Terence Davies - Distant voices, still lives, 1988
Les chats vont en profiter pour dépoussiérer et republier trois vieux billets sur Davies et ses alentours - cela date déjà d'il y a neuf ans, Of time and the City, comme le temps passe...
C'est probablement cette copie récemment restaurée du film que l'on pourra voir (1) aux Rencontres des cinémas d'Europe, à Aubenas du 17 au 24 novembre. On pourra aussi y revoir Of time and the City (2009), Sunset song (2016) et Emily Dickinson, a quiet passion (2017). Terence Davies sera présent au festival (rencontre prévue le vendredi 23 à 22h).
Distant voices, still lives est l'assemblage de deux films étroitement interconnectés mais tournés l'un en 1986 (Distant voices) l'autre en 88 (Still lives). Tous deux racontent la vie d'une famille ouvrière anglaise de Liverpool (années 40 et tout début des '50 pour le premier, années 50 pour le second); c'est la famille de Davies, ses parents (2) son frère et ses deux soeurs, mais le personnage de Davies lui-même est absent, contrairement à ses autres autobiographies filmées (3). La narration est elliptique, alternant les passages traumatiques, les plans fixes quasi-photographiques et les moments d'émotion fusionnelle. Davies a comparé la structure du film à celle des rides circulaires qui se forment à la surface de l'eau quand on y jette des pierres - ou au fonctionnement de la mémoire (4). Mais Davies est un cinéaste de la forme, calculée et maîtrisée, tout autant que de l'autobiographie, d'où une tension constante, esthétique, entre l'émotion et la stase.
Distant voices, par-delà les années 50, est aussi un film de l'époque thatchérienne (5), un film de critique sociale mais de cette critique souterraine et d'autant plus efficace, montrant la classe ouvrière telle qu'elle est et non telle que les militants la rêvent, avec sa violence familiale interne, genrée et ses moments d'évasion (le pub, le cinéma). Ce qui allait à rebours, à la fois du cinéma politique de contenu et de l'idéologie dominante de l'époque (qui prêchait l'individualisme néo-libéral au-dehors et le retour aux valeurs familiales traditionnelles à la maison) (6).
Rappelons enfin que Time out a classé en 2011 les 100 meilleurs films britanniques et que Distant voices était 3ème, juste derrière Le troisième homme (7).
Distant voices, par-delà les années 50, est aussi un film de l'époque thatchérienne (5), un film de critique sociale mais de cette critique souterraine et d'autant plus efficace, montrant la classe ouvrière telle qu'elle est et non telle que les militants la rêvent, avec sa violence familiale interne, genrée et ses moments d'évasion (le pub, le cinéma). Ce qui allait à rebours, à la fois du cinéma politique de contenu et de l'idéologie dominante de l'époque (qui prêchait l'individualisme néo-libéral au-dehors et le retour aux valeurs familiales traditionnelles à la maison) (6).
Rappelons enfin que Time out a classé en 2011 les 100 meilleurs films britanniques et que Distant voices était 3ème, juste derrière Le troisième homme (7).
Les chats vont en profiter pour dépoussiérer et republier trois vieux billets sur Davies et ses alentours - cela date déjà d'il y a neuf ans, Of time and the City, comme le temps passe...
(1) en VO non sous-titrée, car elle vient juste de sortir sur les écrans britanniques, le 31 août.
(2) Dans le film-annonce (vidéo ci-dessus) on peut voir dans la séquence d'ouverture (le mariage d'Eileen) la photo du père de Davies, sur le mur du fond.
(3) Children (1976), Madonna and child (1980), Death and transfiguration (1983), réunis en 1984 dans The Terence Davies trilogy; The long day closes, 1990.
(4) "The film is about memory, and memory moves in and out of time all the while".
(5) A plus d'un titre : le premier volet, Distant voices, a bénéficié des dernières subventions publiques alimentées par l'Eady Levy (équivalent britannique de la taxe CNC sur les entrées en salle), supprimée en 85 par le gouvernement Thatcher. Pour le second volet c'est Channel 4 qui a dû compléter le financement du BFI; cf Wendy Everett, Terence Davies, Manchester University Press, 2004, pp. 57-58.
(6) Voir Tony Williams, The masochistic fix : gender oppression in the films of Terence Davies, in Fires were started, British cinema and Thatcherism, 1993.
(2) Dans le film-annonce (vidéo ci-dessus) on peut voir dans la séquence d'ouverture (le mariage d'Eileen) la photo du père de Davies, sur le mur du fond.
(3) Children (1976), Madonna and child (1980), Death and transfiguration (1983), réunis en 1984 dans The Terence Davies trilogy; The long day closes, 1990.
(4) "The film is about memory, and memory moves in and out of time all the while".
(5) A plus d'un titre : le premier volet, Distant voices, a bénéficié des dernières subventions publiques alimentées par l'Eady Levy (équivalent britannique de la taxe CNC sur les entrées en salle), supprimée en 85 par le gouvernement Thatcher. Pour le second volet c'est Channel 4 qui a dû compléter le financement du BFI; cf Wendy Everett, Terence Davies, Manchester University Press, 2004, pp. 57-58.
(6) Voir Tony Williams, The masochistic fix : gender oppression in the films of Terence Davies, in Fires were started, British cinema and Thatcherism, 1993.
(7) Vous voulez savoir lequel était le premier ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire