31/12/2022
30/12/2022
29/12/2022
Tableaux parisiens : Mason
Raymond Mason - My courtyard at Monsieur-le-Prince, 1979
Aquarelle sur papier
Et de Raymond Mason, déjà.
28/12/2022
27/12/2022
Dalila à la crèche (une semaine britannique, #7)
Orpen, qu'on a vu hier, était Irlandais. Jusqu'en 1915, partageant son temps entre Londres et Dublin il fut visiting teacher à la Dublin Metropolitan Art School. En 1906 il y remarqua Margaret Clarke, une jeune institutrice qui avait suivi les cours du soir pour obtenir une bourse d'études en art. Cinq ans plus tard elle obtint son diplôme, devint l'assistante d'Orpen et le remplaça à son départ. Elle travailla surtout comme portraitiste (pour Eamon de Valera, entre autres) et entra à la Royal Hibernian Academy (1) en 1926.
Dans The wife / The haircut elle se peint avec son mari Harry Clarke, artiste verrier tuberculeux qu'elle soigna jusqu'à sa mort en 1931. La beauté du tableau tient en partie à son ambigüité puisqu'il fait référence au mythe de Samson et Dalila.
et je dois dire que j'aime beaucoup aussi...
(1) Hibernia, c'est le nom latin (et quasi-lovecraftien) de l'Irlande.
26/12/2022
Une voyageuse du temps (une semaine britannique, #6)
25/12/2022
Et comme ça ? (une semaine britannique, #5)
Patrick Proctor naquit à Dublin mais vécut et travailla en Angleterre à partir de 1940. Avant de faire ses études d'art à la Slade il travailla comme interprète (du russe) au British Council, séjourna trois fois en Union Soviétique et devint un peu marxiste, mais sans plus. Grand ami et très proche stylistiquement de Hockney (il apparaît dans A bigger splash), on le rattache généralement aux artistes de la New Generation dont le grand moment fut l'exposition de 1964.
Ici il fait le portrait de son amour (fou) du moment, Gervase Griffiths, mannequin et chanteur d'un groupe folk psychédélique marginal, auquel il consacra une exposition entière (pas moins de 44 tableaux) à New York, exposition qui fut un échec total. Gervase Griffiths le quitta peu après pour aller s'initier au vaudou à Port-au-Prince, en tira un spectacle - raté lui aussi, et retourna rentrer dans le rang, agent d'assurance en Afrique du Sud. Procktor, de son côté, épousa une veuve et continua à peindre - dans l'ombre grandissante de David Hockney.
On pourrait rapprocher Gervase III du portrait de Procktor, par Hockney précisément...
(celui qu'il éclaire au briquet dans A bigger splash, en manière de provocation, devant un Procktor médusé)...
et se dire que, eût-il fait d'autres rencontres, des galerie commerciales l'eussent-elles plus énergiquement poussé, Procktor aurait peut-être été à la place de Hockney, en moins hiératique. Mais ce ne fut pas le cas et, comme on dit en anglais, C'est la vie.
On peut voir ici certaines des illustrations que Procktor a réalisées pour The Rime of the Ancient Mariner de Coleridge.
La dernière exposition parisienne de Procktor était chez loveandco.
En français, on peut lire le livre de Fabrice Gaignault, Patrick Procktor, le secret de David Hockney. Et enfin, à propos de Procktor et Griffiths, voir aussi ici ou là.
24/12/2022
Une pinte, sinon rien (une semaine britannique, #4)
Fred Elwell (1870-1958) - A man with a pint
'When you were a young man we were all living in the treetops,' said the barman, with a glance at the other customers.
There was a shout of laughter, and the uneasiness caused by Winston's entry seemed to disappear. The old man's whitestubbled face had flushed pink. He turned away, muttering to himself, and bumped into Winston. Winston caught him gently by the arm.
'May I offer you a drink?' he said.
'You're a gent,' said the other, straightening his shoulders again. He appeared not to have noticed Winston's blue overalls. 'Pint!' he added aggressively to the barman. 'Pint of wallop.'
The barman swished two half-litres of dark-brown beer into thick glasses which he had rinsed in a bucket under the counter. Beer was the only drink you could get in prole pubs. The proles were supposed not to drink gin, though in practice they could get hold of it easily enough. The game of darts was in full swing again, and the knot of men at the bar had begun talking about lottery tickets. Winston's presence was forgotten for a moment. There was a deal table under the window where he and the old man could talk without fear of being overheard. It was horribly dangerous, but at any rate there was no telescreen in the room, a point he had made sure of as soon as he came in.
"E could 'a drawed me off a pint,' grumbled the old man as he settled down behind a glass. 'A 'alf litre ain't enough. It don't satisfy. And a 'ole litre's too much. It starts my bladder running. Let alone the price.'
'You must have seen great changes since you were a young man,' said Winston tentatively.
The old man's pale blue eyes moved from the darts board to the bar, and from the bar to the door of the Gents, as though it were in the bar-room that he expected the changes to have occurred.
'The beer was better,' he said finally. 'And cheaper! When I was a young man, mild beer -- wallop we used to call it -- was fourpence a pint. That was before the war, of course.'
'Which war was that?' said Winston.
'It's all wars,' said the old man vaguely. He took up his glass, and his shoulders straightened again. "Ere's wishing you the very best of 'ealth!'
In his lean throat the sharp-pointed Adam's apple made a surprisingly rapid up-and-down movement, and the beer vanished. Winston went to the bar and came back with two more half-litres. The old man appeared to have forgotten his prejudice against drinking a full litre.
23/12/2022
Étapes dans la vie de la novice de Concarneau (une semaine britannique, #3)
Le peintre irlandais habille sa première épouse, l'artiste états-unienne Saurin Elizabeth Kerlin, du costume que portaient, au moment de prononcer leurs vœux, les novices des Sœurs du Saint-Esprit à Concarneau, ville où il aimait à peindre et où il l'avait rencontrée. Au fond du jardin du Couvent-Hôpital les religieuses passent en procession et, au premier plan, les lys complètent la symphonie en blanc.
Bien qu'ainsi figuré de manière quasi-mystique, Le mariage ne dura que deux ans, pourtant ce furent...
des années...
productives, autant que de...
maturation.
22/12/2022
L'art de la fenêtre entre classes (une semaine britannique, #2)
21/12/2022
Une semaine britannique #1 - On n'a perdu qu'un seul client
Thomas Cantrell Dugdale - Night, 1926
"Only lost one customer - he died"
Et, pour la Noël, une semaine british. Pas anglaise, british. Parce qu'il y aura des Irlandais, et même une Irlandaise.
Cantrell Dugdale était portraitiste et dessinateur sur tissus. Il a servi en Orient en 14-18, a peint une foultitude de militaires, fait des affiches de recrutement et aussi, plus intéressant, des scènes de genre comme ici ou comme celle qu'on verra demain.
07/12/2022
Les intérieurs sont habités : l'hypothèse du délestage
Alice Wellinger - The Elevator
Et pendant ce temps-là : Il y a des choses qui nous ont complètement rassurés
02/12/2022
Transports en commun : bleu horizon, ciel rouge
19/11/2022
Transports en commun : la vie d'après et la magie
Sur la façon dont un bus double-decker de type B des années 1910 avait échoué dans une arrière-cour de Bell Lane, Great-Barfield (Essex), on en saura un peu plus chez James Russell.
Et d'Eric Ravilious, déjà.
Et les chats ont pris le bus magique, ils sont partis...
18/11/2022
17/11/2022
The boat is leaking and the captain lied - une petite chanson pour le sauvetage en mer (1)
Everybody knows that the dice are loaded
Everybody rolls with their fingers crossed
Everybody knows that the war is over
Everybody knows the good guys lost
Everybody knows the fight was fixed
The poor stay poor, the rich get rich
That's how it goes
Everybody knows
Everybody knows that the boat is leaking
Everybody knows that the captain lied
Everybody got this broken feeling
Like their father or their dog just died
Everybody talking to their pockets
Everybody wants a box of chocolates
And a long stem rose
Everybody knows that you love me baby
Everybody knows that you really do
Everybody knows that you've been faithful
Oh, give or take a night or two
Everybody knows you've been discreet
But there were so many people you just had to meet
Without your clothes
Everybody knows
Everybody knows, everybody knows
That's how it goes
Everybody knows
Everybody knows that it's now or never
Everybody knows it's me or you
Everybody knows that you live forever
When you've done a line or two
Everybody knows the deal is rotten
Old Black Joe's still pickin' cotton
For your ribbons and bows
Everybody knows
And everybody knows that the Plague is coming
Everybody knows that it's moving fast
Everybody knows that the naked man and woman
Are just a shining artifact of the past
Everybody knows the scene is dead
But there's gonna be a meter on your bed
That will disclose
What everybody knows
And everybody knows that you're in trouble
Everybody knows what you've been through
From the bloody cross on top of Calvary
To the beach of Malibu
Everybody knows it's coming apart
Take one last look at this Sacred Heart
Before it blows
Everybody knows
Everybody knows, everybody knows
That's how it goes
Everybody knows
(1) Voir (sur abonnement) l'article du Monde en date du 13 novembre, ou, sans abonnement, ici ou plus explicitement là. En complément sur le contexte, lire ce thread de l'ANAFÉ. De toute façon, même sans le savoir, vous le savez déjà. Tout le monde sait. Même ceux qui regardent ailleurs (2).
- Vous recevez un SOS (et oui, ça aussi ça existait encore : ...---...), que faites-vous ?
J'ai réussi l'exam. C'était facile. On vérifiait l'identité du bateau, sa localisation, on montait vite un dossier (3) mais avant ON PREVENAIT LES SECOURS QUI DEVAIENT INTERVENIR LE PLUS VITE POSSIBLE. Les secours : le C.R.OS.S. - voir plus haut note (1) - ou ce qui en tenait lieu si c'était très loin, ou les autres navires... Le C.R.O.S.S., bon Dieu. Le C.R.O.S.S. qui était censé sauver. Alors quand je vois que les choses ont changé, dans un cas comme ça - comme dans d'autres du même type d'ailleurs - je mets cette chanson, juste parce que c'est la plus triste du monde, je l'écoute et je la réécoute jusqu'à ce que la douleur se calme, un peu.
(3) Pour la responsabilité...
16/11/2022
15/11/2022
Tilda, Edith et Hester (avec de l'aventure, du grand large, du chemin de Damas, du cinéma à tous prix et peut-être un morceau du tombeau de Mahomet)
photographiée par Tim Walker en Edith Sitwell...
...mais plutôt comme sur la couverture des...
...qui datent de 1933, mais elle écrivit aussi, entre autres
...à propos, notamment, de
...dont j'ai déjà parlé, et qui mérite bien son destin d'héroïne multimédia...
...d'ailleurs, si vous avez 24 millions de dollars qui traînent dans vos poches, vous pourriez aider David Seidler (1) et ses producteurs à adapter la dernière biographie en date, parce que cela fait maintenant une bonne dizaine d'années qu'on attend...
(1) Déjà scénariste de Tucker et The King's Speech.
14/11/2022
Autoportrait avant la fin d'un monde
Mazhar Ali Khan peignait sous le règne du dernier empereur Moghol, Bahadur Shah Zafar (1775-1862) - c'est-à-dire aussi sous le contrôle étroit de l'East India Company et tout particulièrement du représentant à Delhi de son Gouverneur Général, Charles Metcalfe, qui lui fit illustrer Le Delhi Book, un recueil de vues de l'ancien Delhi dans ce qu'on appelle le Company Style, où se rencontrent l'art des miniaturistes indiens et celui des aquarellistes anglais.
Pendant que les Anglais de l'EIC réduisaient progressivement son pouvoir à peu de choses, supprimant même son effigie des pièces de monnaie, Bahadur Shah Zafar s'était réfugié dans la mystique et la poésie amoureuse - jusqu'au jour du 10 mai 1857 où les Cipayes se révoltèrent, le proclamèrent leur chef, furent écrasés et massacrés jusqu'au siège final de Delhi, lors duquel furent détruits bien des monuments dépeints dans le Delhi Book. Shah Zafar passa devant un tribunal anglais, fut condamné à la déportation à Rangoon, et ses dix enfants furent exécutés.
Sur ce sujet on peut aussi en lire un peu plus (en anglais) chez Publius Aelius et encore par ici ou par là chez William Darlymple, chroniqueur du Guardian (1). Du même, vient d'être traduit chez Noir sur Blanc, avec des Cipayes sur la couverture...
...où l'on apprend comment se construire un empire commercial et militaire, chez les autres. L'ouvrage couvre la période précédente, entre 1756 et 1803, et explique entre autres que l'un des tout premiers mots indiens à entrer dans la langue anglaise fut le mot loot, qui signifie pillage.
(1) Et auteur du Dernier Moghol, sur les dernières années de Bahadur Shah et de l'âge d'or de Delhi.
13/11/2022
Les vacances du bestiaire : redoutable symétrie
Tyger Tyger, burning bright,
In the forests of the night;
What immortal hand or eye,
Could frame thy fearful symmetry ?
William Blake, Songs of experience, 1794