31/10/2016

Duos : avant Thelma


Alain Tanner - Messidor, 1979
(Clémentine Amouroux, Catherine Rétoré)
Mis en ligne par Andre Carvalho




Pour une comparaison entre Messidor et Thelma & Louise (1991), lire par exemple ici (en anglais). 

30/10/2016

Les vacances du bestiaire : fantastiques oubliés


Herbert E. Crowley - Animaux fantastiques abandonnés de l'Arche
Via Monster Brains

29/10/2016

L'art de la rue : Ferenczy/Friant


Karoly Ferenczy - Plakátumok előtt / Devant les affiches, 1891
Huile sur toile
Galerie nationale hongroise, Budapest
Via RasMarley



Emile Friant - Les buveurs ou le travail du lundi, 1884
Huile sur toile
Musée des Beaux-Arts de Nancy
Via Amber Tree

28/10/2016

L'art de la conversation : ronde de nuit (Odön Vaszkó, encore)


Odön Vaszkó - Immeuble d'habitation, 1932
Huile sur toile
Via thunderstruck9

27/10/2016

Parcs et jardins : Munkacsy

Mihaly Munkacsy - Le soir au Parc Monceau 
Galerie Nationale Hongroise, Budapest
Via Ras Marley

26/10/2016

Portrait craché : vu d'en face


Mario Sironi - Portrait (Staline), 1923
Tempéra, fusain et céruse sur carton collé sur toile
Via amare-habeo





Portrait d'un Staline qui vient tout juste d'arriver au faîte du pouvoir, par un Sironi déjà fasciste, et qui le restera d'ailleurs toute sa vie.

25/10/2016

Un chef d'orchestre, un philosophe et un marin (3) : Othello, de Venise à Anvers


Lovis Corinth - Un Othello, 1884
Huile sur toile
Lentos Kunstmuseum, Linz


Cette œuvre de jeunesse est parfois désignée comme "Un matelot allemand" mais Lovis Corinth, peignant un matelot du port d'Anvers, l'a expressément titrée Un Othello.

Que les équipages de marine marchande soient multicolores et mondialisés, cela ne date pas d'hier. Relisez Moby Dick, par exemple.



24/10/2016

Un chef d'orchestre, un philosophe et un marin (2) : lumière noire


Portrait (présumé) d'Anton Wilhelm Amo



Anton Wilhelm Amo naît probablement à Awukenue, village proche de la ville d'Axim au Ghana - qu'on appelle alors la Côte de l'or - vers 1703. En 1707 il est mis sur un bateau et envoyé à Amsterdam par la Compagnie Hollandaise des Indes Occidentales - soit comme esclave, soit à l'initiative d'un missionnaire, on ne sait pas trop.




 La Côte de l'or au temps d'Anton Amo - On peut localiser sur la carte Axim et Fort Chama (ou Fort San Sebastian)




Une fois arrivé en Europe, ce garçon de 4 ans devient un cadeau. Offert au duc de Brunswick-Wolfenbüttel, qui l'emmène en son palais.



Christoph Bernhard Francke - Le duc Anton Ulrich de Brunswick



La mode était aux serviteurs noirs, mais il semble que le duc ait été un philanthrope qui désira éduquer le jeune Amo comme un membre de sa famille. Le garçon est baptisé Anton Wilhelm Rudolph Mohre mais plus tard il préfèrera signer ses travaux du nom latin d'Antonius Guilielmus Amo, Afer d'Axim

Il est envoyé à 18 ans à l'université de Helmstedt, puis à celle de Halle où il fait son droit - sa dissertation de fin d'études porte sur "les droits des Maures en Europe". Il étudie ensuite à l'université de Wittenberg le cursus, classique à l'époque, de philosophie et arts libéraux : logique, métaphysique, astronomie, histoire, médecine, physiologie, droit, théologie et politique. Il approfondit notamment la médecine et maîtrise évidemment plusieurs langues  (dont l'allemand, le français, l'anglais, le grec et le latin).




G. Geyer - Mémorial Anton Wilhelm Amo, université de Halle



Amo est peut-être ainsi le premier noir à passer son doctorat dans une université allemande, en 1734. Sa thèse, De Humanae mentis apatheia (De l’Apathie - c'est-à-dire de l'absence de sensation - de l’âme humaine) contient une critique du dualisme cartésien âme/corps.

