22/12/2016

Ayons congé : fly away


Bo Bartlett - Manifest destiny, 2006
Huile sur toile
Via Bo Bartlett




Et les chats sont repartis, loin, très loin, là où de petites maisons de silex parsèment d'immenses champs de blé endormis pour l'hiver. Les chats reviendront peut-être. Vers le 3 janvier. Prenez soin de vous, et donnez-vous des ailes.




Mis en ligne par BerniceJenkins2010

21/12/2016

Portrait craché : l'hiver


Yan Huang - Four Seasons Winter, n/d
Huile sur toile
Via amare-habeo

20/12/2016

19/12/2016

L'art de la poste : Van Gogh


Vincent Van Gogh - Lettre à son frère Théo, illustrée

18/12/2016

Les occupations solitaires : l'ombre et la crête


Gian Paolo Dulbecco - De celui qui combattait sa propre ombre, 2014
Source





Hans Vandekerckhove - Pen-y-Fan, 2007
Huile sur toile
Via Thunderstruck







Et pendant ce temps-là...

17/12/2016

Dans tes rêves : Annenkov


Iouri Pavlovitch Annenkov - Мечты провинциала - Rêveries d'un provincial, 1912
Huile sur toile 
Galerie Trétyakov



De Iouri Annenkov déjà, ici et .

16/12/2016

Ciel... Trouvelot


Etienne Léopold Trouvelot - La grande comète de 1881. Observée la nuit du 25 au 26 Juin à 1h. 30. 
in Trouvelot astronomical drawings atlas, 1881-1882
Via New York Public Library digital collections




Etienne Léopold Trouvelot (1828-1895), artiste français émigré aux Etats-Unis après le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte, dessinait des vues astronomiques en utilisant les télescopes les plus puissants de son époque. On peut trouver des images de l'Atlas ici, et le manuel, sans les images, par là. Une de mes préférées, la planète Mars.





15/12/2016

Les vacances du bestiaire : sur la terre comme au ciel


T. Allen Lawson - Crosswalk, 2014
Aquarelle, gouache, fusain, encre et cire colorée
Source





T. Allen Lawson - Swallow Studies
Huile
Source

14/12/2016

L'art de la rue : W. E. L. Bunn


William Edward Lewis Bunn - Festival à Hamburg (étude de mural pour la Poste de Hamburg, Iowa), 1941 (partie gauche)




 William Edward Lewis Bunn - Festival à Hamburg (étude de mural pour la Poste de Hamburg, Iowa), 1941 (partie droite)
Smithsonian American Art Museum




13/12/2016

Duos : Alfred Hirv


Alfred Hirv - Joueurs de cartes, 1910 
Kumu Museum, Tallinn
Via Milky Way Rollercoaster

12/12/2016

Transports en commun : Worrall


Mike Worrall - Pensive Unrest / Agitation pensive




Et de Mike Worrall, déjà.

11/12/2016

Duos : Jacqueline Osborn


Jacqueline Osborn - Table in the corner
Source

10/12/2016

La forme d'une ville : l'art de la cuisine


Villa Freundschaft, Berlin, Wedding - Siège local des Falken, organisation des jeunesses socialistes, 17 novembre 2016


Wohnraum für Alle und zwar Vegan
Des logements pour tous, et même pour les Végans

09/12/2016

Duos : en soliste


John Coltrane - A love supreme, 1964
Mis en ligne par Jean CECE




En soliste

Ma mère me dit qu'elle a rêvé
de John Coltrane, que dans son rêve il était jeune
et jouait avec tant de joie
d'énergie contenue, de rage
qu'elle n'avait pu que pleurer.
Elle est assise maintenant, les mains croisées
sur les genoux, des larmes coulent
de ses yeux aveugles et la télévision
derrière elle reste impassible et grise.
Il est tard, les voisins ne font pas de bruit,
même la ville - Los Angeles - ne fait pas de bruit.
Sur la 99 j'ai roulé des heures,
sur les collines et jusqu'au ciel (1)
pour être ici. Je pose ma main gauche
sur son épaule, alors elle sourit.
Quel monde tout de même, une mère son fils
trouvant à se consoler en Californie
juste là où tout est prévu
pour ça, les palmiers les super-
marchés ouverts toute la nuit
qui vous mettent plein la vue d'oranges
rétro-éclairées en orange
à deux heures du matin.
"Il était seul" dit-elle et pas
comme je le dis maintenant "soliste".
Quel monde tout de même, un grand homme la moitié
de son âge à elle, vient à ma mère en son sommeil,
lui fait le don d'un chant qu'en effaçant ses larmes
elle m'offre à son tour, et alors
je peux l'entendre, la musique que fait le monde
dans le silence, et puis ce mot :
"soliste". Tout de même quel monde
quand je suis arrivé le grand bol des montagnes
était caché sous un nuage de fatigue
et la mer s'étendait
comme une nappe
de pétrole et les fleurs achetées à Fresno
étaient en train de sécher sur le siège
à côté de moi, et j'aurais pu
faire demi-tour et manquer la musique.


Philip Levine - Soloing, in What Work Is, Alfred A. Knopf ed. 1992
Trad. Les chats



(1) Over the Grapevine into heaven : l'US99 (aujourd'hui Interstate 5) monte l'escalier des collines de Grapevine, jusqu'au col de Tejon Pass. Pour une oreille états-unienne, l'association des mots Vine et Heaven a des résonances d'hymne religieux.



Soloing

My mother tells me she dreamed
of John Coltrane, a young Trane
playing his music with such joy
and contained energy and rage
she could not hold back her tears.
And sitting awake now, her hands
crossed in her lap, the tears start
in her blind eyes. The TV set
behind her is gray, expressionless.
It is late, the neighbors quiet,
even the city -- Los Angeles -- quiet.
I have driven for hours down 99,
over the Grapevine into heaven
to be here. I place my left hand
on her shoulder, and she smiles.
What a world, a mother and her son
finding solace in California
just where we were told it would
be, among the palm trees and all-
night super markets pushing
orange back-lighted oranges at 2 A.M.
"He was alone," she says, and does
not say, just as I am, "soloing."
What a world, a great man half
her age comes to my mother
in sleep to give her the gift
of song, which -- shaking the tears
away -- she passes on to me, for now
I can hear the music of the world
in the silence and that word:
soloing. What a world -- when I
arrived the great bowl of mountains
was hidden in a cloud of exhaust,
the sea spread out like a carpet
of oil, the roses I had brought
from Fresno browned on the seat
beside me, and I could have
turned back and lost the music.





Un fils vient le soir visiter sa mère âgée et aveugle. Intervention d'une tierce personne : John Coltrane.

Philip Levine (Detroit 10 janvier 1928 - Fresno 14 février 2015) est le poète du Detroit ouvrier. Il naît dans une famille d'immigrants juifs; son père mort quand il avait cinq ans, il doit travailler tôt, à l'âge de quatorze ans pour aider à nourrir sa famille. Ses années d'ouvrier chez Chevrolet, Cadillac ou Detroit Transmission plantent le décor d'un bonne partie de ses poèmes, notamment dans le recueil What Work Is. Passé par l'Iowa Writers Workshop, et donc à l'école de John Berryman, il enseigne ensuite à l'université de Californie à Fresno, de 1958 jusqu'à sa retraite en 92. Levine a été nommé United States Poet Laureate pour 2011-2012.

08/12/2016

Le bar du coin : mais personne ne porte les bagages


Dominique Vu Van & ses amis - Un poète à la mer, 3/12/2016
épisode 5
Mis en ligne par Angel Sanz




M. Chat - Heureusement qu'il y a Dominique & ses amis pour vous remonter le moral, par les temps qui courent.

07/12/2016

l'art de la poste : même le soleil n'arrange pas les choses...


Jean Cocteau, Autoportrait, d'une lettre adressée à Paul Valéry, 1924
Via Arcobaleni

06/12/2016

L'art de la poste : le courrier surréel


Papier à en-tête de La Révolution Surréaliste
Via juan del río





Papier à en-tête de Benjamin Péret

05/12/2016

04/12/2016

Le bar du coin : nuages


Alexandre Galitch - Облака / Les nuages
Mis en ligne par Евгений Быков





Облака плывут, облака,
Не спеша плывут как в кино;
А я цыпленка ем табака,
Я коньячку принял полкило.


Les nuages flottent, les nuages
Flottent sans hâte, comme dans les films
Je mange du poulet frit (1), j'ai pris
Mon demi-kilo (2) de cognac.

Облака плывут в Абакан,
Не спеша плывут облака...
Им тепло небось, облакам,
А я продрог насквозь, на века.


Les nuages flottent sur Abakan
Sans hâte ils flottent les nuages
Le ciel est chaud pour les nuages
Et moi je suis transi de froid
Depuis des siècles.

Я подковой вмёрз в санный след,
В лёд, что я кайлом ковырял;
Ведь недаром я двадцать лет
Протрубил по тем лагерям.


Le gel me tord (3) sur la piste à traîneaux,
J'y vais à petits coups de pic dans la glace;
Mais il y a bien une raison si pour moi dans ces camps
C'est la vingtième année qui sonne.

До сих пор в глазах - снега наст!
До сих пор в ушах - шмона гам!
Эй, подайте мне ананас
И коньячку еще двести грамм!


Dans mes yeux la neige dure et gelée
maintenant encore
Dans mes oreilles, les cris des gardiens qui vous fouillent
maintenant encore
Hé, donne-moi un ananas
Et deux cent grammes de cognac !

Облака плывут, облака,
В милый край плывут, в Колыму.
И не нужен им адвокат,
Им амнистия - ни к чему.


Les nuages flottent, les nuages...
Vers un gentil petit coin, en Kolyma.
Ils n'ont pas besoin d'avocat
L'amnistie n'est pas leur problème.

