15/05/2020

Les intérieurs sont habités : Goldfarb, Hockney, Masurovsky


David Hockney - Shirley Goldfarb and Gregory Masurovsky, 1974
Acrylique sur toile
The Doris and Donald Fischer Collection, San Francisco Museum of Art
Source



7 mai, Atelier Hockney, Cour de Rohan, le matin.


Je suis assise chez David regardant « notre » portrait (moi, Gregory et Sardi). Ça avance...
J'aime David, un ami sans pareil.
Shirley Goldfarb - Carnets - Montparnasse 1971-1980
Trad. française de Frédéric Faure et Hélène Cohen
 

12/05/2020

T'es qu'un godailleux


Christophe Castaner, ministre de l'intérieur, posant le mercredi 6 mai dernier avec le personnel de l'usine de filtrants Mortelecque à Annœullin (Nord), reconvertie dans la fabrication de masques.
Source (sur abonnement)




Toute distanciation mise à part, Annœullin, dans le Nord, c'est aussi le village des fraisiers, comme le chantait Colette Magny dans...
 






Colette Magny - Chronique du Nord, 1972, de l'album Répression
Texte de Colette Magny
Basses: Beb Guérin, Barre Phillips
Mis en ligne par Colette Magny




On trouvera sur l'excellent blog consacré à Colette Magny le texte de la chanson, un commentaire très complet et une carte des enquêtes de la chanteuse sur le terrain (Waziers, les Asturies, Wagnonville...). On notera que la fonderie des Asturies (aujourd'hui propriété du groupe Umicore/Nyrstar, société belge ayant son siège en Suisse et cotée à Euronext/Bruxelles) est toujours en service à Auby.



Ma mère m'a dit : T'es qu'un godailleux (1), t'as dépensé des sous qu'on n'avait pas dans la bourse ; faut payer la maison" 

Y'a de jolies fraises, des jolies fraises à Anolin (2) J'irai les cueillir chez le voisin à 4 h, tous les matins, faut payer la maison...

mais y'a la grève à Flers

BOU BOU BOUYEYE BOU BOUYEYE...




(1) Godailleur, godailleux : terme populaire, vieilli. Fêtard, ivrogne.

(2) Pour Annoeulin.
 

01/05/2020

Entendez-vous ce silence (à propos de Charlie parker et de la dérive des continents ) (avertissment : cette bûche va ralentir)


Morten Lasskogen (Morteh) - Lost
Via Forbes




Et les chats, confinés pour un certain temps, voire un temps incertain, s'occupent à autre chose, ouvrent leurs fenêtre, regardent le ciel, referment lesdites fenêtres, rangent leurs bibliothèques...



 (Oui, ça ressemble à ça, mais ça c'est chez Clémentine Mélois) (déjà)



...rouvrent leurs fenêtres, et se disent que les temps ont changé. Que les temps s'accélèrent. Ou ralentissent. C'est selon.

En même temps, entendez-vous ce silence.

Les temps de crise, les vrais, ont de ces précipitations, des rythmes be-bop - comme un solo de Charlie Parker.





Charlie Parker - Tico Tico, 1952
Mis en ligne par Charlie Parker




En même temps, ils ont - ils ont eu, depuis longtemps, pour aboutir ici maintenant, et ils auront - la lenteur de phase, la très basse fréquence des ondes longues, des vagues imperceptibles, des changements climatiques, des mouvements tectoniques, des plaques continentales qui avancent millimètre par millimètre.

Avec comme un bruit, au fond.




Mis en ligne par Tech Insider




Et donc. Je me disais (se dit M. Chat) que de m'astreindre à ces billets quasi-quotidiens, cela reflétait bien l'humeur, le sentiment, cela respectait bien la pulsation, le rythme.

Mais voilà. Les temps ont changé. Et donc. Je me dis.

Que d'une part, pour se caler sur les ondes longues le rythme va considérablement ralentir sur la présente bûche (1). A l'avenir les publications seront ici de périodicité plus aléatoire, au plus hebdomadaire, peut-être même plutôt mensuelle, voire rare. Et idiosyncrasiques. Mais c'était déjà idiosyncrasique et allusif, alors, bon.

Sinon, et d'autre part, pour mieux écouter le be-bop les chats ont aussi un fil pour les petites nouvelles plus ou moins originales, si ça vous intéresse.

Prenez soin - en respectant bien l'ordre suivant, sinon c'est de peu d'effet - de vous, des autres, de la planète, des chauve-souris, des pangolins, des virus, des gouvernements qui courent après les virus. Qui courent plus vite que les gouvernements. Bien des choses se sont mises à courir plus vite que les gouvernements, et pour longtemps. En même temps, entendez-vous ce silence ?




(1) Blog est le diminutif de weblog. Web, à l'origine, c'est du tissu (par extension, spider web, toile d'araignée, et web = toile, réseau). Log, à l'origine toujours, c'est une bûche. Comme celle que tient dans ses bras...




...la log lady de Twin peaks.


Puis c'est la bûche qui leste la corde jetée à l'eau derrière le bateau, pour en mesurer la vitesse. Un petit verre de rhum et, du coup, le log book c'est le journal de bord du navire, dans lequel on note cette vitesse (si on ne l'a pas oubliée, avec le rhum). Puis, par extension (l'influence de la marine, ou du rhum) tout journal de relevés. Enfin, pour les informaticiens du bon (2) vieux temps des salles blanches, la log file ou la log, le journal d'exploitation de la grosse bécane. Puis le weblog, journal sur le réseau (3). Bûche, j'aime bien, c'est joli, non ?

(2) Bon, mais froid. On se caillait dans les salles blanches. Et il fallait cacher la bouteille de rhum.

(3) Individuel. Compatible avec le verre de rhum, voire plus. Pas de chef pour vous surveiller. La navigation en solitaire. Le Challenge Havana Club de la bande passante de nuit. Cet universel tapotis sur les claviers derrière les persiennes closes.
Et puis, un jour, ce silence. Si on écoutait bien ce silence - on pourrait croire à un bruit, dans le fond.