Francesco Scaramuzza - Géryon, Ill. pour Dante, l'Enfer, Chant XVII, ca 1836
Géryon, qui a la tête d'un homme honnête mais une queue de serpent armée d'un dard de scorpion, emmène le poète et son guide, en un vol descendant, vers le huitième cercle de l'Enfer, celui de la Fraude.
Ecco la fiera con la coda aguzza,
che passa i monti, e rompe i muri e l’armi!
Ecco colei che tutto ’l mondo appuzza!
Sì cominciò lo mio duca a parlarmi;
e accennolle che venisse a proda
vicino al fin d’i passeggiati marmi.
E quella sozza imagine di froda
sen venne, e arrivò la testa e ’l busto,
ma ’n su la riva non trasse la coda.
La faccia sua era faccia d’uom giusto,
tanto benigna avea di fuor la pelle,
e d’un serpente tutto l’altro fusto;
due branche avea pilose insin l’ascelle;
lo dosso e ’l petto e ambedue le coste
dipinti avea di nodi e di rotelle. (...)
Nel vano tutta sua coda guizzava,
torcendo in sù la venenosa forca
ch’a guisa di scorpion la punta armava.
Voici qu'il vient, le monstre à la queue affilée,
Qui passe monts, qui brise armes, tour crénelée,
Et de son souffle impur pourrit le monde entier.
Mon maître, en même temps qu'il me tint ce langage,
A la bête du geste indiqua le rivage,
L'invitant à monter jusqu'au pierreux sentier.
Et de la Fourbe alors cette hideuse image
S'en vint ; elle avança le torse et le visage,
Laissant pendre sa queue en arrière des bords.
Ses traits semblaient d'abord les traits d'un homme honnête,
Tant douce était la peau qui recouvrait sa tête ;
En serpent s'allongeait le tronc et tout le corps.
Elle avait deux grands bras velus jusqu'aux aisselles,
Et des nœuds tachetés en forme de rondelles
Émaillaient sa poitrine et son dos et ses flancs. (...)
Elle tordait sa queue énorme dans le vide
Et dressait une fourche au venin homicide.
Vrai dard de scorpion à sa queue attaché.
Dante, L'enfer, Chant XVII
Trad. française de Louis Ratisbonne, 1870
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