Manufacture de draps fournissant de longue date les armées françaises (1) elle passe de mains en mains au gré des mariages entre familles de fabricants, pour échoir à un Saint-Simonien de l'aile libérale qui négocia le traité franco-britannique de libre-échange, sonnant ainsi le glas (2) de l'industrie qui l'avait vu naître. Le domaine appauvri au long du dernier siècle fut récemment racheté par un oligarque russe qui, curieusement, paraît avoir fait subir le même sort à sa bonne ville de Perm, un temps appelée Molotov.
(1) L'industrie lodévoise du drap gris-blanc ou drap de troupe se développe quand l'uniforme devient la règle des armées permanentes sous Louis XIV, et surtout quand le cardinal Fleury, originaire de la ville et parent de drapiers, lui accorde le monopole de fabrication.
(2) Il avait commencé de tinter à la Révolution, qui supprima le monopole royal. On oublie souvent que la liberté, pour les Constituants, c'était aussi et tout particulièrement la liberté du commerce et de l'industrie. Soumise à la concurrence d'autres villes drapières, la ville se relève ou décline pendant trois quarts de siècle au gré des guerres et des paix. La chute se fait inexorable à partir de 1865, cinq ans après le traité Cobden-Chevalier. Un siècle plus tard, Lodève connaîtra la même mésaventure mono-industrielle, cette fois-ci avec l'uranium.
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