26/09/2022
25/09/2022
24/09/2022
Conditions de survie
23/09/2022
L'art de la mémoire : coins dangereux et pommes de terre mal cuites
L'adresse exacte est inscrite au dos du tableau : 402 Fulham Road S.W. 6 - Fulham road à droite au fond, et Moore Park road au premier plan. Aujourd'hui...
...à part les immeubles de Fulham road (mais il sont cachés par les arbres) on ne retrouve que le petit coin de mur en briques rouges, probablement refait à neuf, mais c'est un mur de briques rouges...
(et si on se retournait on verrait un grand mural à la gloire du Chelsea Footbal Club, le stade est juste derrière)
...et pourquoi ce petit mur fait-il penser au mourant Bergotte...
...et à son petit pan de mur jaune de la Vue de Delft...
...(outre le fait qu'il est difficile de trouver un petit pan de mur jaune avec un auvent sur ce tableau, et si on croit le trouver on s'aperçoit que c'est plutôt un toit), oui, pourquoi ?
Vous me direz (et si vous ne me le dites pas, je le dirai pour vous) que Chamberlain et Vermeer peignaient dans le même esprit, si l'on s'en tient à ce que dit de son tableau l'artiste anglais : I have made many studies in this area where I live, in the belief that one must learn thoroughly something about a particular and loosely limited area within one's experience. I don't believe it is possible to make much of a statement about anything unless one knows one's subject very well indeed (1) ce qui correspond assez à ce que nous croyons (2) savoir de Vermeer - ou plutôt à ce que nous devinons à partir de ses tableaux.
Allons un peu plus loin.
Il n'y a pas de magie, pas d'illusion sans réalité. Et ce qui nous fascine chez Vermer c'est que nous y voyons une réalité, théâtralisée parfois certes, mais la réalité de Delft, on y rêve parfois une photo d'époque...
...mais on voit vibrer Delft bien mieux que s'il existait une photo d'époque, de même que c'est dans des romans, et non dans des livres d'histoire qu'on sent vraiment gronder la révolution de 1848, claironner les comices agricoles normands ou festoyer les mercenaires dans les jardins d'Hamilcar. Il y faut un mur qui soit vraiment un mur, disons qu'il faut du travail et de l'observation - one must learn thoroughly something about a particular and loosely limited area - et que sans ce réel, sans ce travail, pas de magie. Mais voilà, il faut de la magie : c'est ainsi que j'aurais dû écrire se dit Bergotte, mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune.
C'est la magie et le réel, ensemble feuilletés, qui font qu'on retrouve ce mur de brique rouge au coin de Moore Park road, c'est le même et ce n'est pas le même - ce coin est-il toujours dangereux ? Il y a ce tremblement du temps et ce Londres perdu qui ne reviendra jamais et cette petite dame au coin de la rue qui n'en finit pas de passer, comme resteront éternellement à Delft, de l'autre côté du miroir, ces petits personnages en bleu sur ce sable rose...
...que Bergotte remarque pour la première fois. Et sur ce, peut-être parce qu'il a mangé des pommes de terre mal cuites, il meurt.
Mais est-il mort, vraiment ? Sont-ils morts, les petits personnages bleus ? Et la petite dame au coin de Fulham street, est-elle vraiment morte aussi ? Un an après sa propre mort, dans un passage célèbre de La prisonnière, Proust envisageait d'autres possibilités :
Ce qu'on peut dire, c'est que tout se passe dans notre vie comme si nous y entrions avec le faix d'obligations contractées dans une vie antérieure ; il n'y a aucune raison dans nos conditions de vie sur cette terre pour que nous nous croyions obligés à faire le bien, à être délicats, même à être polis, ni pour l'artiste cultivé à ce qu'il se croie obligé de recommencer vingt fois un morceau dont l'admiration qu'il excitera importera peu à son corps mangé par les vers, comme le pan de mur jaune que peignit avec tant de science et de raffinement un artiste à jamais inconnu, à peine identifié sous le nom de Ver Meer. Toutes ces obligations qui n'ont pas leur sanction dans la vie présente semblent appartenir à un monde différent, fondé sur la bonté, le scrupule, le sacrifice, un monde entièrement différent de celui-ci, et dont nous sortons pour naître à cette terre, avant peut-être d'y retourner revivre sous l'empire de ces lois inconnues auxquelles nous avons obéi parce que nous en portions l'enseignement en nous, sans savoir qui les y avait tracées, — ces lois dont tout travail profond de l'intelligence nous rapproche et qui sont invisibles seulement — et encore ! — pour les sots. De sorte que l'idée que Bergotte n'était pas mort à jamais est sans invraisemblance.
(1) Lettre du 3 avril 1955, selon la Tate.
(2) Mis à part les faits qu'il est né, qu'il a épousé une riche catholique, qu'il a eu un certain nombre d'enfants, qu'il a peint et qu'il est mort, on ne sait strictement rien de Vermeer.
