Jean-Henri Roger (1949-2012) - Code 68
Mis en ligne par universcine
Ce sont les mauvaises nouvelles des après-réveillons, les dépêches du matin blême. Jean-Henri Roger est mort un 31 décembre.
Je me souvient du Jean-Henri du début des années 70, les années du Cordial (il existe encore, ce café ?). Jean-Henri faisait partie d'un petit groupe maoïste qui gravitait dans la même fumeuse nébuleuse que nous-autres, et dont la "commission cinéma" était particulièrement active (1).
C'était le Jean-Henri des années Godard, il fut en ce temps-là le coéquipier/caméraman de Godard et il squattait même un peu son appartement (2). Evidemment on bavait en écoutant ses anecdotes - Godard, Léaud, vous pensez... Après Dziga Vertov Jean-Henri participa à Cinéluttes avec d'autres petits camarades, et puis les sentiers des uns et des autres bifurquèrent, comme c'est l'usage des sentiers. À ce que j'ai vu de très, très loin il a côtoyé ce qu'il y avait/a de plus estimable dans le cinéma français d'après - Berto, les gens de chez Guédiguian...
Vous rencontrez des gens, puis vous les oubliez, un peu. Vous les revoyez sur un écran un jour puis l'autre - mais les écrans sont fugitifs. Et puis vous finissez par lire une nécro dans Le Monde, juste après avoir visionné les interviews de celui que vous croyiez toujours vivant.
J'aime bien Code 68 - Jean-Henri n'était pas du genre à prendre le passé avec des pincettes; plutôt de près, avec une caméra.
J'espère que, là où il est, il a une caméra.
J'espère que, là où il est, il a une caméra.
Gérard Courant - Jean-Henri Roger, 1987, Cinématon (muet) #889
Mis en ligne par Gérard Courant
(1) Bien des débats agitaient le cinéma militant de l'époque. Ceux qui veulent en pénétrer les arcanes peuvent se référer au livre de Sébastien Layerie, spécialement à la partie sur Flins 68. Les persévérants se plongeront dans les textes du Groupe Prolétaire-Ligne Rouge : "Vive le cinéma, arme de propagande communiste !", texte de 1969 réédité dans les Cahiers du cinéma, n° 245-246 d'avril-juin 1973, et "Pour un Front Culturel Révolutionnaire", Cahiers du cinéma n°248 du printemps 1974, pp. 5-12. C'était du bois dur, les Cahiers de ce temps-là.
(2) Comme il le raconte assez drôlement dans les suppléments du coffret Godard politique qui vient d'être édité chez Gaumont. A ceux qui voudraient faire connaissance avec Jean-Henri, et qui peuvent débourser ces presque cent euros, je recommande ces interviews et leur saveur d'époque. C'est, je crois, sa dernière apparition sur un écran avec son passage dans les Neiges du Kilimandjaro.
Un de mes amis m'a annoncé le décès de Jean-Henri Roger. Il a participé à la Ronde infinie des obstiné-e-s, en 2009, place de l'Hôtel de Ville, pour contester les lois sur l'Education nationale, l'Enseignement supérieur et la Recherche publiques. En regardant la vidéo de votre article, M. Chat, je m'aperçois que je l'ai croisé lors de nos rondes.
RépondreSupprimerMerci d'honorer sa mémoire.