Huile sur toile
National Gallery
Dans la famille Cole, je demande le grand-père : George Vicat Cole (1833-1893), paysagiste comme son père et son fils, vendant bien ses tableaux, mais infiniment moins intéressant qu'un Turner ou un Samuel Palmer, ses aînés, et même, toujours parmi ces derniers, moins remarquable qu'un Linnell, son rival en académisme. Sans parler de son presque contemporain John Brett, dont ce tableau...
Huile sur toile
Tate
...enthousiasma Ruskin.
C'est avec Brett (et Inchbold) que la peinture de paysage anglaise prend son tournant préraphaélite. Certes, George Vicat Cole fut un temps proche des préraphaélite, comme en témoignent Hayfield ou Scene in North Wales, mais pour le reste ses moutons paraissent bien fades, à côté de ceux de Holman Hunt...
Pourtant vers la fin des années 1880, peut-être las d'aligner des meules de foin sur ses toiles, George Vicat Cole décide de peindre la Ville, Londres, vue de la Tamise et produit ce Pool of London fuligineux, noir de mâts et de marchandises, avec un ciel brouillé et le dôme de St Paul en point de perspective.
1888 : Plus de la moitié des bateaux qui naviguent sur les eaux de la planète sont anglais et, pour ceux qui sont en construction, les quatre cinquièmes sortent des chantiers navals britanniques. La seconde révolution industrielle est en marche, le capital financier consolide son emprise (1), la reine Victoria vient de célébrer son Golden Jubilee et Arthur Conan Doyle de publier Etude en rouge. Joseph Conrad devient capitaine de navire, dans un an il naviguera sur le Haut Congo, il en reviendra avec Heart of darkness. Et 1888, c'est l'année de Jack l'éventreur.
Voyez, George Vicat Cole peint le centre nerveux du XIXème siècle. Ne pensez plus au bleu des glaciers, regardez sur la Tamise, ce ciel livide, c'est l'aube de la modernité.
(1) Et - serait-ce une coïncidence au moment où Cole se détourne du paysage campagnard - l'agriculture anglaise s'effondre pour longtemps.
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