10/06/2018

Une semaine Spruance (4) : ayons congé


Benton Murdoch Spruance, Prelude to Rest / Prélude au repos, 1935
Lithographie 
Smithsonian American Art Museum, Washington



Spruance, né à Philadelphie le 25 juin 1904, étudie à l'Académie des beau-Arts de cette même ville; il séjourne ensuite à Paris, par deux fois, y apprend la lithographie à l'atelier Desjobert et la peinture avec André Lhote, à l'Académie Montparnasse. Retourné à Philadelphie, il y enseigne, notamment au Beaver College (Arcadia University). Dans les années 30 ses thèmes relèvent de l'art social, parfois dans une manière diffuse et méditative comme dans Prelude to rest. Comme chez d'autres artistes de l'époque, son œuvre a un versant expressionniste, particulièrement évident quand il dépeint les horreurs de la seconde guerre mondiale (1), signant par exemple l'inoubliable Fathers and sons.

Un autre aspect de son travail, ces grands portraits de femmes, mélancoliquement hiératiques et silencieux, comme Soliloquy, qui se multiplient au fil des années 40. Ensuite, il produit des lithos à thèmes religieux (chrétiens ou mythologiques). Souvenir de Lidice (1942) marque probablement une transition entre ces deux thématiques (les horreurs de la guerre et la spiritualité). Dans les années 50 Spruance participe activement au renouveau de la lithographie en couleurs - Subway playground en étant la réussite la plus évidente, ainsi que ses groupes de footballeurs.

Peintre, graveur et enseignant, Spruance était aussi actif dans l'Artists Equity, une association/syndicat d'artistes au niveau national, dont il présida un temps la section de Philadelphie. A ce titre, il est à l'origine du "un pour cent de Philadelphie" (one per cent ordinance, signée par le maire le 24 décembre 1959) qui prévoyait qu'un pour cent au plus du montant total de la construction d'immeuble, de pont, d'arche ou de toute autre structure financée pour tout ou partie par la Ville serait consacré à l'ornementation artistique. C'est ce percent for art de Philadelphie qui fut ensuite étendu aux Etats-unis, puis à d'autres pays. Quand vous voyez sur un rond-point (ou ailleurs) une œuvre qui vous plaît (ou ne vous plaît pas) Benton Spruance y est pour quelque chose et un artiste en vit, un peu.

Il existe un site dédié.


(1) Spruance tenta sans succès de s'engager, mais cette disposition n'eut pas pour effet d'adoucir son regard sur la guerre. On a oublié que bien des war artists états-uniens de la seconde guerre n'étaient pas simplement des embedded, mais portaient aussi une vision réaliste et critique de leur guerre, tels David Fredenthal ou Joseph Hirsch.


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