Dessin pour l'hebdomadaire Black Panther, 29 mai 1971
Via Bad Subjects
Emory Douglas, Ministre de la culture du Black Panther Party de 1967 à sa dissolution en 1980, réalisait la maquette et une bonne partie des illustrations de l'hebdomadaire du parti. Fils d'une mère célibataire et aveugle, tôt condamné à quinze mois de maison de correction, Douglas y avait trouvé sa voie à l'atelier d'imprimerie, continuant ses études d'art au San Francisco City College. Ses dessins ornaient d'ordinaire la dernière page du journal, dont la diffusion militante atteignit les 139.000 exemplaires.
Délaissant son balai, la femme de ménage a épinglé, sur le tablier qui indique sa condition, le badge portant les portraits de Bobby Seale et Angela Davis, prisonniers politiques. Le dessin du 29 mai 1971 fait référence à la conclusion, quatre jours plus tôt, du second procès intenté à Bobby Seale, le New Haven Black Panthers Trial à l'issue duquel, le jury n'ayant pu aboutir à un verdict, la justice abandonna les poursuites. Au même moment la campagne pour la libération d'Angela Davis battait son plein suite à sa déclaration devant la Superior Court du Marin County. Bobby Seale et Angela Davis furent tous deux libérés l'année suivante.
Les dessins de Douglas font appel à des techniques simples et facilement accessibles à la presse militante, comme le collage, le photostat et les textures comme on les pratiquait alors, émouvant souvenir, dans les premiers âges de la maquette offset. En même temps Douglas fait de ces procédés une application sophistiquée, le résultat étant à la fois original sur le plan artistique et politiquement mobilisateur. On peut y retrouver l'influence de John Heartfield, des constructivistes russes, des affichistes cubains de l'OSPAAAL (et à travers eux, probablement, des graphistes polonais). Une des particularités de cet art est qu'on le trouve aujourd'hui dans les galeries mais que ces affiches pourraient aussi bien être collées sur nos murs avec le même effet qu'en 1971. Car dans nos rues les nounous noires promènent encore des enfants blonds et, à l'instar du Black Panther Party Free Food Program, les distributions gratuites de nourriture sont toujours d'actualité. Comme le dit Douglas, dans ces images "on parle de chômage, de logement décent, on traite du complexe industriel carcéral et du nombre disproportionné des gens de couleur qui meurent à l'armée. Aujourd'hui, tout cela existe encore."
Les dessins de Douglas font appel à des techniques simples et facilement accessibles à la presse militante, comme le collage, le photostat et les textures comme on les pratiquait alors, émouvant souvenir, dans les premiers âges de la maquette offset. En même temps Douglas fait de ces procédés une application sophistiquée, le résultat étant à la fois original sur le plan artistique et politiquement mobilisateur. On peut y retrouver l'influence de John Heartfield, des constructivistes russes, des affichistes cubains de l'OSPAAAL (et à travers eux, probablement, des graphistes polonais). Une des particularités de cet art est qu'on le trouve aujourd'hui dans les galeries mais que ces affiches pourraient aussi bien être collées sur nos murs avec le même effet qu'en 1971. Car dans nos rues les nounous noires promènent encore des enfants blonds et, à l'instar du Black Panther Party Free Food Program, les distributions gratuites de nourriture sont toujours d'actualité. Comme le dit Douglas, dans ces images "on parle de chômage, de logement décent, on traite du complexe industriel carcéral et du nombre disproportionné des gens de couleur qui meurent à l'armée. Aujourd'hui, tout cela existe encore."
On peut voir le travail d'Emory Douglas ici, commenté par Colette Gaiter, et là au MOCA de Los Angeles. On peut aussi lire ce qu'en disent les anciens du BPP.
Et sur le Black Panther Party, on peut aussi revoir ici le reportage filmé d'Agnès Varda ainsi que, chez Tom Sutpen, les images du BPP coloring book.
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