10/10/2017

Une semaine de l'estampe (3) : duo, frugal, et une disparue


Pablo Picasso - Le repas frugal, 1904
Eau-forte et grattoir sur zinc
Via Ma petite Médiathèque



C'est une des premières eaux-fortes (la seconde ou la quatrième, selon les sources) réalisées par Picasso, juste après que Ricardo Canals lui ait réenseigné la technique. La plaque de zinc avait déjà été utilisée par Joan González, un autre familier du bateau-lavoir. Regrattée par Picasso, on peut encore y voir des traces du travail de González, dans le coin supérieur droit.

Les personnages et le climat sont ceux de la période bleue, l'homme ressemble fort au personnage du Repas de l'aveugle de 1903 - le premier titre donné à cette estampe était L'aveugle. La femme pourrait être Madeleine, une des premières compagnes parisiennes de l'artiste, Madeleine dont personne n'entendit jamais plus parler et dont Picasso ne révéla l'existence qu'en 1968 à Pierre Daix (1).

Les premières épreuves furent tirées par Eugène Delâtre; puis Ambroise Vollard fit aciérer la plaque pour faire presser encore 277 estampes incluses dans la série des Saltimbanques en 1913. On en vole encore.








(1) "Devant un remarquable portrait de profil qu'il n'arrivait pas à retrouver jusque-là parce que le carton s'était encastré dans le cadre d'un des tableaux de sa collection, il déclara à Pierre Daix (2) «C'est la Madeleine...» puis, voyant sa surprise : «j'ai failli avoir un enfant d'elle... Tu me vois avec un fils de soixante-quatre ans ?» " 
Pierre Cabanne, Le siècle de Picasso, 1 la naissance du cubisme, 1881-1912, rééd. Folio-essais 1992, pp. 228-229.

(2) Pierre Daix, Picasso créateur, Paris 1987.

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