William Gaddis - Autoportrait
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Pas du tout comme son mari Harry, il est le plus... Il écrit aussi, vous savez. «Publier et être damné, disait le duc de Wellington, vous vous souvenez ? Harry est à Hollywood, épelé à l'envers.» Vous voyez ce que je veux dire ? «Tu ne vendras pas ton art» (1), épelé à l'envers. Oh, peu importe. Après tout, ce sont les impuretés dans les pierres précieuses qui leur donnent leur éclat ravissant, pas vrai ? Et leur valeur ! Je veux dire que Shelley buvait du laudanum à la bouteille, pas vrai ? Et bien entendu Swinburne ! Mon Dieu ! Je me sens si nu au milieu de tous ces gens. C'est comme une mascarade, non ? Tenez, vous la voyez ? La fille sur le divan ? exactement comme la noyée de la Seine, ce masque mortuaire si touchant qu'on a fait sur le visage d'une enfant inconnue qui n'avait pas pu supporter la vie. Je veux dire la vie réelle.
William Gaddis - Les Reconnaissances, V, 1952
trad. Jean Lambert, légèrement modifiée (2), Gallimard éd. 1973
William Gaddis
(1) Trade ye no mere moneyed art, un palindrome en anglais.
(2) Gaddis dit bien publish and be damned, publiez et soyez damné(e), comme le duc de Wellington menaçant Harriette Wilson, la courtisane qui voulait publier ses lettres compromettantes. Pour ces passages de l'édition originale américaine (p.177) voir les commentaires des Gaddis Annotations.
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