25/02/2014

Paris, ville fantôme (9) : Où l'on trouve un hôtel près du centre, un dentiste pas cher et un cygne ambigu


Transport de nuit au Gros-Caillou des cadavres non reconnus à la Morgue après les journées de Juillet 1830





Est-ce bien là le tableau dont parle Girault de Saint-Fargeau...

"C'est en soulevant le voile qui couvre ce sombre tableau que M. Bernard (1) s'est écrié du haut de la tribune nationale, avec l'accent de la plus profonde indignation : " La légitimité est enterrée sous ces monceaux de cadavres. " Ce funèbre bateau fut conduit vers le Champ de Mars..."

...dont je ne connais même pas l'auteur et qui se trouve peut-être à Carnavalet (dans les réserves ?)

Bien sûr, il n'a pas la puissance de la Liberté selon Delacroix ou la sobriété du drapeau recréé par Coignet, mais il ne manque pas de noblesse, ce vaisseau au drapeau noir qui se souvient évidemment d'une autre embarcation - tout en faisant référence aux armes de la Ville.

Maintenant, rapprochez-le de cette eau-forte bien plus célèbre : 


Charles Meryon - La Morgue, 1854, état  n°IV
Eau-forte et pointe-sèche


Même point de vue, même ombre puissante du pont Saint-Michel, mêmes porteurs de cadavre, mêmes spectateurs au parapet... Difficile de croire que Meryon n'a pas vu le tableau de 1830, et n'en a pas été marqué.

Né en 1821 - la même année que Flaubert et Baudelaire - Meryon avait-il des souvenirs des Trois Glorieuses ? Pas de trace dans sa biographie, si ce n'est une lettre (2) de sa mère, Pierre-Narcisse Chaspoux, à son père Charles Lewis Meryon en date du 9 Août 1830 :

"Je n'entreprendrai pas, mon très cher ami, de vous peindre l'horreur de ces trois jours ! Le souvenir seul glace le sang.

Et le petit Charles ajoutait dans le même courrier :

"Mon cher papa, je suis bien content que tu n'aies pas eu de malheur pendant la révolution; car j'étais bien inquiet de toi. Il ne nous est rien arrivé à nous..."

En revanche, 1848  est encore frais dans la mémoire du graveur : en février il suit le cours des événement sans y prendre de participation directe (3) mais il est au moins sympathisant des insurgés puisqu'il projette deux tableaux  allégoriques  célébrant l'événement, dont l'un aurait été titré l'Ère des lumières. En juin il combat l'insurrection dans les rangs de la 11ème légion de la Garde Nationale, très engagée dans les combats acharnés qui se déroulent précisément au Pont Saint-Michel et près de la Morgue. Il y est blessé sans en faire mention dans sa lettre à son père :

"La maison que j'habite ne s'est trouvée sur le lieu du combat que pendant une partie du vendredi, premier jour de l'engagement,  mais le lendemain à quelques pas de là, l'acharnement était à son comble !  Ayant pris place dès le commencement de l'affaire dans les rangs de la légion de la garde nationale dont je fais partie, je passai comme beaucoup presque trois jours consécutifs dans la rue, sauf les quelques heures de sommeil nécessaires au renouvellement des forces; Une fois seulement nous nous trouvâmes dans un petit engagement de peu de gravité das lequel nous eûmes deux ou trois blessures à déplorer. (4)"


Grande histoire, petite histoire : 1848 marque un tournant dans la vie de Meryon. Le 8 juillet, peu de jours après cette lettre à son père, il présente sa démission d'officier de marine. Il n'est plus payé et s'enfonce dans une misère qui ne le lâchera plus. La même année, au Salon, il fait la connaissance de l'aquafortiste Bléry qui le fait se tourner vers l'art de la gravure. Il s'installe pour un temps chez lui, 11 place Saint-André-des-Arts.

Pendant une quinzaine d'années, il va produire une série d'eaux-fortes qui surplombent de haut tout ce que les artistes du XIXème siècle ont pu traduire de l'imaginaire parisien...

"Ces eaux-fortes sont de magnifiques choses, il ne faut pas que cette belle imagination soit châtiée de la grande lutte qu'elle livre à l'infini, tantôt en contemplant l'océan, tantôt en contemplant Paris. Fortifiez-le par tous les encouragement possibles. Le souffle de l'immensité traverse l'œuvre de Meryon et fait de ses eaux-fortes plus que des tableaux, des visions."
Victor Hugo, lettre à Philippe Burty, 1863

...et parallèlement il va s'enfoncer dans l'apathie, la dépression, le délire paranoïaque et les accès de violence, jusqu'à sa mort à l'asile de Charenton.

C'est en 1854, l'année de La Morgue, que Meryon commence à graver ses petits poèmes sur des plaques à part. Certains  devaient accompagner les vues de Paris - ainsi l'Hôtellerie de la mort associée à La Morgue :



Charles Meryon - L'hôtellerie de la mort, 1854
Source : NYPL



Venez, voyez, passants,
À ses pauvres enfants,
En mère charitable,
La ville de Paris
Donne en tout temps gratis
Et le lit et la table...

Regardez sans pâlir
Ces faces impassibles,
Souriantes, terribles,
Enigme d'avenir...

Ici la Mort convie
Tous ceux qui par Destin
Couchent sur le chemin
Amour, Misère, Envie...

Quand sur Paris rugit
L'Émeute impitoyable,
Satan même frémit
Tant est pleine la table!

Puissiez vous ne point voir,
Là sur le marbre noir,
De quelqu'âme chérie,
La navrante effigie!

Passants, passants, priez,
Pour tous les trépassés
Qu'à la Mort envieuse
Amène sans tarir
La ville du Plaisir
En ce monde fameuse!

Mais qui sait si la Mort,
Sous son masque sévère,
Ne nous cache du Sort
Quelque riant mystère?

Qui sait si la Douleur,
En soulevant son voile,
Du terme du Labeur
Ne nous montre l'étoile?

Allez, pauvres humains!
Creusez, fouillez la terre,
De vos pieds, de vos mains!
Il faut à la Misère,
Chaque jour du pain noir!
Par la faim aiguisées,
Si meme avant le soir,
Vos forces épuisées,
Veuves de tout espoir,
Défaillent sur la voie;
Si vous voyez la Mort
Que Dieu peut-être envoie,
Par un dernier effort,
En essuyant vos larmes,
Vers la voûte des Cieux
Où cessent les alarmes
Levez encore les yeux!
Là vous lirez peut-être,
Que pour vous va venir
Le jour de doux bien-être
Où pour ne point mourir,
Doit éclore la fleur,
À la fraiche corolle
À la sainte auréole
D'Amour, de Bonheur
Dont le germe est au cœur!



Petite histoire de la misère - et des misères toutes personnelles qui la traduisent (5), grande histoire des révolutions Quand sur paris rugit L'émeute impitoyable...


Retournons à l'estampe...





Le sujet central : un corps - probablement un noyé - est remonté sur le quai. Deux personnages féminins (la femme et la fille du mort ?) se tordent de douleur. Une troisième femme... 




est arrêtée par un sergent de ville au bas de l'escalier menant au quai. Les architectures, tout en lignes verticales et horizontales, donnent un aspect fatidique à la scène. Elles sont pourtant contrariées par deux séries d'obliques : la première...




...passe par le corps du noyé, le buste renversé de la femme, les bras des sergents de ville et un tuyau opportunément oblique : les corps, l'autorité, la machinerie - cette ligne indique la destination, la fin de la vie. 




A la hauteur de la Morgue, elle croise la ligne descendante du quai...




...et cette ligne se répète, sous des angles légèrement différents, dans celles que suivent les fumées de cheminées et l'ombre portée du pont Saint-Michel.

Le regard du spectateur descend d'abord de la Morgue vers le noyé en suivant la première oblique, puis remonte vers le bâtiment et suit les autres obliques, vers le quai et ses spectateurs, puis vers le ciel et ses fumées : le fleuve - la Morgue - le ciel :

...Vers la voûte des Cieux
Où cessent les alarmes
Levez encore les yeux.


J'ai déjà écrit autre part que La Morgue pouvait se lire comme la conclusion d'un triptyque sur le thème de la chute et de la noyade. Triptyque comprenant également la Tourelle rue de l'école de médecine 22 et le Pont-au-Change. Triptyque qui a de façon évidente une résonance autobiographique, petite histoire personnelle, et petite histoire de la misère parisienne au quotidien

Il faut à la Misère,
Chaque jour du pain noir!
Par la faim aiguisées,
Si meme avant le soir,
Vos forces épuisées,
Veuves de tout espoir,
Défaillent sur la voie...



Mais grande histoire aussi. La reproduction de La Morgue que je viens de détailler est celle de l'état IV de l'estampe. L'état V, postérieur donc, porte deux modifications notables...




D'une part, la bâtisse de gauche porte désormais le nom d' "Hôtel des trois balances, meublé". C'était effectivement le nom de cet établissement - où logeait, soit dit en passant, la famille de Rachel Félix, la grande Rachel, lors de son arrivée à Paris. Mais c'est aussi un nouveau point commun avec le...


...Transport de nuit au Gros-Caillou des cadavres non reconnus à la Morgue
après les journées de Juillet 1830
, détail


D'autre part, sur un maison au-dessus de la Morgue, Meryon appose l'inscription "SABRA Dentiste du Peuple".  





Contrairement à ce qu'avancent certains critiques, il ne s'agit pas là d'une pure invention de l'artiste et ce dentiste à bon marché (il extrayait une dent pour un franc) a bien existé à cet endroit - soit dit en passant encore, à l'étage au-dessus, la fenêtre ouverte est celle du fameux Atelier Suisse, qui vit passer Delacroix, Isabey, Manet, Monet, Cézanne entre autres, et dont les modèles nus étaient réputés effrayer les clients du dentiste quand ils se trompaient d'étage... 


Cela dit, chez Meryon rien n'est simple et ce n'est pas parce que ces enseignes ont réellement existé qu'elles n'ont pas aussi une signification symbolique. Cet hôtel c'est aussi l'hôtellerie de la mort, où

À ses pauvres enfants,
En mère charitable,
La ville de Paris
Donne en tout temps gratis
Et le lit et la table...


et ces balances peuvent aussi bien être celles du Jugement. Quant à Sabra, ne pas oublier que les sergents de ville pouvaient être armés d'un sabre, et que l'on distingue assez bien l'arme - épée ou sabre-baïonnette -  de celui qui indique la direction de la Morgue aux porteurs du cadavre. - et l'on pense à Napoléon III sergent de ville... Grande histoire donc, là aussi.

Grande histoire, et mélancolie. Dolf Oehler (6) fait remonter au carnage des journées de Juin 1848 le spleen, le détachement dépolitiqué (redoublé après le coup d'état du 2-décembre) d'auteurs comme Flaubert et Baudelaire, à la source de la modernité littéraire dans l'Éducation sentimentale et le Spleen de Paris. Mais, contrairement à un Sartre, Oehler n'y voit pas une dépolitisation complète - pour lui on peut retrouver, enfouis et presque refoulés dans ces textes, l'horreur initiale et l'écœurement toujours présent face au massacre de Juin. C'est ainsi que Doehler analyse les circonstances dans lesquelles Baudelaire écrit Le Cygne. On sait que le 15 Août 1859 (la Saint-Napoléon !) l'Empire décréta l'amnistie des exilés du 2-Décembre et que Hugo répondit "personne n'attendra de moi que j'accorde, en ce qui me concerne, un moment d'attention à la chose appelée amnistie."  Baudelaire lui écrivait "votre note est venue qui nous a soulagés. Je savais bien que les poètes valaient les Napoléon" (7). On pense généralement que Le Cygne, écrit peu après et probablement sous le coup de cette nouvelle, est un hommage inconditionnel à Hugo...

Ainsi dans la forêt où mon esprit s'exile
Un vieux Souvenir sonne à plein souffle du cor!
Je pense aux matelots oubliés dans une île,
Aux captifs, aux vaincus!... à bien d'autres encor!

...auquel il est d'ailleurs dédié et immédiatement envoyé par Baudelaire, en copie autographe. 

Oehler de son côté partage l'avis d'un nombre (minoritaire) de critiques qui voient aussi dans Le Cygne une critique sous-jacente de l'attitude de Hugo pendant les journées de Juin (on sait qu'il soutint la répression). Le choix du Carrousel comme théâtre de la scène séminale du poème


...Comme je traversais le nouveau Carrousel. 
Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville 
Change plus vite, hélas! que le coeur d'un mortel);

ferait écho au massacre du Carrousel le 26 juin 1848 :


"...on fit sortir deux cents prisonniers en leur disant: “Mes amis, on va vous donner de l’air.” On sait que c’était le mot d’ordre. Ils marchèrent trois par trois avec quatre gardes nationaux de chaque côté. La colonne se dirigea sur le quai par le guichet du pavillon de Flore; mais, à la hauteur du pont, elle tourna à gauche et rentra au Carrousel par le guichet de l’Orangerie. Lorsqu’elle fut arrivée entre le phare et l’hôtel de Nantes, elle s’arrêta: les gardes nationaux s’écartent de quelques pas, abaissent leurs fusils, et font feu. Une horrible mêlée commence; les prisonniers tombent, et les gardes nationaux continuant à tirer, plusieurs dans l’obscurité furent atteints par les balles de leurs camarades, malgré la recommandation qui leur avait été faite de ne pas tirer les uns sur les autres, et que plusieurs prisonniers avaient entendue.     Aussitôt l’alarme est donnée, et onze postes voisins prennent les armes. Les soldats de la garde marine qui composaient l’un de ces postes tirèrent sur le groupe de prisonniers et de gardes nationaux. Ceux des prisonniers qui ne purent se relever furent achevés à coups de baïonnettes; les autres essayèrent de fuir, mais toutes les issues étaient gardées; à chaque porte ils étaient reçus à coups de fusil; quelques-uns se rendirent à un officier de la garde marine, et, malgré les gardes nationaux, qui voulaient les fusiller, ils furent conduits dans les caves du Palais-National, et dans les caveaux d’où ils sortaient. Quatre parvinrent à se cacher dans les chantiers de bois qui sont auprès du Louvre: quand le jour fut venu, des femmes les dénoncèrent à des gardes nationaux, qui les lardèrent de coups de baïonnette. Cette exécution dura une demi heure; ils étaient déjà morts, mais on les frappait toujours. Le lendemain, on versa du sable sur la place pour couvrir le sang. Comme il y avait eu des gardes nationaux tués, on ne pouvait cacher ce massacre comme on avait caché ou cru cacher les autres; on l’attribua à un hasard, à une tentative d’évasion, etc."


Louis Ménard - Prologue d'une Révolution Février-Juin 1848, 1849, chap. XIX


Il se pourrait bien que l'ambigüité de ce Cygne se retrouve dans la Morgue de Meryon, sous la même forme d'ailleurs, celle de la mémoire implicite du lieu. Le quartier de la Morgue - Petit-pont et pont Saint-Michel fut le théâtre...



Le 2ème bataillon de la 10ème légion au pont St Michel



...de combats acharnés pendant les journées de Juin, et nous avons vu que Meryon, qui habitait tout près, était au premières loges en tant que garde national. 

Et, après le carnage de Juin, redoublé par le 2-décembre, que peut bien donc évoquer la reprise du tableau de 1830, avec ses spectateurs levant leurs chapeaux devant les corps combattants de la liberté, par l'estampe de 1854, ses sergents de ville expéditifs, bicorne vissé sur la tête, sous les yeux d'une foule à la fois voyeuse et apathique ?

Certes, Meryon n'est ni Flaubert ni Baudelaire (8). La Morgue n'a pas la profondeur d'analyse de l'Education sentimentale, ni les résonance du Cygne nourri, lui, de l'expérience politique de Baudelaire jeune et en même temps de ses désillusions ultérieures. Mais l'œuvre de Meryon a d'autres  qualités à faire valoir pour se hisser au même niveau. Meryon est un visionnaire, il peut embrasser d'un regard toutes les plaies d'un monde - et imaginer celles des mondes à venir. Regardez cette ville, Paris, telle qu'il la voit : ce n'est déjà plus celles des Romantiques, c'est déjà la ville expressionniste. 

Voyez ces immeubles écrasants, ces fumées industrielles, ce travail des lavandières, muet et sourd au drame qui les entoure, cette foule de spectateurs silencieux et avides de sensations, cette muette stupeur devant la brutalité policière. Sentez cette mélancolie omniprésente - cette ville maintes fois détruite et reconstruite par les mêmes pouvoirs, c'est encore et déjà la vôtre. Cet enfer, vous y êtes toujours - mais  quels massacres y expiez-vous ?




Ernest Meissonnier - La barricade, rue de la Mortellerie, juin 1848, 1848



Et, à propos de Meryon, les précédents articles.




(1) Probablement Louis Bernard de Rennes.

(2) Citée par Jean Ducros, Charles Meryon officier de marine peintre-graveur, Musée de la marine, 1968, n°299, et par Charles Collins, Charles Meryon, a life, Garton & Co, Devizes 1999, p. 14.

(3) Lettre à son père du 14 Mars 1848, in Ducros, n°389.

(4) Lettre à son père du 5 Juillet 1848, in Ducros, n°396.

(5) Le registre de la Morgue comportait une colonne indiquant le "type de mort (accident, homicide, suicide ou manifestation" et "les causes de ceux-ci lorsqu’elles sont connues". Le site éclatdebois, auquel les chats sont redevables de ces précisions, relève quelques une de ces causes : "chagrin d’être tombé (tiré) au sort (pour la conscription), ou bien au contraire, chagrin de n’avoir pu contracter un engagement volontaire ; dégoût de la vie ; chagrin d’avoir été battu par son maître ; amour contrarié ; de l’inconduite de sa femme ; d’avoir perdu sa place ; de ne pouvoir rembourser ses dettes (pour son entreprise); d’avoir perdu au jeu (de loterie); de ne pouvoir accepter ce qu’il est (qu’en termes prudents, ces choses-là, sont dites) ; d’avoir communiqué la maladie vénérienne à sa femme ; pour mauvaises conduite ( ?) ; par manque de courage ; de (devoir) quitter la France pour cause (engagement) politique."

(6) Dolf Oehler - Le spleen contre l'oubli, Juin 1848 Baudelaire, Flaubert, Heine, Herzen, 1988; 1996 pour la tard. française, Payot.

(7) Lettre du (23 ?) septembre 1859.

(8) Aux journées de Juin Meryon - d'après sa correspondance avec son père - fait partie de ceux qui regrettent le déchirement interne de la révolution mais qui se rangent sans haine mais sans hésitation du côté de la répression - ce qui le rapproche bien plus de Hugo que de Baudelaire. En revanche son antibonapartisme est certain, même s'il se manifeste de façon clairement paranoïaque, à partir de 1856-57. L'impact des massacres de Juin, puis du 2-décembre, n'est probablement pas dû chez Meryon à des options politiques  claires, mais à sa sensibilité propre à l'air du temps, exacerbée par ses fragilités personnelles. Mais il faut aussi tenir compte de l'hypothèse d'une adhésion à l'utopie de Cabet, formulée par Philippe Junod, voir par exemple ici. Bien sûr, d'autres parallèles seraient à faire; par exemple, la vision de l'urbanisme Napoléonien chez Baudelaire ("la forme d'une ville...") et chez Meryon dont les gravures sont une véritable course contre l'haussmannisation; aussi, certaines homologies psychologiques - bâtardise de Meryon, œdipe compliqué de Baudelaire, "idiotie" de l'enfant Flaubert...

3 commentaires:

  1. Charles Meryon, un inconnu avant la lecture de cet article. Triste fin que la sienne...
    Merci infiniment pour ces 9 "tableaux" de la vie parisienne.
    Le Gros-Caillou aurait-il à voir avec le port du Gros caillou que j'ai cité à propos des jardins flottants Niki de Saint-Phalle ? Cela m'étonnerait car ce dernier n'est pas dans les environs immédiats du Pont Saint-Michel.

    RépondreSupprimer
  2. Exact, il s'agit de l'ancien hôpital militaire du Gros-Caillou (précédemment hôpital des Gardes-Françaises) qui se situait à la hauteur des numéros 102 et suivants de la rue Saint-Dominique. On utilisait la Seine pour transporter les corps du Marché-Neuf au Gros-Caillou...

    RépondreSupprimer
  3. Merci, M. Chat, pour les précisions. Dommage qu'on ne trouve pas des repères historiques aujourd'hui sur les murs parisiens, mis à part les trucs neu-neu pour touristes.

    RépondreSupprimer