La Haye KB 74G27 folio 83r
Via Demonagerie
Pour se venger Cupidon décoche deux flèches, l'une d'or, l'autre de plomb - la première rend amoureux, l'autre fait fuir l'amour. L'une pour Apollon, l'autre pour Daphné. Et pour échapper au dieu, la nymphe n'a d'autre recours que de se transformer en laurier...
Viribus absumptis expalluit illa citaeque
uicta labore fugae spectans Peneidas undas
«fer, pater,» inquit «opem ! Si flumina numen habetis,
qua nimium placui, mutando perde figuram !»
Quae facit ut laedar mutando perde figuram.
Vix prece finita torpor grauis occupat artus,
mollia cinguntur tenui praecordia libro,
in frondem crines, in ramos bracchia crescunt,
pes modo tam uelox pigris radicibus haeret,
ora cacumen habet : remanet nitor unus in illa.
Hanc quoque Phoebus amat positaque in stipite dextra
sentit adhuc trepidare nouo sub cortice pectus
conplexusque suis ramos ut membra lacertis
oscula dat ligno ; refugit tamen oscula lignum.
G. F. Hændel - Apollo e Dafne, cantate pour soprano, baryton et orchestre, HWV 122
Aria : Felicissima quest'alma, / Ch'ama sol la liberta
Non v'è pace, non v'è calma / Per chi sciolto il cor non ha.
Ô très heureuse cette âme / Qui n'aime que liberté
Il n'y a ni paix ni calme / quand le cœur est enchaîné.
Karina Gauvin, Russell Braun, Les violons du roi, dir. Bernard LaBadie
Mis en ligne par Eric1Boul
Elle est à bout de forces, livide et, dans sa fuite éperdue,
vaincue par l'effort, elle dit en regardant les eaux du Pénée :
« Ô père, aide-moi, si vous les fleuves, avez un pouvoir divin ;
en me transformant, détruis la beauté qui m'a faite trop séduisante. »
La prière à peine finie, une lourde torpeur saisit ses membres,
sa poitrine délicate s'entoure d'une écorce ténue,
ses cheveux poussent en feuillage, ses bras en branches,
des racines immobiles collent au sol son pied, naguère si agile,
une cime d'arbre lui sert de tête ; ne subsiste que son seul éclat.
Phébus l'aime toujours et, lorsqu'il pose la main sur son tronc,
il sent encore battre un coeur sous une nouvelle écorce;
serrant dans ses bras les branches, comme des membres,
il couvre le bois de baisers ; mais le bois refuse les baisers.
Ovide - Métamorphoses, I, 543-556
traduction de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2005
serrant dans ses bras les branches, comme des membres,
il couvre le bois de baisers ; mais le bois refuse les baisers.
Ovide - Métamorphoses, I, 543-556
traduction de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2005
Maître de l’Épître d’Othéa - Christine de Pisan - L'Epistre Othea la deesse, que elle envoya à Hector de Troye, quant il estoit en l'aage de quinze ans
Manuscrit enluminé, 1407-09 Bibliothèque nationale de France MSS Français 606 folio 40v
Voir ici d'autres nymphes et d'autres lauriers.
Le mythe des deux flèches est une des critiques les plus anciennes de l'amour-passion destructeur et claustrophile. Et l'aria de Hændel en est un charmant commentaire : le véritable amour est Amor di libertà.
Pour les amateurs d'archéologie mythique, Daphné serait à l'origine liée au culte de la déesse-mère et au ménadisme. Voir par exemple la version Leucippe du mythe, via les Erôtika pathèmata de Parthénios de Nicée.
Et pendant ce temps-là : réflexions sur la question Chats
Nostra Dona dels autocarris
(Rappel) Pays de vioques
Nostra Dona dels autocarris
(Rappel) Pays de vioques
Très bel article.
RépondreSupprimerEt aussi les trois liens du "Et pendant ce temps-là"... Merci infiniment M. Chat.