En 1736 Amo est nommé dozent (nous dirions maître de conférence) à l'université de Halle où il publie en 38 son troisième ouvrage, Tractatus de arte sobrie et accurate philosophandi (Traité sur l'art de philosopher de manière simple et précise). Il enseigne ensuite la philosophie à l'Université d'Iéna de 1740 à 1747. Cette partie de sa carrière s'inscrit dans l'histoire des Lumières en Prusse - c'est l'époque des grandes controverses entre rationalistes et piétistes, le temps ou Christian Wolff, professeur de philosophie à Halle, est temporairement forcé par ses concurrents piétistes de quitter la Prusse sous la menace d'être pendu. Dans ces disputes, il faut ranger Amo dans le camp des Lumières et des rationalistes Wolffiens. Il faisait cours, à Iéna, sur la critique des préjugés.

Le duc de Brunswick-Wolfenbüttel, protecteur politique d'Amo, meurt en 1735. Mais en 1743 le philosophe perd surtout son protecteur académique et ami, Johann Peter von Ludewig, professeur de droit et chancelier de l'Université de Halle. En 1747, il semble qu'Amo dut faire face à une campagne de libelles racistes à l'instigation d'un professeur de rhétorique de Halle, Johann Ernst Philipp - et que cela eut pour effet de le décider à retourner en Afrique, dans son pays natal.

Il s'établit dans la région d'Axim, où il avait encore de la famille. Selon certaines sources il aurait terminé sa vie à Fort Chama, qui était alors un fort hollandais, point de départ de la traite des esclaves, où il aurait travaillé comme orfèvre, jusqu'à sa mort vers 1759.





Fort Chama en 1890


Le chirurgien suisse Gallandet, dernier européen à l'avoir rencontré en 1753, le décrivait vivant comme un ermite et révéré par les habitants du lieu comme un diseur de vérité.


Lumières noires :  à peu près au moment où Amo repart pour l'Afrique, Kant écrit sa première dissertation, Pensées sur la véritable évaluation des forces vives, probablement la première apparition du dynamisme newtonien dans le champ philosophique allemand - ici Christian Wolff (1) est déjà loin derrière

Le même Kant qui écrira pourtant en 1764, dans les Observations sur le sentiment du beau et du sublime, cette page hélas bien connue :


Les Nègres d’Afrique n’ont reçu de la nature aucun sentiment qui s’élève au-dessus de la niaiserie. M. Hume invite tout le monde à citer un exemple par lequel un Nègre aurait prouvé des talents, et il affirme ceci : parmi les centaines de millions de Noirs qui ont été chassés de leur pays vers d’autres régions, bien que beaucoup d’entre eux aient été mis en liberté, on n’en pourrait pas trouver un seul qui, soit en art ou en science, soit dans une autre discipline célèbre, ait produit quelque chose de grand. Parmi les Blancs, au contraire, il est constant que certains s’élèvent de la plus basse populace et acquièrent une certaine considération dans le monde, grâce à l’excellence de leurs dons supérieurs. Si essentielle est la différence entre ces deux races humaines ! et elle semble aussi grande quant aux facultés de l’esprit que selon la couleur de la peau.


Et ici, Anton Wilhelm Amo est loin devant Kant, peut-être même encore loin devant nous.







(1) Qui, pour estimer ce que l'homme peut savoir du monde matériel, en reste à la pure géométrie.






A propos d'Anton Wilhelm Amo, on peut lire ici un article de Christine Damis, avec une bibliographie


23/10/2016

Un chef d'orchestre, un philosophe et un marin (1) : bonheur prussien


Emil Doerstling - Preußisches Liebesglück / Bonheur d'amour prussien, Gustav Sabac el Cher et Gertrud Perlig, 1890
Deutsche Historisches Museum, Berlin
Source


En mars 1843, le prince Albert de Prusse, plus jeune fils de Frédéric-Guillaume IV, de passage en Egypte au cours d'un voyage en Orient, est reçu en son palais du Caire par Méhémet Ali. Le vice-roi lui fait cadeau, c'était l'usage, d'un jeune nubien de sept ans, fils d'une famille noble du Kordofan, province soudanaise qui s'était soulevée et avait été défaite. Son père tué et sa mère suicidée, le garçon avait été emmené en captivité. Le prince Albert lui donne le nom de Sabac el Cher, une expression arabe qu'il comprenait puisqu'elle signifie, paraît-il, guten morgen, bonne matinée.

