19/01/2017

Une semaine dans les oreilles (4) : musique pour nuages


Tōru Takemitsu - Musique pour Midaregumo / Nuages épars, de Mikio Naruse, 1967
Mis en ligne par TheUnknown837




Nuages épars est une splendeur crépusculaire et introuvable. Crépusculaire parce que c'est le dernier film de Naruse qui meurt deux ans plus tard, que Mizoguchi et Ozu sont déjà morts eux, depuis un bail, et que Kurosawa traverse alors le désert hollywoodien : fin d'une époque.

Introuvable en dvd (à ma connaissance il n'a jamais figuré que sur le canal Hulu de la Criterion collection) et jamais visible en salle, sauf miracle il vous faudra attendre une rétrospective Naruse en cinémathèque, mais dans ce cas-là précipitez-vous. Je me souviens l'avoir vu une seule fois, en 2003.




Mikio Naruse - Midaregumo / Nuages épars, 1967
Mis en ligne par yutorideath
(et désolé pour l'anamorphose...)



L'argument initial de Nuages épars est curieusement assez proche du Broken lullaby (L'homme que j'ai tué) de Lubitsch (1). Mishima tue involontairement Hiroshi dans un accident de la circulation. Il veut s'excuser auprès de sa veuve Yumiko et la dédommager, mais tout d'abord elle ne veut pas entendre parler de lui. Plus tard ils se retrouvent par hasard dans la même ville, elle après avoir été évincée par la famille de son mari défunt, lui muté par son entreprise. Leur seconde rencontre se transforme en un amour naissant - qui restera mort-né. De cet argument Naruse tire un mélodrame doucement inexorable. Deux solitudes parallèles cheminent dans la campagne japonaise, une expiation impossible se résout au final dans une implosion de tristesse partagée. Rares sont les films qui laissent à ce point un goût de fatalité - et les thèmes de Takemitsu n'y sont pas non plus pour rien.


Tōru Takemitsu (1930-1996) a composé la musique de dizaines de films, dont Kwaïdan, Dodes'kaden, La cérémonie, Une petite soeur pour l'été, L'empire de la passion, Ran, Pluie noire...

...mais encore ceci : 




Tōru Takemitsu - Rain spell, 1980
Mis en ligne par TheWelleszCompany





...ou, pour finir dans un bar :



Tōru Takemitsu - Valse
Musique pour Hiroshi Teshigahara - Tanin no kao / Le visage d'un autre, 1966
Paroles en allemand de Tatsuji Iwabuchi, chantées par Beverly Maeda
Mis en ligne par LoveExposure





(1) Pour la fin, il est plus proche de ce que François Ozon en a récemment refait.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire