Mazhar Ali Khan peignait sous le règne du dernier empereur Moghol, Bahadur Shah Zafar (1775-1862) - c'est-à-dire aussi sous le contrôle étroit de l'East India Company et tout particulièrement du représentant à Delhi de son Gouverneur Général, Charles Metcalfe, qui lui fit illustrer Le Delhi Book, un recueil de vues de l'ancien Delhi dans ce qu'on appelle le Company Style, où se rencontrent l'art des miniaturistes indiens et celui des aquarellistes anglais.
Pendant que les Anglais de l'EIC réduisaient progressivement son pouvoir à peu de choses, supprimant même son effigie des pièces de monnaie, Bahadur Shah Zafar s'était réfugié dans la mystique et la poésie amoureuse - jusqu'au jour du 10 mai 1857 où les Cipayes se révoltèrent, le proclamèrent leur chef, furent écrasés et massacrés jusqu'au siège final de Delhi, lors duquel furent détruits bien des monuments dépeints dans le Delhi Book. Shah Zafar passa devant un tribunal anglais, fut condamné à la déportation à Rangoon, et ses dix enfants furent exécutés.
Sur ce sujet on peut aussi en lire un peu plus (en anglais) chez Publius Aelius et encore par ici ou par là chez William Darlymple, chroniqueur du Guardian (1). Du même, vient d'être traduit chez Noir sur Blanc, avec des Cipayes sur la couverture...
...où l'on apprend comment se construire un empire commercial et militaire, chez les autres. L'ouvrage couvre la période précédente, entre 1756 et 1803, et explique entre autres que l'un des tout premiers mots indiens à entrer dans la langue anglaise fut le mot loot, qui signifie pillage.
(1) Et auteur du Dernier Moghol, sur les dernières années de Bahadur Shah et de l'âge d'or de Delhi.
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