Я и сам живу - первый сорт,
Двадцать лет, как день, разменял.
Я в пивной сижу, словно лорд
И даже зубы есть у меня!


Moi-même je vis - une vie de première
Vingt ans passées à l'as (4) - comme un seul jour
Je suis comme un vrai lord, assis au bar à bière
Même qu'il me reste encore des dents !

Облака плывут на восход,
Им ни пенсии, ни хлопот...
А мне четвертого - перевод
И двадцать третьего - перевод.


Les nuages flottent vers l'aube
Pour eux ni chansons ni soucis
Ma quatrième année dehors (5)
Et vingt-trois ans foutus en l'air.

И по этим дням, как и я,
Пол страны сидит в кабаках.
И нашей памятью в те края,
Облака плывут, облака.


Par les temps qui courent, tout comme moi
La moitié du pays est assise au bistro
Et sur nos souvenirs de là-bas
Les nuages flottent, les nuages...



Trad. Les chats



(1) Poulet Tabaka, poulet frit désossé et écrasé à la géorgienne.

(2) Traditionnellement on mesure l'alcool au poids. La ration "normale" serait de 50 grammes pour une personne.

(3) Littéralement : en fer à cheval.

(4) Littéralement : changées en petite monnaie.

(5) Difficilement traduisible : c'est la quatrième année de transfèrement (perevod') hors du camp; l'ancien zek est de retour mais fait le compte de toutes ses années gaspillées depuis la date de sa déportation. Perevod' a aussi le sens de gâchis, dont Galitch use dans le vers suivant.


Alexandre Galitch (Alexandre Aronovitch Ginzburg, 1918-1977) poète, dramaturge et scénariste, est surtout connu pour ses chansons qui ne furent jamais publiées ni enregistrées officiellement de son vivant. Galitch fait partie de la grande lignée des Bardes de l'époque soviétique, comme Okoudjava et Vissotsky. Il chantait dans des clubs semi-légaux ou en privé, ses chansons étaient enregistrées et diffusées par le magnitizdat, équivalent du samizdat sur bande magnétique. Galitch dut quitter l'U.R.S.S. en 1974. 

Nuages, comme bien d'autres chansons russes, évoque la vie des zeks, des déportés; ici elle est vue par les yeux et le souvenir d'un homme qui ressasse sa vie de prisonnier en regardant par la fenêtre du bar où  il finit sa vie les nuages qui flottent librement, les merveilleux nuages.

On trouvera ici un enregistrement vidéo de cette chanson par Galitch, en live, comme le magnitizdat pouvait en diffuser.


(Je me remets au russe, dit M. Chat. Par les temps qui s'annoncent, ça pourrait servir.)

03/12/2016

L'art de l'achat et de la vente : si elles pouvaient parler


Berlin Neukölln, Karl-Marx-Strasse, 21/11/16







Les marchandises diraient, si elles pouvaient parler : Notre valeur d'usage peut bien intéresser l'homme ; pour nous, en tant qu'objets, nous nous en moquons bien. Ce qui nous regarde c'est notre valeur. Notre rapport entre nous comme choses de vente et d'achat le prouve.
Karl Marx - Le Capital, Livre I, I-4




...et si les rues aussi pouvaient parler, la Karl-Marx-Strasse rappellerait qu'elle était bien à Berlin-Ouest.

02/12/2016

Avec et sans souci







La rocaille. Son déséquilibre étudié. Comme un déhanchement maniériste, mais sans la raideur. Qu'est-ce qui nous plaît tant dans la rocaille ? Dans sa régulière asymétrie, un ordre désordonné ? Une parenthèse de la vie, un rêve de despote éclairé ?








Ou encore, la mélancolie. On regarde le rococo comme on rêve devant les nuages, les merveilleux nuages. On s'y voit presque...









...on n'y sera jamais. Et le grand Frédéric lui-même rêvait peut-être aussi de paix perpétuelle - puis il réenfilait ses bottes. On n'en finit pas, on n'en finit jamais, même au XVIIIème siècle le plus ensoleillé.










L'ostalgie, au fond, c'est un peu comme la rocaille. Un rêve qui ne pouvait pas se réaliser, et là aussi un despote éclairé - de lumières plus violentes.









Et la mélancolie toujours, qui perce sous les façades ravalées, dans les supermarchés enfin garnis - car c'est cela la mélancolie : dans ce qui a été perdu, un peu de ce qui ne s'atteindra jamais - et dans ce qui a été gagné, la déception toujours présente.








Et ne vous moquez pas du badigeon, du recrépi, du ravalement de la mélancolie. Même si on la soigne au sentiment, ne riez pas du gemütlich un peu naïf, mais qui fait chaud au coeur de la mélancolie, après la catastrophe - et quand on pressent l'orage, aussi.







Potsdam, château de Sans-Souci et ses environs, 20/11/16.