24/05/2021

Panthères aux Oscars


Shaka King - Judas and the black Messiah, 2020

 

On peut certes avoir une distance critique quant à la bonne couche de mélo et aux quelques erreurs historiques (1) dont Shaka King a assaisonné son biopic sur Fred Hampton, le leader charismatique du chapter chicagoan des Black Panthers. On peut penser que le verticalisme partidaire et le militarisme mimétique n'étaient pas les meilleures stratégies quand on s'affrontait à J. Edgar Hoover - et ses troupes, à Richard Daley - et ses électeurs. Il n'en reste pas moins que c'est une date, de voir décerner deux Academy Awards (2) à un film à la mémoire du BPP.

Vous ne le verrez pas sur des écrans français, il faudra aller payer la dîme aux plateformes de streaming. Et quand vous lisez les critiques de cinéma français traitant ce film de "manichéen" rappelez-vous qu'ils eurent la même réaction quand La Bataille d'Alger reçut le Lion d'Or au festival de Venise, et que le film attendit trente-sept ans avant de passer à la télévision de notre cher et vieux pays.

Fred Hampton fut assassiné le 4 décembre 1969 dans son sommeil, de deux balles dans la tête à bout portant, lors d'un raid du FBI contre l'appartement où il vivait. Il était à la veille d'être emprisonné pour une peine de cinq ans. Son crime était d'avoir volé pour 71$ de crèmes glacées pour les distribuer à des enfants.

Et les deux points forts du film sont des rappels historiques, la description exacte de cet assassinat et l'évocation des efforts de Hampton pour former la Rainbow Coalition, une union des forces politiques et clans divers de Chicago, Black Panthers, Young Lords hispaniques et Young Patriots (pauvres blancs).

 

 

Et, à propos de panthères, déjà.


(1) Pour des détails, lire la critique du film par Louis Proyect (en anglais).

(2) Pour la chanson de H.E.R. (Fight for you) et pour Daniel Kaluuya, meilleur acteur dans un second rôle.

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