Stadtmuseum Berlin - Ephraïm Palais
Via kreuzberged in Berlin
...keit : au vu des quatre lettres qui terminent son nom...
...le journal que vend l'homme au chapeau et qui en appelle visiblement au prolétariat pourrait (?) être Die Einigkeit (L'Unité), hebdomadaire anarcho-syndicaliste des années 20, organe de la Freie-Arbeiter Union, FAUD. Le titre du journal faisait suite à une première Einigkeit, organe jusqu'en 1914 de la FvDg, qui était un peu l'équivalent allemand de la CGT anarcho-syndicaliste des débuts. Les deux organisations, la FvDG comme à sa suite la FAUD, se situaient à gauche des syndicats libres liés au parti socialiste allemand.
Si c'est bien le cas pour ce journal, il y a un certain symbolisme (volontaire ou non) dans ce tableau. Nous sommes en 24, l'hyperinflation a pour longtemps affaibli le mouvement ouvrier allemand. Vient à sa fin la grande période de tension pré-révolutionnaire qui court de 1918 à 23 (Octobre allemand) en passant par le putsch de Kapp et le soulèvement de la Ruhr. Désormais d'autres acteurs entrent en scène, notez donc les graffitis...
...sur le mur à gauche (1).
Karl Holtz, né en 1899, fait paraître ses premières caricatures à 17 ans, en particulier dans Ulk, illustré lié au Berliner Tageblatt, journal de centre-gauche allemand.
Holtz participe par la suite à la révolte de janvier 1919 du côté des insurgés, et donne un dessin à la Rote Fahne, le journal du Parti Communiste allemand (on voit une affiche...
...lacérée de la Rote Fahne sur le mur à gauche). Puis on retrouve Holtz dans des publications de tendance socialiste comme Der Wahre Jakob, mais aussi dans l'Eulenspiegel du temps de Willi Münzenberg.
La prise de pouvoir national-socialiste lui vaut une interdiction professionnelle (Berufsverbot) en 1934. Enrôlé dans la Wehrmacht il déserte en 45. Après la guerre il s'établit côté est et travaille pour les magazines de la RDA.
Mais une caricature de Staline...
...parue dans le Nebelspalter, un journal satirique suisse allemand, lui vaut une condamnation à 25 ans de prison. Il en tire sept à la prison de Bautzen, avant d'être gracié pour bonne conduite. Il reprend sa plume et publie par exemple en 57 la série Möchtelmanns Abenteurer. Mais sa production est désormais affadie (2) par la censure et, peut-être, par la peur et les coups reçus. Il meurt en 1978.
C'était l'histoire de Karl Holtz, l'homme qui découvrit un jour qu'il était encore plus dangereux de caricaturer Staline que Hitler.
A propos de Karl Holtz, on peut lire en français cet article de l'excellent plus ou moins trente, et ce blog dédié. Et, en allemand, le site de référence.
(1) Notez également, sur l'immeuble du fond à droite...
le panneau publicitaire Karl Holtz et sa main pointant vers le petit bonhomme qui brandit le vieux drapeau impérial noir-blanc-rouge. Private joke graphique (Holtz n'était certes pas un nostalgique de l'Allemagne wilhelminienne) mais non dénuée d'ambigüité : dans les rues de 1924 combien de passants ne devaient-ils pas penser que c'était peut-être mieux (ou, disons, plus stable et rassurant) avant la République de Weimar ?
(2) Quoique.
...le journal que vend l'homme au chapeau et qui en appelle visiblement au prolétariat pourrait (?) être Die Einigkeit (L'Unité), hebdomadaire anarcho-syndicaliste des années 20, organe de la Freie-Arbeiter Union, FAUD. Le titre du journal faisait suite à une première Einigkeit, organe jusqu'en 1914 de la FvDg, qui était un peu l'équivalent allemand de la CGT anarcho-syndicaliste des débuts. Les deux organisations, la FvDG comme à sa suite la FAUD, se situaient à gauche des syndicats libres liés au parti socialiste allemand.
Si c'est bien le cas pour ce journal, il y a un certain symbolisme (volontaire ou non) dans ce tableau. Nous sommes en 24, l'hyperinflation a pour longtemps affaibli le mouvement ouvrier allemand. Vient à sa fin la grande période de tension pré-révolutionnaire qui court de 1918 à 23 (Octobre allemand) en passant par le putsch de Kapp et le soulèvement de la Ruhr. Désormais d'autres acteurs entrent en scène, notez donc les graffitis...
...sur le mur à gauche (1).
Karl Holtz - Hitler le boucher
Caricature pour Der wahre Jakob n°53, 27 février 1932
Karl Holtz, né en 1899, fait paraître ses premières caricatures à 17 ans, en particulier dans Ulk, illustré lié au Berliner Tageblatt, journal de centre-gauche allemand.
Holtz participe par la suite à la révolte de janvier 1919 du côté des insurgés, et donne un dessin à la Rote Fahne, le journal du Parti Communiste allemand (on voit une affiche...
...lacérée de la Rote Fahne sur le mur à gauche). Puis on retrouve Holtz dans des publications de tendance socialiste comme Der Wahre Jakob, mais aussi dans l'Eulenspiegel du temps de Willi Münzenberg.
Karl Holz - Dessin pour Eulenspiegel
La prise de pouvoir national-socialiste lui vaut une interdiction professionnelle (Berufsverbot) en 1934. Enrôlé dans la Wehrmacht il déserte en 45. Après la guerre il s'établit côté est et travaille pour les magazines de la RDA.
Mais une caricature de Staline...
Karl Holtz - Jetzt wird sich alles alles wenden! / Maintenant tout, oui tout va changer !
Nebelspalter n°21, 1949
...parue dans le Nebelspalter, un journal satirique suisse allemand, lui vaut une condamnation à 25 ans de prison. Il en tire sept à la prison de Bautzen, avant d'être gracié pour bonne conduite. Il reprend sa plume et publie par exemple en 57 la série Möchtelmanns Abenteurer. Mais sa production est désormais affadie (2) par la censure et, peut-être, par la peur et les coups reçus. Il meurt en 1978.
C'était l'histoire de Karl Holtz, l'homme qui découvrit un jour qu'il était encore plus dangereux de caricaturer Staline que Hitler.
Karl Holtz à sa sortie de la prison de Bautzen, 1956
A propos de Karl Holtz, on peut lire en français cet article de l'excellent plus ou moins trente, et ce blog dédié. Et, en allemand, le site de référence.
(1) Notez également, sur l'immeuble du fond à droite...
le panneau publicitaire Karl Holtz et sa main pointant vers le petit bonhomme qui brandit le vieux drapeau impérial noir-blanc-rouge. Private joke graphique (Holtz n'était certes pas un nostalgique de l'Allemagne wilhelminienne) mais non dénuée d'ambigüité : dans les rues de 1924 combien de passants ne devaient-ils pas penser que c'était peut-être mieux (ou, disons, plus stable et rassurant) avant la République de Weimar ?
(2) Quoique.
Très intéressant peintre. Je ne le connaissais pas. Merci!
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