Francisco de Zurbarán - Une tasse d'eau et une rose sur un plat d'argent, ca 1630 Huile sur toile National Gallery, London Via d1nny
Ici, comme ailleurs chez Zurbarán, la rose est sans doute mystique. Et ce dont est fait le plat pourrait bien venir du Potosí, où les Indiens travaillaient sous le régime de la Mit'a, institution Inca que les conquérants espagnols transformèrent en travail forcé pour l'exploitation intensive des mines d'argent.
Your multilingual business friend Has packed her bags and fled Leaving only ash-filled ashtrays And the lipsticked unmade bed The mirror on reflection
Has climbed back upon the wall
For the floor she found descended
And the ceiling was too tall
Your trouser cuffs are dirty
And your shoes are laced up wrong
You'd better take off your homburg
'Cause your overcoat is too long
The town clock in the market square
Stands waiting for the hour
When its hands they both turn backwards
And on meeting will devour
Both themselves and also any fool
Who dares to tell the time
And the sun and moon will shatter
And the signposts cease to sign
Ta copine de boulot multilingue A fait ses malles et s'est taillée elle n'a laissé que les cendriers pleins et le lit défait plein de rouge à lèvres
Le miroir à la réflexion Est remonté sur le mur Le sol descendait, trouvait-elle Et le plafond était trop haut Ton pantalon a les revers sales Et tes chaussures sont mal lacées Tu devrais ôter ton chapeau (1) Car ton pardessus est trop long L’horloge de la ville est sur la place du marché Elle attend l’heure où ses aiguilles Tourneront toutes deux à l’envers Et quand elles se rencontreront Elles ne feront qu’une bouchée D’abord, l’une de l’autre Et aussi de tous les idiots Qui se risqueraient à dire l’heure Et puis le soleil et la lune Eclateront en mille morceaux Et les panneaux indicateurs S'arrêteront d'indiquer
(1) mou, le chapeau, mou… Homburg c’est ça, un chapeau mou.
Salle des fiches bricolage du professeur Choron Exposition Hara-Kiri photo, rencontres d'Arles, 4 juillet - 25 septembre 2016
L'humoriste classique fait des blagues sur les Belges, les blondes, les Noirs : les minorités, quoi. Choron a fait des blagues sur les chaussettes, le dictionnaire, l'Opéra, la baguette, la soupe, les saucisses, les tourne-disques et le cosmos, c'est-à-dire tout ce que tout le monde estime évident, mais qui ne l'est pas du tout, ni dans ses origines, ni dans ses fins.
Vitaly Komar & Alexandre Melamid - On frappe à la porte, 1982-83, de la série Réalisme socialiste nostalgique Huile et tempéra sur toile
La lampe opaline, un rappel des innombrables portraits de leaders au bureau, jusque tard dans la nuit. Le tapis et le livre, d'un rouge classique. Précipité sous la table quand on frappe à sa porte, le personnage éprouve la Большой террор, la Grande Terreur des années 1937-38.
Et de Komar & Melamid, déjà.
In the uncertain hour before the morning Near the ending of interminable night At the recurrent end of the unending After the dark dove with the flickering tongue Had passed below the horizon of his homing While the dead leaves still rattled on like tin Over the asphalt where no other sound was Between three districts whence the smoke arose I met one walking, loitering and hurried As if blown towards me like the metal leaves Before the urban dawn wind unresisting. And as I fixed upon the down-turned face That pointed scrutiny with which we challenge The first-met stranger in the waning dusk I caught the sudden look of some dead master Whom I had known, forgotten, half recalled Both one and many; in the brown baked features The eyes of a familiar compound ghost Both intimate and unidentifiable. So I assumed a double part, and cried And heard another's voice cry: "What! are you here?" Although we were not. I was still the same, Knowing myself yet being someone other-- And he a face still forming; yet the words sufficed To compel the recognition they preceded. And so, compliant to the common wind, Too strange to each other for misunderstanding, In concord at this intersection time Of meeting nowhere, no before and after, We trod the pavement in a dead patrol. I said: "The wonder that I feel is easy, Yet ease is cause of wonder. Therefore speak: I may not comprehend, may not remember." And he: "I am not eager to rehearse My thoughts and theory which you have forgotten. These things have served their purpose: let them be. So with your own, and pray they be forgiven By others, as I pray you to forgive Both bad and good. Last season's fruit is eaten And the fullfed beast shall kick the empty pail. For last year's words belong to last year's language And next year's words await another voice. But, as the passage now presents no hindrance To the spirit unappeased and peregrine Between two worlds become much like each other, So I find words I never thought to speak In streets I never thought I should revisit When I left my body on a distant shore. Since our concern was speech, and speech impelled us To purify the dialect of the tribe And urge the mind to aftersight and foresight, Let me disclose the gifts reserved for age To set a crown upon your lifetime's effort. First, the cold fricton of expiring sense Without enchantment, offering no promise But bitter tastelessness of shadow fruit As body and sould begin to fall asunder. Second, the conscious impotence of rage At human folly, and the laceration Of laughter at what ceases to amuse. And last, the rending pain of re-enactment Of all that you have done, and been; the shame Of things ill done and done to others' harm Which once you took for exercise of virtue. Then fools' approval stings, and honour stains. From wrong to wrong the exasperated spirit Proceeds, unless restored by that refining fire Where you must move in measure, like a dancer." The day was breaking. In the disfigured street He left me, with a kind of valediction, And faded on the blowing of the horn.
L'heure incertaine, plutôt que l'heure indéfinie de la traduction par Pierre Leyris, qui écrit pour l'alexandrin. Sur l'histoire des traductions des Four Quartets, on peut lire ce qu'en disait Claude Vigée, et c'est assez drôle.
Vers les terres rouges, au bord la Lergue (la Lèrga) il y a ce champ, qui était une vigne, et qui porte un nom - c'est un lieu-dit : Le Temps (Lo Temps). Et le chemin qui le borde, ils l'appellent chemin de l'homme mort (cami de l'òme mort).
Emile Bernard - Au Café de Paris, date inconnue Huile sur carton Collection privée
Le soir venu, je me rends dans une gargote sur un boulevard noir de monde, je m’installe aussitôt à une table contre la vitre et pendant des heures je regarde les gens passer. Si je m’ennuie ? Au contraire, je m’amuse follement. Vous croyez que j’observe l’accoutrement des gens et que j’invente des histoires ? Pas du tout ! Alors vous allez me demander : comment vous amusez-vous ? Comment je m’amuse ? Je songe à la mort, à la vieillesse, aux guerres à venir… Plus je suis envahi de pensées sombres, plus je m’amuse.
Les gens sont tous méchants. La vie est vaine. L’amour est une sottise. Et ainsi de suite. Mais comment s’amuser avec des pensées pareilles ? Rien n’est jamais tout noir. Cherchez, vous trouverez. Moi j’ai trouvé le plus difficile : le remède contre la mort ! J’imagine que je ne vais pas mourir et ça marche.
Disons qu’après avoir eu plein de sombres pensées, on atteint un monde tout frais, tout gai, tout heureux. On est seulement malheureux au point de départ. Il ne faut donc pas s’en faire, on est comme avant. Insouciant, joyeux…