22/09/2022
L'art de la rue : quartier gare
20/09/2022
Poésie illustrée : il saute et saute toujours plus haut
11/09/2022
Louons maintenant les modèles : Marcel Gillis
Fusain et graphite sur papier
On peut aussi écouter chanter Marcel Gillis (en dialecte Montois)
10/09/2022
09/09/2022
L'art de l'action directe
Hyde, près de Manchester, est une des premières villes anglaises à avoir construit, en septembre 1838, un bâtiment à l'usage des réunions du mouvement chartiste, le Working Men's Institute.
Sur le tableau, on voit à la tribune Joseph Rayner Stephens, pasteur méthodiste et principal leader chartiste de Tameside, s'adressant à la foule juste au moment où il va être arrêté par la police avant d'être condamné à dix-huit mois de prison pour prise de parole devant un meeting interdit.
Ce district de Tameside, autour de Hyde, avec ses dizaines d'usines de coton, était au cœur de la révolution industrielle manchestérienne et, en même temps, un des foyers du Chartisme - à la fois mouvement ouvrier et mouvement démocratique de masse, culminant pour la région dans la grève générale d'Août 1848.
Le monument Pull the Plug, Ring the Change
aux Chartistes de Tameside, devant l'Hôtel de ville de Hyde
Lors de cette grève, une manifestation de Chartistes, armés de fusils, de pistolets, de piques et d'épées traversa Hyde en pleine nuit. Les manifestants entrèrent dans les usines et enlevèrent les bouchons de vanne ("pull the plug") des chaudières qui alimentaient les machines, provoquant ainsi l'arrêt complet des usines pour une durée d'un mois. D'où le nom de Plug riots pour désigner ces journées, et l'expression "pulling
the plug", qui est d'ailleurs toujours usitée pour des actions de ce type. Sur le monument, le personnage de gauche tient à la main un de ces plugs arrachés.
08/09/2022
A une passante : Gorsline
Eau-forte
D'autres stations de métro par là.
Bien que natif de Rochester, NY, Gorsline est mort en Bourgogne. On peut donc visiter le Musée Gorsline à Bussy-le-grand et se renseigner ici aussi.
07/09/2022
Entre chien et loup : Bohrod/Madgwick
06/09/2022
L'art de la conversation : alternative à trois
Laurent Durieux - Affiche alternative pour The Conversation / Conversation secrète
Et de Laurent Durieux, déjà.
05/09/2022
L'art de la cuisine : reversals and negation
Thoughts and dreams are often transcribed on the page in a
private note hand, a channeling of my subconscious that heightens my
engagement with the process. This writing is essential to my journals,
also on view. (...)
Reversals and negation are important. I
often rediscover the white of the page or obliterate and reconfigure an
image by dry erasing, wetting and scrubbing with fine bristle brushes,
and occasionally scratching, scraping and sanding. My essential tool is
sustained observation. I have worked in this room with these subjects
for thirty-three years. For me, the pages combine looking, memory,
association, accident, improvisation, and imagination into extended
meditations on self and world.
Charles Ritchie - 16 pages pour Bravinlee Programs, 7 septembre - 16 octobre 2017
Et de Charles Ritchie, déjà (avec un virus et du Piémont dedans).
04/09/2022
L'art du balai : l'art de la lecture
Collection Burrell, Glasgow
Via Forte tête sur talons hauts
À noter que le balai est un motif fréquent.
Et de Théodule Ribot, déjà.
02/09/2022
Constitutionnelle, mais occulte
On pourrait donc admettre qu'il existe une charte constitutionnelle occulte dont le premier article stipule que "La sécurité du pouvoir se fonde sur l'insécurité des citoyens".
Leonardo Sciascia, Le chevalier et la mort, 1988
Leonardo Sciascia - Le chevalier et la mort, 1988 (1), trad. française de Michel Orcel et Mario Fusco
(1) Quand le locuteur de ce texte rappelle que "dans notre enfance nous avons éprouvé... un pouvoir qu'on peut aujourd'hui définir comme intégralement criminel mais un pouvoir qu'on peut aussi, paradoxalement, dire en bonne santé, toujours au sens du crime" il fait évidemment référence au pouvoir qui a régi l'Italie de 1928 à 1943. Quant au pouvoir schizophrénique d'aujourd'hui - Sciascia désignait cet alliage Démocratie chrétienne/Mafia, respectabilité de façade/sauvagerie de l'exploitation, typique de l'Italie de l'époque et qu'il connaissait bien, chez lui en Sicile - cela ne fait-il pas penser, jusque dans la relation intime d'un pouvoir cauteleux à une violence immergée, à notre pouvoir d'extrême-centre ?
Et pendant ce temps-là...
Critique de la raison Jetskiste (avec une vraie citation d'Immanuel Kant dedans)
Critique de la raison pessimiste (avec des coquelicots dedans)