08/02/2020

Compensation et maléfice


George Grosz - Ill. pour Rudolf Omansen, Das unheimliche Huhn, 1958
Coll. privée



George Grosz fuit l'Allemagne en janvier 1933, pour les Etats-Unis. Sous le régime nazi, des centaines de ses œuvres sont confisquées, détruites ou perdues. Grosz et sa femme ne reviennent en Allemagne qu'en 1959 ; ils ont déjà entamé une procédure pour être dédommagés conformément aux lois dite de restitution et de compensation (en abrégé, Bundesentschädigungsgezetz & Bundesrückerstattungsgesetz).

Les procédures sont lentes et labyrinthiques ; Grosz est malade, alcoolique et dépressif ; pour appuyer sa demande il a recours au docteur Rudolf Omansen, du Bureau berlinois des compensations.

Omansen devient son ami. Grosz illustrera sa nouvelle, Das unheimliche Huhn / Le poulet maléfique, l'histoire d'un poulet imaginaire qui devient de plus en plus réel et persécute un pauvre professeur d'archéologie - métaphore des blessures psychiques que diagnostiquait Omansen - entre autres, chez ses patients en attente de compensation.




J. G. Jung - George Grosz dessinant dans les ruines de Berlin, 1958
© Archiv Ralph Jentsch



Grosz mourra deux mois après son retour en Allemagne, d'une chute dans les escaliers après avoir trop bu une nuit durant. La nouvelle d'Omansen attendra soixante ans avant d'être publiée.







Il existe un excellent (et maléfique) roman sur le retour des exilés allemands, aux prises avec les procédures de restitution/compensation en Allemagne fédérale après la seconde guerre mondiale : d'Ursula Krechel,  Landgericht / Terminus Allemagne dans la traduction française, Carnets Nord éd. 2014.

Aucun commentaire: