Huile sur toile
Musée d'Orsay
Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir.
(...)
Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir,
Et des griffes, en l'air, vers les étoiles.
(...)
Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir,
Avec des bruits de vis et de coupoir,
Et leurs griffes, en l'air, vers les étoiles.
(...)
Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir,
Les chats peignés d'un vent de flamme
Ont traversé, de part en part mon âme.
(...)
Les chats d'ébène en flamme
Ont traversé, de part en part, mon âme,
Comme des rages de vent noir
Et des tempêtes dans le soir
Et des chocs de marées,
Immensément, désespérées.
(...)
Les chats d'ébène et d'or ont traversé le soir,
Avec des bruits stridents de vrille et de fermoir,
Ils ont griffé mon cœur et le miroir
De mes yeux clairs vers les étoiles ;
Ils ont mordu, jusques au sang,
Mon rêve atrocement agonisant,
Ils ont mordu mon cœur et mon rêve et mes moëlles :
Les chats d'ébène et d'or
ont déchiré mon cœur à mort.
Émile Verhaeren - Les livres (extraits), in Les flambeaux noirs, 1890.
Émile Verhaeren - La révolte, in Les flambeaux noirs, 1890.
Théo van Rysselberghe - Émile Vehaeren à son bureau, 1907, détail
Huile sur toile, Académie royale de langue et de littérature de Belgique, Bruxelles
Vers une ville au loin d’émeute et de tocsin,
Où luit le couteau nu des guillotines,
En tout-à-coup de fou désir, s’en va mon cœur.
Les sourds tambours de tant de jours
De rage tue et de tempête,
Battent la charge dans les têtes.
Le cadran vieux d’un beffroi noir
Darde son disque au fond du soir,
Contre un ciel d’étoiles rouges.
Des glas de pas sont entendus
Et de grands feux de toits tordus
Echevèlent les capitales.
Ceux qui ne peuvent plus avoir
D’espoir que dans leur désespoir
Sont descendus de leur silence.
Dites, quoi donc s’entend venir
Sur les chemins de l’avenir,
De si tranquillement terrible ?
La haine du monde est dans l’air
Et des poings pour saisir l’éclair
Sont tendus vers les nuées.
C’est l’heure où les hallucinés
Les gueux et les déracinés
Dressent leur orgueil dans la vie.
C’est l’heure – et c’est là-bas que sonne le tocsin ;
Des crosses de fusils battent ma porte ;
Tuer, être tué! – Qu’importe!
C’est l’heure.
Où luit le couteau nu des guillotines,
En tout-à-coup de fou désir, s’en va mon cœur.
Les sourds tambours de tant de jours
De rage tue et de tempête,
Battent la charge dans les têtes.
Le cadran vieux d’un beffroi noir
Darde son disque au fond du soir,
Contre un ciel d’étoiles rouges.
Des glas de pas sont entendus
Et de grands feux de toits tordus
Echevèlent les capitales.
Ceux qui ne peuvent plus avoir
D’espoir que dans leur désespoir
Sont descendus de leur silence.
Dites, quoi donc s’entend venir
Sur les chemins de l’avenir,
De si tranquillement terrible ?
La haine du monde est dans l’air
Et des poings pour saisir l’éclair
Sont tendus vers les nuées.
C’est l’heure où les hallucinés
Les gueux et les déracinés
Dressent leur orgueil dans la vie.
C’est l’heure – et c’est là-bas que sonne le tocsin ;
Des crosses de fusils battent ma porte ;
Tuer, être tué! – Qu’importe!
C’est l’heure.
Théo van Rysselberghe - La lecture par Émile Verhaeren, 1903, détail
Huile sur toile, Musée des Beaux-Arts de Gand
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire