru pouvoir les saisir par la raison, les intérêts, la dignité nationale, l’amour de la liberté. Rien n’y prend. Les deux tiers des paysans croient plus à leur curé qu’à leur avocat ; la fascination de l’empereur Napoléon est telle encore qu’aucun raisonnement ne la peut dissiper. Le Peuple est un monstre qui dévore tous ses bienfaiteurs et ses libérateurs. Il n’y a pas, comme nous l’avions cru, de peuple révolutionnaire ; il n’y a qu’une élite d’hommes qui ont cru pouvoir, en passionnant le peuple, faire passer leurs idées de bien public en application.

 

 15 décembre 1851

Honte à cette nation lâche, pourrie de mercantilisme, à ses royalistes absurdes, à ses jacobins matamores, à sa bourgeoisie égoïste, matérialiste, sans foi ni esprit public, à son prolétariat imbécile toujours avide d’excitations et toujours prêt à toutes les prostitutions. (…) Honte à cette armée dénuée d’esprit public, composée de bêtes féroces, à qui depuis vingt ans les guerres d’Afrique servent d’école pour tuer les hommes sans pitié et sans remords.

Proudhon - Carnets inédits : journal du Second Empire
 CNRS Éditions, Paris, 2009
 

 
Artiste inconnu - Portrait présumé de Pierre-Joseph Proudhon,
entre 1849 et 1865
Huile sur toile
Musée Carnavalet
 
 
Ce post s'insère - à dire vrai comme une sorte de digression - dans une série consacrée à la Technique française du coup d'état, série qui est appelée à se poursuivre et que les événements courants peuvent être amenés, qui sait, à enrichir. L'avenir nous le dira.


 
(1) Louis-Napoléon Bonaparte. A son adresse Proudhon - qui l'avait dans un premier temps ménagé -  avait notamment écrit dans son journal Le Peuple, le 27 janvier 1849 :  
 

 

La condamnation en Cour d'Assises de Proudhon à trois ans d'emprisonnement est une des conséquences directes de l'échec (et du massacre) des Journées de Juin. Plus précisément, les chefs d'accusation étaient 1) délit d’attaque à la Constitution ; 2) attaque aux droits du président de la République ; 3) excitation au mépris et à la haine du gouvernement ; 4) excitation au mépris et à la haine des citoyens les uns contre les autres. Proudhon étant député, les poursuites avaient dû être autorisées par l'Assemblée, par un vote du 14 février 1849. On peut lire ici une étude sur les démêlés de Proudhon avec la justice.
 
(2) On peut lire ici une autre lettre autographe écrite à Sainte-Pélagie, sur le même sujet. 
 
(3) L'étonnement de Hugo se comprend. Il est possible que la permission octroyée à Proudhon ait été l'effet d'une manipulation policière : dans le cas où le faubourg Saint-Antoine se serait soulevé, la présence de Proudhon aurait permis de qualifier d'anarchiste la résistance au coup d'état.

12/10/2024

Les intérieurs sont habités : Londres-Paris, la bombe et la vie

  

Eric Ravilious - Life in a Boarding House, 1930
Peinture murale

 

Le mural fait partie d'une série peinte par Ravillious et Edward Bawden dans le réfectoire du Morley College for Working Men and Women (1) et inaugurée en février 1930 (2). Tout cela n'existe plus car le réfectoire a été ravagé par une bombe durant le Blitz.

 

 

Bertall - Cinq étages du monde parisien 
 Ill. pour Le diable à Paris, Hetzel éd.
Lithographie

 

La litho de Bertall nous est très familière, c'est elle qui figure souvent en couverture des éditions de poche de La vie mode d'emploi.


Et d'Eric Ravilious, déjà.


(1) Qui se trouvait initialement dans les locaux de l'Old Vic.

(2) Pour en savoir plus sur ces peintures, on peut aller voir chez James Russell.

 


11/10/2024

Les Japonais sont des enfants (et vice-versa, peut-être)




 

De 1891 à 1924 Nishizawa Tekihō et Shimizu Seifū ont produit, sous le titre Unai no tomo (les amis d'un enfant) une collection de gravures sur bois en dix tomes reproduisant des jouets tradtionnels japonais souvent dérivés de charmes et d'amulettes reliés au folklore paysan et à la tradition shinto.


10/10/2024

Signes et prodiges : on rigole comme on peut (incluant en notes deux véritables souvenirs de jeunesse ainsi que des aliments pour chiens et chats)


Philippe Geluck - Le martyre du chat
Bronze
Esplanade du Mémorial de Caen


Nombreuses sont les statues en bronze du Chat. Mais Philippe Geluck a dédié tout particulièrement celle-ci "à ses amis et confrères dessinateurs ou journalistes victimes de la répression et du terrorisme et, au-delà de l’épouvantable tragédie de janvier 2015, à tous les dessinateurs emprisonnés, torturés ou exécutés à travers le monde".

Le financement a peut-être été complexe (1) mais le symbolisme l'est aussi. Il faut s'approcher pour comprendre que les flèches de ce Saint-Sébastien-Chat aux mains liées derrière le dos (2) sont des crayons de couleur, qu'il représentent les traits d'humour que le dessinateur décoche et qui lui reviennent - pour le tuer, parfois. Mais qu'ils sont aussi et indissociablement - à un degré méta, pourrait-on dire - le signe de l'humour contre soi-même qui peut être libérateur, d'où les petits oiseaux, prêts à s'envoler de ces perchoirs ambigus.

Mais comment faire de l'humour, sérieusement, sur un massacre d'humoristes ?


Roland Barthes - Mythologies, 1957 Seuil éd. (3)

 

En déboîtant la plaisanterie, comme disait Barthes - en la transformant en mythe.

Les personnages de bd - certains du moins, sur lesquels se sont accumulées des millions d'imaginaires, de lectures, de rêves et de cauchemars - sont des mythes. Mafalda, Charlie Brown (4) ou Le Spirit...

 

 

...sont des mythes insubmersibles (5). Le Chat est lui aussi en voie d'en être un. En passant du dessinateur assassiné au personnage transpercé on se libère des discussions interminables sur le signifié, son sens et son rapport au signe - par exemple, de ces questions : que penser et qu'exprimer à propos des auteurs de ces massacres, de ceux qui leur ressembleraient, ou de ceux que l'on voudrait leur faire ressembler, etc. On s'en libère, et on a un personnage assassiné mais immortel, un mort qui survivra sans cesse, qu'on n'arrivera jamais à tuer - non plus un signe ni même un symbole mais un mythe en devenir et dont il faut remercier, entre autres, son auteur.

Notez qu'on n'a pas attendu le 7 janvier 2015 pour assassiner des dessinateurs. Si vous le voulez, on peut avoir une pensée pour Naji Al-ali tué par balles (6) le 22 juillet 1987 à Londres, en se rendant à son travail au quotidien koweïtien Al-Qabas. Naji Al-ali était le père d'un autre mythe, Handala, le petit garçon palestinien le plus souvent  dessiné de dos pour qu'on voie ce à quoi il fait face.

 


 
 
Handala a les mains derrière le dos, comme le Chat-Saint-Sébastien de Geluck. C'est une posture qui convient aux mythes : le monde changera, ils se maintiennent.

 

(1) Si vous regardez bien sur le socle, vous verrez que la liste des mécènes se termine par la mention de Normandise Pet Food, producteur bas-normand d'aliments pour chiens et chats...

(2) Inspiré d'un dessin antérieur.

(3) Je me souviens du cours de K. sur ce passage des Mythologies. J'étais fasciné (j'étais jeune).

(4) Je me souviens d'une organisation trotskyste du temps jadis qui avait poussé l'affectation et le mimétisme jusqu'à obliger chaque cellule de base à prendre le nom d'un militant historique de la IVème internationale. Quelque peu dissidente, l'une d'entre elles s'était crânement dénommée "cellule Charlie Brown". C'était un trotskyste américain s'égosillaient-ils quand la direction les engueulait...

(5) Et, en particulier, ce sont les miens, mais parce qu'ils sont ceux de milliers d'autres. 

(6) Il meurt de ses blessures cinq semaines plus tard, le 29 août 1987.

09/10/2024

Reconstitution



John Bulloch Souter - The Breakdown 
Reconstitution par l'auteur, en 1962, de l'œuvre originale détruite en 1926
Huile sur toile

 

Un musicien noir joue du saxophone sur une statue brisée de Minerve, déesse de la raison - et, probablement, des bonnes manières dans l'esprit du peintre. Une flapper blanche danse après s'être entièrement déshabillée, ses vêtements gisent sur le sol et sur le bras brisé de la statue, à l'exception d'une boucle d'oreille verte.

L'œuvre, censée symboliser l'influence nouvelle du jazz sur les mœurs européennes durant les roaring twenties, figura à l'exposition d'été de la Royal Academy, à partir du 3 mai 1926 (1), et y tint cinq jours. Le peintre la retira après une campagne de presse et, surtout, un avertissement du British Colonial Office déclarant le sujet "insupportable pour les sujets britanniques vivant à l'étranger au contact de populations de couleur". Souter détruisit la toile et attendit trente-six ans avant de la refaire à partir des dessins préparatoires qu'il avait conservés.

 

(1) Le lendemain commençait la Grève générale de 1926.


 


08/10/2024

Écoute s'il pleut

 

M. Chat - Il ne pleut plus.

Mme Chat - Il pleut beaucoup moins qu'on ne pense.

M. Chat - S'agissant de la météorologie, je citerais bien un auteur local...

Mme Chat - S'agissant de l'histoire et de ses répétitions, je le citerais bien aussi. Au fait, as-tu noté...?

M. Chat - J'ai noté.

Mme Chat - Je veux dire, sans te tromper de jour comme d'habitude... Au fait, sur ta photo là, on voit l'hôpital psychiatrique.

M. Chat - Je ne me trompe jamais quand il pleut. Ou quand il a plu. Et puis, pour l'hôpital, tu sais ce qu'on dit par ici : ce sont les fous qui nous protègent.

 

 

Mme Chat - Et là, c'est la pluie, ou les bombardements ?

M. Chat - C'est le temps. En fait, il pleut du temps. Il pleut du temps tout le temps.

Mme Chat - Oui mais ces temps-ci, il pleut du temps plus souvent. Et plus fort.

M. Chat - Tu veux dire que les digues se sont rompues ?

Mme Chat - Je veux dire que les barrages se sont transformés en marchepieds.

 


M. Chat - Heureusement, il ne pleut plus.

Mme Chat - C'est temporaire. De toute façon, il pleut du temporaire.

M. Chat - Profitons-en, alors.

 



07/10/2024

Les aventures de Mme Chat : en couleurs


Mme Chat voit rouge
Exposition Années pop années choc 1960-1975 
Mémorial de Caen, Juillet 2023

 

 

Erró - La place rouge (série 4 Cities), 1971
Huile et peinture glycérophtalique sur toile
Fondation Gandur pour l'art
 

 

06/10/2024

Louons maintenant les modèles : mais si je la revoyais à nouveau


Ary Scheffer - Pauline Viardot en Sainte Cécile, 1851
Huile sur toile
Musée de la vie romantique, Paris

 
 
 

Patrick Barbier - Pauline Viardot, biographie 
Grasset éd. 2009
 
 
Le portrait ornait l'orgue dans le salon de musique de Pauline Viardot, d'abord rue de Douai, puis à Baden-baden - la famille Viardot, républicaine, avait quitté la France pendant le Second Empire.
 

L'orgue de Pauline Viardot à Baden-baden
Der Bazar , n° 11, 8 décembre 1865



Pauline Viardot - Aimez-moi ma mignonne (de Six chansons du XVe siècle, 1886)
Françoise Masset, chant et Françoise Tillard, piano
 et Hai luli! (de Six mélodies et une havanaise,1880)
Cecilia Bartoli, chant et Myung-Whung Chung, piano. 
Mis en ligne par Jack Gibbons


03/04/2023

L'art de la rue : épicentre, mais sans équivoque, et le plus rapidement possible


 

Épicentre de la contestation depuis les premières journées de mobilisation contre la réforme des retraites, la sous-préfecture de Millau a été la cible d'un ou plusieurs tagueurs au cours de la nuit de mercredi à jeudi. "Liberté, égalité, fraternité", peut-on ainsi lire depuis ce matin sur l'un des murs du bâtiment. Un message sans équivoque peint à l'encre blanche. Le parquet s'est saisi de l'affaire. "Comme c'est toujours le cas, dès lors que l'on constate des dégradations sur un bâtiment public", fait valoir le procureur Rigot-Muller qui diligente une enquête pour "faire toute la lumière sur ces agissements. Le plus rapidement possible."
Centre-Presse Aveyron, 30 mars 2023

 

 

02/04/2023

Le greffe : Trois fois trois


Olga Sobenina, Titre inconnu,  2018
Collage



L. S. Lowry - The three cats, Alstow, 1969
 
 
 
Gertrude Abercrombie - Three Cats, 1956