Retournant à Berlin, le prince Albert emporte dans ses bagages Sabac el Cher qui est éduqué à la Cour, baptisé à 16 ans Auguste Albert Sabac el Cher. Il sera valet de chambre et laquais du prince, puis servira dans l'armée allemande, pendant la guerre prusso-danoise, puis à la bataille de Sadowa, enfin dans la campagne de France en 1870, où après maints combats il est décoré de la croix de fer.




 August Sabac el Cher quand il était valet,  en tenue orientale
Source



En 1867 August épouse Anna Maria Jung, fille d'un marchand de tissu prospère; ils ont deux enfants, Gustav en 1868, Elisabeth l'année suivante. A la mort du prince Albert, son fils le nomme Silberverwalter - intendant de la vaisselle du palais, poste recherché payé 600 marks-or par an. Naturalisé en 1882, il meurt en 1885.

Son fils, Gustav Sabac el Cher, étudie le violon après ses années d'école et devient musicien militaire, d'abord au 35ème fusiliers du Brandebourg puis à l'académie royale de musique, enfin chef de la musique du régiment de grenadiers "Frédéric III" à Königsberg - c'est alors une personnalité à la mode.





Gustav Sabac el Cher, photographié en 1908
Source




En 1901 Il épouse Gertrud Perlig, que l'on voit sur le tableau de 1890, et quitte l'armée en 1911 pour entamer une carrière brillante de chef d'orchestre civil, y compris à la radio sous la république de Weimar. A la fin des années 20 le ménage ouvre un restaurant à Königs Wusterhausen, près de Berlin, mais après l'arrivée au pouvoir des nazis la clientèle les boycotte. Ils lancent un café à Berlin mais doivent bientôt le fermer sous les pressions. Gustav meurt en octobre 1934, Gertrud le suit six mois  plus tard.


Portraits du colonisé dans l'uniforme clinquant de l'exception qui confirme la règle. Mais il y a peu d'élus, et il y faut le concours de beaucoup de bonnes étoiles - la faveur de plusieurs princes, l'attrait de la nouveauté orientalisante (on raffolait d'August servant en costume), le courage militaire, le don musical. Jusqu'à ce que le hasard ne joue plus le jeu. Reste le printemps passager d'un bonheur prussien, sur les murs d'un musée.



Quelques autres portraits de la famille Sabac el Cher, ici.

22/10/2016

Ronde de nuit : Ödön Vaszkó


Ödön Vaszkó- Lamplight, 1931
Huile sur toile
Source

21/10/2016

Transports en commun : Mandelstam/Roginsky


Mikhaïl Roginsky - Tramway aux vitres cassées, 1978
Gouache et aquarelle sur papier
Collection privée
Source



Не унывай,
Садись в трамвай,
Такой пустой,
Такой восьмой...



Ne te laisse pas abattre
Prends donc le tramway
Il est tellement vide
Il est tellement "Huit"...



Ossip Mandelstam, ca 1915
(Vers de circonstances, in Premiers poèmes)




Le poème date peut-être de 1913, ou de 1915, on ne sait pas bien. Et le tramway que Roginsky peint juste avant de fuir la Russie n'est pas le Huit, il est plutôt plein et plutôt soviétique. Mais les tramways seront toujours les tramways. Не унывай, ne désespérez pas.


Mandelstam adorait les tramways, regardez plutôt ici, chez izella.


Et de Roginsky, déjà.





20/10/2016

L'art de la fenêtre : Bonnard


Pierre Bonnard - Maison dans la cour, 1899 
(de l'album Quelques aspects de la vie de Paris)
Lithographie



Pour quelques informations supplémentaires, ici. Et pour un autre tirage de cette litho, .

19/10/2016

Louons maintenant les modèles : Bellows


George Bellows - Emma in the Purple Dress, 1919
Huile sur toile
Los Angeles County Museum of Art

18/10/2016

Tableaux parisiens : ronde de nuit


Ekaterina Posetselskaya - Le Panthéon la nuit 
Pastel sur carton
Via Madison Avenue 20B

17/10/2016

Chambre d'enfant : Lee Miller


Lee Miller - Claude Picasso et Francoise Gillot, 1949
Via la-belle-epoche

16/10/2016

Les vacances du bestiaire : plateau






En partant de la Croix de la Rode...








...en direction du bois des Cazalets...









 ...10 octobre 2016 à 9h du matin, altitude 1400 m...








  

...vers Mailhebiau, peut-être.




08/10/2016

Ayons congé : plein air

Ramón Casas - Plein air, ca 1890-91 
Museu Nacional d'Art de Catalunya




Les chats sont au plein air, ils ne sont même pas à Montmartre, même pas sur les collines, ils sont là-haut, servis sur le plateau. Ils reviendront dans une semaine. 

07/10/2016

L'art de l'achat, de la vente et de la rixe : Discipline


Christophe M. Saber - Discipline, 2014, bande-annonce
Mis en ligne par Christophe Saber



Discipline est un film de Christophe Saber.
Christophe Saber est moitié suisse, moitié égyptien.
Discipline est son film de fin d'étude à école de cinéma de Lausanne.
Discipline se passe en Suisse, à Lausanne, à 21h50.
Lausanne est une ville suisse et, une fois par jour, il est 21h50 à Lausanne, et en Suisse aussi d'ailleurs.
Discipline se passe dans une supérette.
Ce billet n'est pas une publicité pour les supérettes.
Ce billet n'est pas une publicité pour la Suisse.
Discipline pourrait se passer en France.
Mais ce billet n'est pas une publicité pour la France.
Discipline se termine devant une supérette (la même).
Discipline dure 11 minutes, pendant ces 11 minutes on gifle une petite fille, on casse un pot de moutarde et un rétroviseur.
Ce billet n'es pas une publicité pour les gifles, ni pour les petites filles, ni pour la moutarde, encore moins pour les rétroviseurs.
Discipline est un film court qui dure longtemps.
On peut voir Discipline dans les festivals de courts-métrages, et on peut lui donner des prix (77 à ce jour).
On peut voir Discipline sur iTunes et Netflix.
Ce billet n'est pas une publicité pour iTunes et/ou Netflix.
Quoique. Essayez de voir Discipline au cinéma près de chez vous.
Ce billet n'est pas une publicité pour quoique.
Ce billet est une publicité (gratuite) pour Discipline de Christophe Saber.

06/10/2016

L'art de l'achat et de la vente : Ron Mueck


Ron Mueck - Woman with shopping / Femme et achats, 2013 
Technique mixte
Photographie Alice Bénusiglio
Via Alice au pays des arts


Détail
Photographie Alice Bénusiglio
Via Alice au pays des arts

05/10/2016

L'art au travail : Rose/Baluschek


Ted Rose, Titre et date inconnus




Hans Baluschek - Arbeiterstadt, 1920


Ted Rose, peintre des chemins de fer de l'ouest états-unien, en fut aussi le photographe

Et, à propos de Baluschek, déjà. Et ici chez Patricia.

03/10/2016

Ronde de nuit : Raverat/Browne


Gwen Raverat - Sir Thomas Browne
Gravure sur bois, Etat 2
pour G. Keynes - Bibliography of Sir Thomas Browne
Source






Et à propos de Gwen Raverat, on peut lire cet article chez Neil.

02/10/2016

Le bar du coin : tout est sous contrôle


Preston Sturges - The sin of Harold Diddlebock / Oh, quel mercredi ! - 1950
"Everything's under control" ou le premier cocktail dans la vie de Harold : Harold Lloyd & Jimmy Conlin, Edward Kennedy dans le rôle du barman.
Mis en ligne par Ron Hall





Cette scène respecte une seule des onze règles de Sturges, à vous de trouver laquelle.


1 A pretty girl is better than an ugly one.
2 A leg is better than an arm.
3 A bedroom is better than a living room.
4 An arrival is better than a departure.
5 A birth is better than a death.
6 A chase is better than a chat.
7 A dog is better than a landscape.
8 A kitten is better than a dog.
9 A baby is better than a kitten.
10 A kiss is better than a baby.
11 A pratfall is better than anything.


1 Il vaut mieux une jolie fille qu'une laide.
2 Il vaut mieux une jambe qu'un bras.
3 Il vaut mieux une chambre qu'un salon.
4 Il vaut mieux une arrivée qu'un départ.
5 Il vaut mieux une naissance qu'une mort.
6 Il vaut mieux une poursuite qu'un bavardage.
7 Il vaut mieux un chien qu'un paysage.
8 Il vaut mieux un chaton qu'un chien.
9 Il vaut mieux un bébé qu'un chaton.
10 Il vaut mieux un baiser qu'un bébé.
11 Il vaut mieux une gaffe que n'importe quoi.


Preston Sturges - Les onze règles pour plaire au box-office
Via List of note